Zofingue Neuchâtel, Séances Générales de 1934

Zofingue Neuchâtel, Séances Générales de 1934

5 février 1934
Imp. Lith. H. Messeiller
Stéphane Thurnherr

Carte postale, non voyagée, éditée pour les Séances Générales de Zofingue Neuchâtel,

Voici la critique qu’en fait l’Express dans son édition du 7 février 1934 :

« Les séances générales de Zofingue

Peu de séances générales ont connu l'affluence et l’entrain de la représentation officielle des générales • de 1934. C'est devant un parterre et une première galerie toute blanche de casquettes de V.-Z., et devant un bruyant poulailler de casquettes multicolores que s'est levé hier soir le rideau du Théâtre. C'est que Zofingue présente cette année un programme remarquable. Le succès remporté par Volpone à Paris, où elle a tenu l'affiche pendant toute une année, la publication de l'adaptation française par la N. R. F. nous faisaient désirer depuis longtemps une représentation sur la scène de notre ville. Il convient donc de remercier Zofingue pour le choix si heureux de sa pièce; bien plus, il faut le féliciter d'avoir eu le courage de jouer le chef-d'œuvre de Ben Jonson, que Jules Romains adapta de façon habile à la scène française. Pour qui a lu la maîtresse pièce du meilleur des contemporains de Shakespeare et pour qui a eu le privilège de l'entendre jouer par Charles Dullin et sa compagne, le courage des Zofingiens pouvait même sembler de l'audace. Les difficultés à vaincre sont en effet nombreuses et si l’on peut présumer que des acteurs professionnels les surmontèrent, on ne saurait l'affirmer de la part d'amateurs. Les cinq actes de Volpone sont si touffus que l'unité de la pièce dépend entièrement du jeu du personnage central. Il était à craindre, en cas de médiocrité de l'acteur principal, que l'attention du public ne se lasse.

On connaît la méthode de composition de Ben Jonson : dans chacune de ses comédies et dans chacun de ses drames, il s'est donné pour but de peindre un type d'humanité. Aussi dans toutes ses pièces, un personnage principal, je dirai même capital, autour duquel se noue l'Intrigue. Toute l'œuvre de Ben Jonson se trouve résumée dans le titre de sa comédie : «Every man is his humour ». Ainsi, Volpone est le type de l'escroc et tous les personnages de la pièce contribuent à la peinture de la cupidité de l'homme. Carbaccio, Voltore, Corvino s'évertuent à prendre possession des richesses de Volpone. C'est lui, en réalité, qui les gruge pour être lui-même dépouillé par son disciple Rosca. Si l'on ajoute à la difficulté pour Zofingue de trouver l'acteur capable de tenir le rôle de Volpone et à celle de lui adjoindre d'autres acteurs, dignes de lui, l'infime tact qu'il convenait d'avoir, pour éviter la vulgarité, nous devons féliciter les casquettes blanches d'avoir su passer tous ces obstacles. Si je reconnais m’être rendu au spectacle en sceptique, je reconnais aussi que mon inquiétude est tombée dès la levée du rideau. Les Zofingiens se sont admirablement tirés de toutes les difficultés, et ils ont joué le chef-d'œuvre du «rare Ben Jonson » avec infiniment d'habileté et de finesse. »

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Stéphane Thurnherr
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29 mai 2024
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