Petites mains Repérage

22 septembre 2018
Catherine Reymond

C’est l’été indien et le lever du jour. Un puits de lumière entre les nuages gris, un reflet argenté sur le lac. Quel temps nous réserve la Fête de l’an prochain ? La canicule ou les froidures soudaines du mois d’août ? Dans les vignes la vendange bat son plein, la vraie, avec les mains qui se crispent sur les sécateurs, le dos qui fait mal, le froid du matin et la chaleur impitoyable de l’après-midi. Les caissettes jaunes sont partout et les grappes dorées débordent des cuves. Le soir, vers 18h, on entend les rires des vendangeurs qui ont terminé leur journée de labeur.

Pour la deuxième prise de mesures des enfants, de nombreux costumes étaient soigneusement accrochés sur une penderie de fortune. Il y a beaucoup d’insectes, des masques avec de gros yeux de mouches, des matières qui s’envolent, paille, tulle, velours. Les sauterelles vont mourir de chaud par canicule, leur sueur coulera par leur longue queue dont on ne voit pas d’où sortiront leurs jambes. Les fourmis carapaçonnées devront travailler dur et chanter tout l’été, comme les cigales. Le petit peuple de la terre.

Nous serons les amis de noce. Nos costumes sont simples et raffinés en même temps, faciles à porter, légers, élégants. On feuillette le catalogue mis à disposition par petits groupes, on commente avec les autres personnes qui regardent et découvrent ensemble. Les dessins rappellent la Fête de 1955, avec une nette influence des années 20. Deauville-sur-Vevey.

Un petit enfant court dans tous les sens entre les grands. Les bénévoles souriants slaloment entre les groupes d’enfants qui chahutent. Est-ce parce qu’ils sont bénévoles qu’ils sont aussi souriants? Ils forment le petit peuple de la Fête, ceux qu’on ne voit pas, ceux qui veillent au grain. Vous mériteriez de porter le plus beau des costumes, mais vous n’en avez pas, c’est nous, les figurants, qui avons le beau rôle, alors que vous, vous êtes les petites mains.

Le petit garçon court partout et ne comprend pas ce qui se passe. Il est venu avec sa grande sœur. Il réalise que quelque chose se passe, quelque chose de différent. Il court de sa mère à sa sœur, il les enlace de ses petits bras, sa mère s’énerve, alors il s’en va plus loin, il avise le petit mannequin, c’est bizarre, c’est ma soeur sans tête ! Alors il enlace encore sa sœur, puis enlace le petit mannequin avec ses deux petits bras potelés. Embrassade fugace, voilà la Fête ! Le petit ne sait pas pourquoi il est là, mais il est déjà entré dans la danse.

Quelle bonne idée d’avoir mis quelques costumes à portée des enfants. Ils se les approprient déjà, dans leurs têtes ils se rêvent en papillon ou en jeune élégante. Ils ne savent pas encore qu’ils vivront trois semaines inoubliables, mais leur imagination galope déjà comme les petits chevaux à bretelles…

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Catherine Reymond
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23 septembre 2018
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