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Brigitte BUXTORF, Courte biographie

René Gagnaux

Flûtiste et pédagogue de nationalité suisse

La mère de Brigitte Buxtorf était pianiste et professeur de solfège - et connaissait André PÉPIN: c'est donc auprès de ce dernier qu'elle étudia la flûte au Conservatoire de musique de Genève, où elle obtint en 1955 son certificat avec félicitations [2], puis deux ans plus tard un premier prix de virtuosité avec distinction [3]. Elle se perfectionna ensuite au Conservatoire National Supérieur de musique et de danse de Paris, auprès de Gaston CRUNELLE; elle y remporta un premier prix de flûte, première nommée, en 1959, ainsi qu'un prix de musique de chambre.

Brigitte Buxtorf sur son séjour à Paris: "[...] J'étais une débutante de la province profonde, jeune et toujours accompagnée de sa maman. Grâce à André Pépin, j'ai pu rencontrer Gaston Crunelle qui m'a demandé de lui jouer une petite gamme. Je ne connaissais même pas Taffanel EJ4! Il m'a laissé une semaine pour tout apprendre par coeur, sans oublier de dire à ma maman: "Dorénavant madame, c'est moi qui m'en occupe". J'ai quand même réussi le concours d'entrée, mais je n'étais pas au bout de mes surprises. Arrivée à la première leçon, je dis «bonjour monsieur Crunelle», il fallait dire "Bonjour Maître"… La tête cachée derrière son journal, il me demande ensuite de jouer quelques exercices, jusqu'à ce qu'il s'aperçoive que je portais du rouge à lèvres. Je fus aussitôt mise à la porte! Mais comme je le disais tantôt, l'histoire s'est quand même bien terminée, avec un Premier Prix, première nommée.[...]" [1]

Sur ses débuts, Brigitte Buxtorf poursuit: "[...] J'ai commencé mon parcours musical à une époque sympathique. Tout était plus simple, il n'y avait pas tous ces concours et l'on avançait surtout grâce à des rencontres, des amitiés. J'ai donc tout naturellement fait des remplacements à l'Orchestre de la Suisse Romande à coté de mon professeur André Pépin. Puis, à l'époque d'Ernest Ansermet, les effectifs de l'orchestre ont été augmentés, une autre place de flûte solo a été mise au concours, et je fus engagée. Les concerts en solo autour de Genève se sont multipliés, je jouais partout. J'étais également invitée à Paris où j'ai eu la chance notamment de jouer avec Lili Laskine ou encore le Concerto de Jolivet, compositeur que j'ai bien connu. Je me suis également perfectionnée auprès de Jean-Pierre Rampal et j'ai obtenu un troisième prix au Concours International de Genève en 1966. [...]" [1]

Sur ce prix de flûte, Franz WALTER écrivait en page 4 de la Gazette de Lausanne du 4 octobre 1966:

"[...] Chez les flûtistes, je l'ai dit, triomphe indiscutable de Paula Sylvester qui nous vient de Marlboro, où l'on sait que Marcel Moyse enseigne précisément la flûte. Et l'on retrouve - en plus d'une personnalité très attachante - un reflet de cette magnifique école qu'illustre le grand flûtiste français. C'est à un Français d'ailleurs, au jeu très distingué, que fut décerné un deuxième prix - Jean-Claude Gérard - tandis qu'un troisième prix récompensait l'excellente flûte-solo de notre OSR, Brigitte Buxtorf, qui interpréta de façon particulièrement remarquable le concerto de Jacques Ibert. Une médaille avec distinction allait encore à Werner Tast (Allemagne). [...]"

Brigitte BUXTORF et Catherine EISENHOFFER

Brigitte Buxtorf préféra ensuite se consacrer à la musique de chambre - avec une prédilection pour les duos flûte-harpe et flûte-guitare - et à l'enseignement: "[...] Après 6 années à l'orchestre, j'ai décidé d'arrêter et me suis consacrée à mon duo flûte et harpe avec Catherine Eisenhoffer (*). À l'époque le duo flûte et harpe n'était pas courant et nous avons voyagé dans le monde entier. Là encore ce fut une rencontre qui fut à l'origine de nos engagements. C'est par la maman d'une petite élève privée que nous avons rencontré le responsable d'une agence de concerts allemande. Nous avons énormément joué en Allemagne. Plus tard c'est Chantal Matthieu qui a succédé à Catherine Eisenhoffer. J'ai également beaucoup travaillé avec l'Ensemble de percussions de Genève, ensemble contemporain très actif dans les années 70 - 80. [...]" [1]

(*) Catherine Eisenhoffer et Brigitte Buxtorf - toutes deux originaires de Genève et ayant fait leurs études au Conservatoire de cette ville - se retrouvèrent au Conservatoire National de Paris, où elles remportèrent toutes deux un premier prix. C'est de ce séjour à Paris que naquit leur duo, dont l'activité alla s'affirmant lors de leur retour en Suisse.

En musique de chambre Brigitte Buxtorf joua avec différents ensembles comme l'ensemble Amarcordes, la Camerata de Berne, le quatuor Dolezal de Prague, se produisant dans de nombreux pays européens, en particulier en Allemagne, ainsi qu'aux États-Unis et au Canada, en Corée du Sud et du Nord et en Inde.

Très intéressée par la musique contemporaine, elle créa de nombreuses pièces de compositeurs suisses comme Pierre Métral, Henri Gagnebin, Eric Gaudibert, Armin Schibler, Julien-François Zbinden, Pierre Wismer.

Brigitte Buxtorf commença par enseigner à de jeunes élèves du Conservatoire Populaire de Genève: "[...] Puis en 1974, le Conservatoire de Berne cherchait un remplaçant pour les classes professionnelles. Je pouvais faire cours en allemand, et j'ai donné satisfaction car on me confia ensuite ma propre classe. Mais l'essentiel de ma carrière de professeur se fit au Conservatoire de Lausanne, également en classe professionnelle. Plus de 25 ans d'enseignement et une centaine de diplômés qui travaillent maintenant en Suisse ou à l'étranger. J'ai également donné de nombreux master classes dans plusieurs pays d'Europe (**) et en Corée.[...]" [1]

(**) à Llansa, Manosque, Aix-les-Bains, Romainmôtiers, Morges, Prague, Montana, Losone, et en Roumanie.

Depuis 2004, elle enseigne la flûte à l'Institut de Ribaupierre, école supérieure de musique à Lausanne.

Brigitte Buxtorf sur l'Association de flûtistes romands «Souffles d'ici et d'ailleurs»: "[...] Une association suisse de flûtistes, basée côté alémanique, existait depuis longtemps, mais s'est dissoute à la fin des années 1990. J'avais, avec l'aide de Pierre Wavre, organisé à cette époque une fête de la flûte au Conservatoire de Lausanne. Alors sur les conseils de Denis Verroust et en partenariat avec Otto Hnatek et Alice Gunther, nous avons décidé de fonder une association suisse francophone, basée à Genève, mais comme son nom l'indique, ouverte au reste de la Suisse et à la France voisine. [...]" [1]

C' est Pierre WAVRE, à cette époque directeur du Conservatoire de Lausanne puis de la Haute école de musique (HEM), qui lui succéda à la présidence de «Souffles d'ici et d'ailleurs».

Brigitte Buxtorf préside l'Association Épibolie (***), dont le but est la promotion de l'oeuvre d'Eric Gaudibert, compositeur genevois. Elle est aussi présidente de l'Association Musica Chêne.

(***) Épibolie est le nom d'une oeuvre composée par Eric Gaudibert en 1968 pour flûte et orchestre.

Pour un aperçu de ses enregistrements, voir cette page de la Phonotèque Suisse.

[1] Brigitte Buxtorf, interview publié sur cette page du site qui lui est consacré.

[2] Journal de Genève du 22 juin 1955, page 5, chronique de Franz WALTER.

[3] Journal de Genève du 28 juin 1957, page 10 , chronique de Franz WALTER.

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  • Claire Bärtschi-Flohr

    J'ai eu la chance de passer une année scolaire avec Brigitte à l'Ecole secondaire de la Rue Necker, à Genève. Je me souviens qu'elle nous a joué à plusieurs reprises de la flûte au cours de l'année. On sentait déjà une forte personnalité et une musicienne hors pair. C'était en 1953/1954 je pense. Dernière année d'école obligatoire si mes souvenirs sont exacts.

René Gagnaux
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12 novembre 2018
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