Le fauteuil des centenaires
La longévité et le grand âge n'ont pas toujours été vu de la même manière. Au début du 20e siècle, devenir centenaire était encore un prodige. Pour célébrer cette exceptionnelle longévité, les personnes ayant passé le cap du siècle se voyaient célébrées. Dans le canton de Neuchâtel, les autorités remettaient un confortable fauteuil à celles et ceux qui soufflaient leur centième bougie.
Aux origines un fauteuil Voltaire
C'est le 1er novembre 1865, que la Feuille d'avis de Neuchâtel mentionne la remise d'un premier fauteuil de centenaire à Mme Nicole Caton. Il s'agit d'une initiative nouvelle honorant une personne privée pour le passage d'un cap hautement symbolique.
La remise d'un fauteuil Voltaire par le Conseil d'État témoigne de l'importance de l'événement et de la considération que lui accorde les autorités. Le fauteuil de type Voltaire est alors une pièce de mobilier particulièrement cossue, prisée des intérieurs bourgeois. Le large dossier du siège confère à la personne qui s'y asseyant un parfait maintient et une grande dignité dans l'espace clos du salon.
D'après les renseignements fournis par les archives du département de l'Intérieur, ce serait à l'initiative de l'homme politique Robert Comtesse (1847-1922) que le Conseil d'État aurait pris la décision d'offrir un fauteuil aux personnes centenaires.
Un fauteuil personnalisé dès 1923
Dans un article paru dans la revue Pro Senectute, Edgar Renaud (1887-1953), Conseiller d'État neuchâtelois, annonce que le fauteuil offert par le gouvernement neuchâtelois aux personnes centenaires est un fauteuil produit par la maison Jules Perrenoud et Cie S.A. à Cernier, dont le modèle est à l'usage exclusif de l'État de Neuchâtel.
Comme le fauteuil Voltaire, le fauteuil Perrenoud possède un dossier haut, particulièrement confortable. Il est en outre surmonté d'un cintre en bois sculpté des armes neuchâteloises et d'une inscription commémorative, que l'on complète par le nom de la personne fêtée. La tradition du fauteuil s'est maintenue jusqu'en 1993, bien après que la fabrique Perrenoud a cessé ses activités.
L'allongement de l'espérance de vie, comme le séjour de nombreuses personnes âgées dans des homes ont rendu la tradition du fauteuil obsolète. Non seulement la fabrication des fauteuils représentait un budget considérable pour l'État, mais beaucoup finissaient par encombrer les maisons de retraite, une fois leur propriétaire décédé. A partir des années 1990, les centenaires du canton se sont vu remettre le cadeau de leur choix d'une valeur de 500 francs.
Sources
"Nouvelles - Neuchâtel" in Feuille d'avis de Neuchâtel, 1er novembre 1865, p. 4 (en ligne) e-newspaperarchives.ch/?a=d&am...
Edgar Renaud, "Le fauteuil des centenaires", in Pro Senectute, n°2, 1924, pp. 3-8. (en ligne) doi.org/10.5169/seals-721311
"Cadeau à choix pour 99 ans", in Feuille d'avis de Neuchâtel, 10 janvier 1996, p. 17 (en ligne) e-newspaperarchives.ch/?a=d&am...
"Aux montagnes" in Feuille d'avis de Neuchâtel, 9 mars 1940, p. 8 (en ligne) e-newspaperarchives.ch/?a=d&am...
notrehistoire.ch/entries/q2YaE... Une alerte centenaire, m'a-t-on raconté... Je ne sais pas si elle est assise dans le fauteuil réglementaire ou dans un sien fauteuil...
Merci de m'avoir dirigé vers ce document. Comme Mme Archinard séjournait dans le canton de Genève, j'ignore si l'Etat y éditait aussi un fauteuil officiel. Dans certaines autres communes, les personnes de nonante ans se voyaient déjà remettre un cadeau des autorités. Il y a sur ce sujet de nombreuses variantes.