Noël à Vevey au 19e siècle

1884
Vevey
Domaine public

Véritable mine d'informations sur les traditions populaires romandes de la fin du 19e siècle, l'hebdomadaire le Conteur vaudois, fondé en 1862 par Louis Monnet (1831-1901) et Henri Renou transmets de nombreuses anecdotes qui éclairent la vie locale.

Marquée par une économie agricole, la célébration de Noël qui suit le solstice d'hiver est à cette époque traversée de rites divinatoires, dont la pratique a aujourd'hui disparue. L'historien Eugène de Mellet (1807-1891), également préfet de Vevey et député au Grand Conseil, a consigné le témoignage de ces pratiques.

Un moyen de redécouvrir pour nous, l'essence de fêtes anciennes, dans lesquelles ni le sapin de Noël, ni le traîneau du Père Noël existaient.

Les fêtes de fin d'année dans le bon vieux temps

Extrait choisi

"La veille de Noël se passait dans des réunions familiales et, pour amuser la jeunesse, on fondait du plomb qu'on versait dans un baquet d'eau froide où il prenait les formes les plus bizarres. Une personne de la société le retirait ensuite de l'eau, et au milieu du plus grand silence, l'analysait dans ses détails et pronostiquait l'avenir de celui auquel il était destiné ; puis on renouvelait l'opération pour chacun des assistants.

On plaçait aussi sur une table, au milieu de la chambre, divers objets, tels qu'une Bible, un Code civil, un livre de médecine, uneécritoire, un livre de compte, etc. Puis on conduisait ensuite les jeunes gens, l'un après l'autre et les yeux bandés, autour de la table où ils devaient prendre l'un des objets déposés. Celui qui prenait la Bible devait devenir pasteur; s'il prenait le Code, avocat ; l'écritoire, notaire, etc. La jeune fille devait épouser un homme professant l'état que représentait l'objet, pris par elle.

De jeunes couples, proprement vêtus en bergers et bergères, houlette en main, parcouraient les maisons et y chantaient des cantiques de Noël.

Pour les enfants, on plaçait dans l'âtre une énorme bûche, appelée tronche*, qu'on recouvrait d'un linge blanc, après avoir mis des assiettes audessous. Le matin de Noël, les enfants se précipitaient à la cuisine pour voir ce que la généreuse tronche avait laissé tomber dans les assiettes. Dans ce temps-là, on ne connaissait pas encore l'arbre de Noël."

*Tronche [n. f.] vieilli : souche d´un arbre. Ancien français tronche, « grosse souche de bois, tronc d´arbre coupé ; bûche, poutre », latin truncus, « tronc d´arbre ébranché », truncare, « tronquer », celtique *truccos, « tronqué », racine indo-européenne *trenk-, « pousser ».

Sources

Le conteur vaudois : journal de la Suisse romande, "Les fêtes de fin d'année dans le bon vieux temps", n°22, 1884. Disponible en ligne sur e-periodica: doi.org/10.5169/seals-188464 (consulté le 23.12.2022)

Photo de couverture

Vevey. Place du Marché (carte postale), collection de Josiane Blaser

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Valérie Clerc
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23 décembre 2022
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