Fontaine de la Place du Temple

Fontaine de la Place du Temple

23 juin 2013
Sylvie Bazzanella

Le buste "Liberté" - en fonte bronzée, fondu à l'usine Roy à Vevey au printemps 1875 - qui orne la fontaine de la place du Temple, à la Tour-de-Peilz, fut offert à la ville en 1875 par le peintre et sculpteur Gustave Courbet en guise de souvenir et reconnaissance pour le bon accueil reçu.

Au sujet de cette sculpture, il se dit que Mme Arnaud de l'Ariège, de Clarens, chez laquelle le politicien français Léon Gambetta aimait à se retrouver, servit de modèle à Courbet. D'autres sources vont plutôt chercher du côté de Pontarlier celle qui fut susceptible d'inspirer Courbet, à savoir Mme Joliclair, qui aurait aidé le peintre dans sa fuite en Suisse fin 1873..."

Ce qui s'avère certain est que ce buste revêt des attributs révolutionnaires, le bonnet phrygien et buste saillant comme imaginé au temps de la Révolution française. Ces symboles associés à la croix fédérale helvétique posée sur le corsage de la dame, soulèvent quelques crispations dans la population. Qui plus est, Courbet intitule son oeuvre "Helvétia".

Interpellée, la Municipalité, après l'avoir vivement remercié le 22 mars 1875, demande à l'artiste, à l'issue de sa séance du 5 avril 1875, de bien vouloir "ne pas intituler son oeuvre d'art Helvétia et d'y supprimer la croix féférale, notre écusson national, dans le but unique d'empêcher toute interprétation du point de vue politique".

Le texte en italique est tiré de :

Sur les traces de Gustave Courbet à La Tour-de-Peilz : 1873-1877

Erard, Didier

La Tour-de-Peilz : Ville de La Tour-de-Peilz 2010

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Extrait d'un courrier de Gustave Courbet, adressé au syndic de la Tour-de-peilz, le 24 avril 1875 :

"selon votre désir, j'ai changé la croix fédérale en une étoile et le mot Helvetia pour le mot Liberté, laissant les mots Hommages à l'hospitalité d'un côté du socle et de l'autre côté La Tour-de-Peilz mai 1875".

Après le moulage et la fonte en bronze, le tirage fut installé sur la fontaine prévue à l'occasion d'une cérémonie solennelle organisée le 15 août 1875.

Source : La Commune de Paris, révolution sans images / Bertrand Tillier - Editions Champ Vallon, 2004.

L'Estafette du lundi 16 août 1875, relate l'événement :

- Hier après-midi a eu lieu à la Tour-de-Peilz l'inauguration du buste de la liberté, offert par M. Courbet à cette commune. La cérémonie a été courte et aucun incident n'est venu la troubler comme quelques personnes le craignaient. Un orateur, qu'on nous dit être le rédacteur du National suisse, prit la parole au nom de M. Courbet et termina son discours par ces mots : " Vive la république suisse, vive la république française, vive la république universelle ! " M. le syndic de la Tour lut un petit discours en réponse; puis deux choeurs de la société de chant de la localité se firent entendre, après quoi l'assistance, qui était asez considérable, se dispersa. Le même jour M. Courbet a ouvert son exposition en faveur des grêlés de Genève.

Les liens créés avec l'artiste sont à l'origine du jumelage en 1982 de la commune de la Tour-de-Peilz avec celle d'Ornans, où Gustave Courbet est né le 10 juin 1819.

Pour en savoir plus sur la démolition de la Colonne Vendôme c'est ICI

Voir aussi : Gustave Courbet en Suisse

Article de Marianne Carron

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  • Valérie Clerc

    Formidable que le subversif Courbet en Helvétie! Installé dans la Villa Bon-Port (voir: courbet.ch/bon-port) face au Léman et aux Alpes, l'artiste participe aux fêtes, aux réceptions. Il est accueilli dans des cercles démocratiques et radicaux, fréquente les autres proscrits communards, participe à des remises de prix pour écoliers, à des fêtes de gymnastique et de tir. Gourmand d’écrevisses, se baignant nu dans le Léman, il ne manque pas d'attirer l'attention sur lui, même à distance de la bouillonnante Paris.

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