"Printemps 1936. Menhir de Grandson, au nord des bâtiments scolaires, au bord de la route cantonale Grandson-Mauborget. Personnages sans importance Gabriel Leuenberger et sa sœur.

La photo du menhir de Grandson. Combien de fois ce menhir fut le but de nos promenades ? impossible à dire. Avec mon oncle, avec l’une ou l’autre de nos tantes, nous montions sur la place du château, un bâtiment impressionnant, puis nous prenions l’ancienne route Neuchâtel-Yverdon qui fut ensuite remplacée par la route cantonale actuelle dès que le fossé nord-ouest du château fut comblé ; c’est aujourd’hui la rue des Colombaires. Plus on monte, plus la vue se dégage sur le lac, le Montélaz, et les Alpes quand le temps est clair. Un chemin qui n’existe plus permettait d’accéder directement au réservoir d’eau, et après avoir traversé la route menant à Fiez, Mauborget, surgissait un caillou, non, un rocher que quelqu’un d’une force inouïe, un géant pour le moins, avant le temps des lacustres, avait dressé, là, en pleine campagne, à un endroit un peu surélevé au-dessus de l’Arnon et en face du Jura avec le Mont Aubert. Il est émouvant de penser que l’on touche une pierre dressée il y a une ’éternité’. Vous la touchez, vous la caressez, vous devez lever les yeux jusqu’au ciel pour voir le sommet et encore, il vous échappe.

La photo date de l’été 1936 ; j’y suis avec ma sœur Suzi de 1931. On comprend que les archéologues se soient posé des questions : A quoi sert une telle pierre dressée ? Pourquoi et pour quoi avoir dressé ce mégalithe ? ce n’est certainement pas pour une raison esthétique ; une raison religieuse ? et avec quelle croyance ? Même les cours sur l’histoire des religions primitives que j’ai eu en faculté de théologie au milieu du siècle passé, n’apportent pas de réponse à cette question, pas plus que l’énorme ouvrage en 4 volumes dirigé par Gorce."