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Au profit de la reconstruction

Au profit de la reconstruction

E. Gyger, Adelboden ; collection Pm Epiney
E.Gyger, Adelboden

Cette carte postale a été vendue au profit de la reconstruction de l'église de Vercorin datant de 1704. Son prix était de 0,50 CHF.

Voici les explications de Nicolas Perruchoud, guide du patrimoine à Vercorin :

La reconstruction de l’église de Vercorin

Cette carte postale a été vendue à travers tout le pays au profit de la reconstruction de l’ancienne église de Vercorin.

Avec les atteintes du temps et l’extension du village, l’antique église méritait une rénovation et un agrandissement. Dans un premier temps, il s’agissait de restaurer le sanctuaire en l’état, et c’est bien ce que la vente de cette carte postale fait voir. La saga des expertises et des contre-expertises allait en décider autrement. En 1959, un rapport de l’abbé François-Olivier Dubuis (1921-2003), responsable cantonal des monuments historiques, signalait que la nef «insignifiante de l’extérieur, et passablement banale à l’intérieur» pouvait être sacrifiée.

Les partisans de la démolition de la voûte rappelèrent le désastre de Nax: le 10 janvier 1909, 34 personnes furent tuées par l’effondrement de la voûte.

Pour la catastrophe de Nax, voir ce document :

En 1961, un autre rapport du bureau d’ingénieur Pierre Bisenz évalua la résistance des murs «plus très bonne». Cet avis suscita la panique. L’église fut mise hors service. Le curé Bellon décida de célébrer les offices dans le « parc à moutons », au centre du village. D’autres expertises étaient moins alarmistes. Elles n’empêchèrent pas la construction d’une nouvelle église.

Nouvelle église

Le projet de l’architecte Arthur Bugna fut retenu. La nouvelle église accueillit les fidèles pour Noël 1963, et la nef condamnée fut démolie en 1964. A ce propos, Henri Marin note malicieusement : « (...) les ouvriers commis à l’œuvre sacrilège ... témoignent aujourd’hui encore de la résistance acharnée de cette voûte décrite comme prête à s’effondrer.» (Vercorin, La Mémoire des âges, page 244).

Pour Henri Marin, l’ancienne église représentait un exemple significatif de l’architecture religieuse dans les Alpes. La destruction de l’ancienne nef est une perte sensible.

Avec le recul, on peut se demander si la nef n’a pas été sacrifiée trop vite. Certes, des fissures dues aux séismes y étaient apparues, mais sans constituer un danger imminent. Des travaux de consolidation auraient pu être entrepris. En définitive, n’a-t-on pas cédé aux séductions du modernisme ?

Consolation : l’ancien chœur préservé a bénéficié, dès 1990, d’une importante restauration. Elle a permis de redécouvrir des peintures murales de Hans Rinischer, datant de 1520.

voir ce document :

Quant à la nouvelle église, elle sert d’écrin à de remarquables œuvres d’art : le chemin de croix d’Albert Chavaz et la tapisserie monumentale d’Aubusson d’André Magnat d’après un carton d’Isabelle Tabin-Darbellay.

Au sujet de l'oeuvre d'Isabelle Tabin-Darbellay :

voir aussi :

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Pierre-Marie Epiney
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30 septembre 2022
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