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Bernard Gauthey, l’avenir en point de mire.

Bernard Gauthey, l’avenir en point de mire.

Article proposé dans l'Omnibus, journal de la région d'Orbe que j'ai écrit en janvier 2021.

On dirait que tout lui réussit. On n’en finit pas de le voir récolter les médailles dans tous les coins du canton. Il nous reçoit d’ailleurs avec le sourire avenant, l’accueil chaleureux, régnant dans sa cave propre et spacieuse aux tonneaux bien alignés. Il attend les curieux et les fidèles tous les samedis matin pour les dégustations, discussions et transactions. Il est taillé pour l'emploi, en somme : bien de sa personne, l’humanité simple et dépouillée, une bonne humeur qui semble lui coller la peau et dont il n’arrive pas à se départir. Mais le tableau n’est-il pas plus nuancé, en somme ? Pour y répondre, il faut faire le tour du personnage. Défi !

Il faut savoir d’abord que les Gauthey se perdent dans les générations et que la vigne semble y être présente depuis les plus lointains ancêtres. Mais il s’en différencie en étant le premier encaveur de la lignée ; ses prédécesseurs étaient producteurs alors que Bernard a poussé le bouchon un peu plus loin en assurant le processus complet en y ajoutant l’encavage, la vinification, mise en bouteille, étiquetage, promotion et vente. C’est à l’âge de 23 ans que le grand branle-bas a eu lieu, en 1996, quand l’étable de la maison familiale est devenue une cave vigneronne. Ses études à Changins dans les deux années précédentes lui avaient donné l’impulsion pour remettre les compteurs à zéro et se lancer dans l’aventure du processus complet.

Pour en finir avec les dates, c’est en 2018 qu’il franchit le Rubicon et se lance à l’assaut du bio. Ce type de culture se différencie essentiellement par l’équilibre herbe/vigne et la lutte contre les ravageurs par des moyens sans pesticides. Mais à peine franchi cette étape, il prévoit de s’orienter bientôt sur la biodynamie, une nouvelle approche utilisant des procédés redonnant à l’humus sa valeur première, notamment par des produits naturels aux vertus réparatrices tels que purin d’ortie ou de consoude ou encore la poudre de corne. Puisqu’on est dans le futur, il aimerait aussi développer le tourisme, sentant le potentiel qu’a la vigne et les activités du vigneron dans ce secteur.

On devine ainsi que les médailles récoltées l’ont été grâce aux recherches qu’il a menées pour affiner ses produits. On ne citera que la dernière, la médaille d’or lors du concours de sélection des vins vaudois, alors que Terravin lui accorde son label de qualité. On n’est pas étonné d'apprendre que douze vignerons profitent de ses installations pour vinifier chez lui.

Tout ça ne se gagne pas tout seul. On sent une famille acquise à la cause. Son père d’abord, Jacques, qui lui a très tôt accordé toute sa confiance. Puis Marguerite, sa mère, toujours prête à mettre la main au sécateur. Puis Nicole, sa femme, aux ceps et au bureau. La dernière bonne nouvelle vient de son fils, Mathieu, qui va se lancer dans un apprentissage de viticulteur, sans oublier sa fille Léanne qui a fini son apprentissage en horticulture, les trois frères de Bernard n’ayant pas de lien direct avec l’exploitation.

On pensait avoir fait le tour du sujet, mais on apprend que la vigne n’est qu’une part de ses occupations. A côté de cela, il gère avec son père un cheptel de 80 bêtes dont 35 vaches portantes, toujours avec le label bio. Si les vignes occupent 5 hectares, 35 autres sont destinées aux cultures et 20 autres à la pâture, avec des bâtiments à Arnex et à Croy. Il est aidé par Anthony son employé et va former un apprenti tout bientôt. Comment fait-il pour assumer tout cela, quand on apprend qu’il fait également partie de comités dont il ne cite que quelques-uns ?

Il n’oublie pas sa famille et a aussi des activités sportives ; en son temps, il avait pratiqué le foot avec passion au club du village. Et parmi tout cela, il apprécie d’être au travail de la terre, au rablet, seul dans ses vignes ou dans un champ pour arracher les lampées. Pas de place donc pour l’ennui ou le découragement.

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