Otage de Saddam Hussein
Dans ma classe (année scolaire 2002-2003), une élève a choisi de parler de son papa Gustav Loretan... otage de Saddam Hussein durant la guerre du golfe. Sa captivité a duré 4 mois et demi.
Ce travail a fait l'objet d'une présentation orale et écrite à sa classe. Il est à relever que Gustav est venu en classe pour répondre aux nombreuses questions des élèves. C'est d'ailleurs la photo retenue en tête de cet article.
Mon père, ce grand voyageur
Je m’appelle Alicia Loretan. Mon papa a fait beaucoup de voyages. Je vais vous en parler mais je vais surtout m’attarder sur sa fantastique expérience, car il a été... otage en Irak !!!
Mon papa a voyagé, en tout, dans 22 pays :
- 12 pays d’Europe : l’Autriche, l’Allemagne, l’Italie, la France, l’Espagne, la Grande-Bretagne, la Norvège, la Belgique, les Pays-Bas, la Hollande, le Liechtenstein et Andorre (petit pays situé entre la France et l’Espagne),
- 2 pays d’Afrique : le Cameroun et le Kenya,
- 8 pays d’Asie : l’Inde, l’Irak, la Jordanie, la Bulgarie, la Turquie, la Thaïlande, la Chine et Hong-Kong.
Il exerçait la profession de mécanicien après avoir suivi, comme nous, l’école primaire et tout le tralala. Il a accompli son école de recrues et de sous-officier à Thoune. Il a appris le français et l’anglais. Sa langue maternelle et paternelle est l’allemand. Maintenant, il est maître socioprofessionnel, il travaille dans un atelier d’occupation pour personnes handicapées mentales à Sierre, dans l’institution de la FOVAHM.
Mon père, otage de Saddam Hussein
En 1990, il travaillait pour la maison SIP (Société d’instruments physiques) à Genève. Il était parti pour la réparation d’une machine, pour un séjour qui ne devait durer que trois à quatre jours. Malheureusement, Saddam Hussein n'a pas voulu le laisser partir, ainsi que beaucoup d’autres. Il les a gardés en otages et les a utilisés comme boucliers humains sur des sites stratégiques, ceci pour empêcher des bombardements de la part des Occidentaux.
Il y avait beaucoup de personnes retenues en Irak et chacun vivait cela différemment. Certaines s’en sont moins bien sorties (dépression, viols, torture psychologique et emprisonnement).
- Mon père a fait la une de l'Illustré en novembre 1990. A cette époque, il était toujours retenu par Hussein.
Plusieurs tentatives de fuite
Mon papa a essayé plusieurs fois de s’enfuir, mais ce fut chaque fois un échec.
La première fois, il a pris un convoi organisé par Swissair et notre ambassade. Arrivés à la douane, les officiers leur apprennent que la frontière était fermée depuis deux heures à peine. Un otage un peu plus malin, qui n’est autre que mon papa, a essayé de négocier avec un officier pour passer en douce, mais d’autres personnes ont également voulu en profiter. L’officier a annulé sa promesse car cela devenait trop risqué pour lui. C’est compréhensible car il risquait sa vie pour leur liberté.
- Billets de banque à l'effigie de Saddam Hussein.
La deuxième fois, il a pris un bus de personnes étrangères (indiennes et pakistanaises qui avaient le droit de quitter le pays). Le bus en question partait de nuit, sans provisions ni air climatisé pour un voyage qui devait durer environ douze heures, dans le désert. Il y avait beaucoup de contrôles et les personnes du bus créaient des diversions pour que les militaires ne voient pas mon papa. Arrivés à la frontière, ils apprennent qu’il y avait une épidémie et que personne n’était autorisé à passer.
Par la suite, le gouvernement a menacé de mettre à mort chaque personne qui essayerait de s’enfuir. Une délégation de parlementaires suisses a pu rapatrier 21 Suisses sur 27. Malheureusement, mon papa fit partie des six Suisses que Saddam n'a pas accepté de libérer.
Enfin libre!!!
Le onze décembre 1990, Saddam a déclaré qu’il les laisserait partir quand ils auraient terminé de réparer les machines. Il prétendit avoir fait un rêve lui disant de laisser partir les étrangers.
Le treize décembre, après quatre mois et demi de captivité, mon papa a pu enfin quitter l’Irak et revenir en Suisse.
D'autres voyages
Voici quelques anecdotes d’autres pays que mon papa a bien aimés :
- La boucherie en Afrique. La viande est fraîche, disposée sur des planches de bois à l’extérieur ! Autre chose, les odeurs d’Afrique. Il y a une odeur d’épices, de fruit et de liberté !
- A Hong- Kong, sur une île de pêcheurs, quand on veut manger du poisson, on va se servir chez un pêcheur (on choisit les poissons) et on va dans un restaurant. Arrivé là-bas, on demande au cuisinier de nous cuire ce poisson comme-ça, celui-ci comme-ci, etc. .
Les qualités du voyageur aventurier
Voici les principales qualités qu’il faut avoir pour voyager (d’après mon papa) :
Il faut avoir envie de découvrir, de porter des responsabilités, de parler plusieurs langues et finalement, il faut être débrouillard.
- La classe entoure mon papa Gustav, le conférencier du jour.
Sierre, le 12 mars 2003
Chère monsieur Pierre-Marie Epiney merci. Encore un partage lequel, en se mettant même qu'un tout petit peu dans la peau de l'autre (des autres), devient rapidement difficile à supporter
Merci Alicia Loretan pour ce témoignage
Amitiés Renata