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Visages de l'OSR - Léon Hoogstoël, clarinette-solo de 1919 à 1959

Visages de l'OSR - Léon Hoogstoël, clarinette-solo de 1919 à 1959

René Gagnaux

Portraits publiés dans la revue Radio Actualités du 5 avril 1946, No 14, en page 423 (à gauche) et du 14 janvier 1944, No 2, page 41 (à droite)

Léon Hoogstoël, 7 décembre 1887, Liévin (Pas-de-Calais) - 14 février 1966, Genève.

Léon Hoogstoël étudie au Conservatoire de Lille puis à celui de Paris, dont il sort avec un premier prix de clarinette.

En 1910, le clarinettiste français Ferdinand Capelle (1883-1942) lui propose de prendre sa succession à l'orchestre du Théâtre de Genève. En 1914, Léon Hoogstoël rentre toutefois en France et fait la Première Guerre mondiale sous l'uniforme français. Après avoir été membre de la Garde républicaine de Paris, il revient à Genève, appelé par Ernest Ansermet pour le poste de clarinette solo à l'Orchestre de la Suisse romande. Il occupera ce poste jusqu'en 1959!

En 1920, le Conseil d'Etat lui confie la direction du Corps de musique de Landwehr.

Corps de musique de Landwehr, une photo publiée entre autres dans la revue Le Radio du 13 mars 1936, No 675, page 496, avec Léon Hoogstoël au milieu du premier rang, à côté de l'officier commandant la Landwehr

En 1920 également, Léon Hoogstoël est nommé professeur au Conservatoire de Genève. Il poursuivra ces deux activités jusqu'à son décès.

En 1928, Léon Hoogstoël devient citoyen genevois. Pendant près d'une cinquantaine d'années, il s'est dévoué aussi bien à la musique d'harmonie, pour laquelle il effectue de nombreuses transcriptions, qu' à la musique symphonique. En mai 1965, le Conseil administratif de la Ville de Genève marqua sa reconnaissance en lui décernant la médaille «Genève reconnaissante» pour ses quarante-cinq ans de direction à la Landwehr.

À son décès, un hommage lui fut rendu par Franz WALTER dans le Journal de Genève du 15 février 1966, en page 10:

"[...] Je crois que la principale caractéristique de la personnalité de Léon Hoogstoël - dont la mort a été annoncée hier - était la conscience professionnelle. Tous ceux qui l'ont connu de près, durant sa longue carrière de soliste à l'Orchestre de la Suisse romande, pourraient témoigner du scrupule artistique avec lequel il accomplissait sa délicate tâche, assumant un travail personnel quotidien qui ne se relâchait en aucune circonstance et se faisant un devoir d'atteindre, pour la moindre de ses interventions, le plus haut degré de perfection et de pureté. Cet idéal de pureté conditionnait son propre jeu comme son enseignement. Il ne concevait pour son instrument, la clarinette, qu'une sonorité droite et limpide, s'opposant farouchement aux déformations «expressives» comme, par exemple, l'application du vibrato préconisé par certaines écoles. Son jeu n'en était pas moins d'une grande éloquence par vertu d'un phrasé d'une extrême noblesse. Et l'on se souvient encore de tel concerto de Mozart, joué par lui en concert d'abonnement, et qui était un miracle de délicatesse et pourtant de plénitude aussi.

Léon Hoogstoël appartenait déjà à une des toutes premières équipes de l'OSR, en 1919. Ernest Ansermet le fit en effet venir à cette époque, alors qu'il était attaché à la Garde Républicaine, après avoir été 1er prix au Conservatoire de Paris et avoir fait la guerre de 14 dont il revint avec la croix de guerre. Sa personnalité est donc attachée à une quarantaine d'années de la vie de notre orchestre, mais aussi de notre vie musicale en général et sur des plans très divers, puisque à côté de son professorat au Conservatoire, il exerçait encore ses dons d'animateur et de pédagogue à la tête de la musique de Landwehr pour laquelle il écrivit notamment de nombreuses transcriptions. L'âge ne semblait pas avoir de prise sur son talent, et si pourtant il dut pour une raison de santé abandonner son poste à l'OSR, il n'en continuait pas moins avec un plein succès à assumer ses activités pédagogiques. Si sa conscience professionnelle lui avait inculqué aussi la conscience de sa valeur, Léon Hoogstoël gardait toujours une attitude simple, réservée, très digne et modeste, mais empreinte de cordialité. Et c'est avec une grande mélancolie que les musiciens voient disparaître un des derniers et plus marquants représentants de cette époque héroïque des débuts de l'OSR.

Né à Liévain, dans le Pas-de-Calais, en 1887, Léon Hoogstoël avait acquis la citoyenneté genevoise, et c'est fort justement qu'en septembre dernier la Ville de Genève avait remis la médaille «Genève reconnaissante» à ce très probe et talentueux serviteur de la musique et de notre République. À sa famille, à son épouse surtout, le Journal de Genève présente ses condoléances très sincères. F. W. [...]"

Léon Hoogstoël, une photo publiée entre autres dans la revue Le Radio du 31 mai 1940, No 895, page 666

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René Gagnaux
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9 mars 2019
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