Blanche HONEGGER, courte biographie

Blanche HONEGGER, courte biographie

photos:inconnu resp. sources indiquées dans le texte; texte: R.Gagnaux resp. sources indiquées dans le texte
photos:inconnu resp. sources indiquées dans le texte; texte: R.Gagnaux resp. sources indiquées dans le texte

Ci-dessus: Blanche HONEGGER dirigeant un choeur et/ou un orchestre - photographe, date exacte (probablement dans les années 1980) et lieu inconnus, probablement aux USA

Pour les photos insérées dans le texte ci-dessous, cliquer sur les photos pour des vues agrandies et quelques informations

23.09.1909, Genève - 10.02.2011, Brattleboro (Vermont, USA)

Violette Blanche Honegger - soeur d'Henri Honegger, violoncelliste solo de l'Orchestre de la Suisse Romande à partir de 1932 - commence d'étudier le violon à l'âge de 8 ans.

Au Conservatoire de Genève, où elle étudie le violon auprès de Fernand Closset, elle obtient des 1er prix en 1923, déclamation classe Jean-Bart, en 1925, improvisation classe Malan/Lauber, 3e année, en 1926, solfège supérieur classe Malvan/Soravia/Kunz, 4e année, improvisation classe Malan/Lauber 4e année, et pour terminer un prix de virtuosité.

Après avoir dès le début de ses études souvent joué en récital, en musique de chambre, en concert violon-chant-orgue avec Otto Wend à l'orgue, ainsi qu'avec Otto Barblan, elle fait des débuts très remarqués en concert, d'abord avec l'orchestre du Conservatoire, puis avec l'OSR, entre autres sous la direction de Fernand Closset et de Hermann Scherchen:

"[...] J'ai dit dans ma précédente note le très grand et très mérité succès remporté par Mlle Blanche Honegger, violoniste. Se présentant dans une oeuvre dont le style ne tolère pas une autre manière de s'extérioriser que de se conformer aux stricts besoins de la musique elle-même, elle réussit à être émouvante par la qualité du jeu, par la sincérité et la justesse de l'accent. On ne peut que rendre hommage à l'autorité dont elle fit preuve, autorité qui confine à la maîtrise. Un archet long et souple, une sonorité homogène et belle, un rythme impeccable, une très pure et une saine vigueur, voilà ce dont cette jeune artiste témoigna dans le Concerto en mi de Bach. Sous la direction de M. Hermann Scherchen et avec le continuo au clavecin joué par Mme Naef-Lander, l'accompagnement fut parfait. [...]" Albert Paychère dans le Journal de Genève du 4 février 1930, page 5

Pas seulement son violon captivait plus d'un critique...

"[...] On ne peut oublier cependant que M. Busch est le maître de Mlle Blanche Honegger. L'élève est une admirable disciple, très émancipée. Son archet tour à tour puissant et léger, son sens exquis de la phrase et de la nuance, son rythme vivant, sa magnifique sonorité toujours consistante, jamais écrasée, nous ont charmé tout au long du programme.

La grâce de son apparition y suffirait déjà. Quelle joie, pour les yeux, de voir reparaître enfin sur la scène, au lendemain d'une mode indécente et laide, une robe — sans manches — une simple robe blanche, légère et souple, longue et seyante, et dans ces atours vraiment féminins une jeune fille, comme elles étaient aux jours de ma jeunesse, une vraie jeune fille! Puisse l'art dans son ensemble, suivre ce retour de la mode à des lois trop longtemps oubliées! [...]" Ch.K. dans la Gazette de Lausanne du 31 mars 1930 en page 3

Blanche Honegger fut entre autres premier violon du «Quatuor de Radio-Genève», avec Juliette Fert, 2e violon, Henri Honegger, violoncelle, Léon Chéréchewsky, alto - remplacé parfois par Willy Kunz -, un quatuor qui était auparavant connu comme «Quatuor Honegger» et qui remporta un premier prix au Concours de Genève en 1941 (avec Suzanne Bornand comme second violon).

À côté de son intense activité en récitals et concerts en Suisse Romande et en France, Blanche Honegger se perfectionne à Paris auprès de George Enescu, Wanda Landowska, Andrés Segovia et Adolf Busch, enseigne pendant quelque temps au Conservatoire de Neuchâtel. Elle épouse le flûtiste et pianiste Louis Moyse - fils du célèbre flûtiste Marcel Moyse: ils forment dès 1933 un trio violon-piano-flûte, qui devient rapidement célèbre (Louis Moyse fut également un excellent flûtiste, jouant en duo avec son épouse, qui jouait aussi bien au violon qu'au piano ou à l'alto; de 1948 à 1949 il enseignera au Conservatoire de Genève).

Peu après la fin de la guerre (*), ils quittent tous trois l'Europe pour s'établir d'abord en Argentine, voulant créer un centre de musique avec Andres Segovia. Leur projet ne peut toutefois pas être réalisé. En 1949, sur l'invitation des frères Adolf et Hermann Busch, ils s'établissent aux USA, à Vermont, où ils fondent avec eux le «Marlboro Music Festival», en été 1951.

(*) En 1938 déjà, Louis Moyse avait été solicité par Serge Koussevitzky pour être seconde flûte solo du Boston Symphony Orchestra; en 1939, il voulait donc émigrer aux USA, avec sa famille. Trois jours avant leur départ, les frontières furent toutefois fermées, suite à l'invasion de la Pologne par l'armée allemande.

Le pianiste Rudolf Serkin, ami des Moyse de vieille date, s'intéressait à un petit col lège qui se créait à Marlboro, près de Brattleboro, dans le Vermont. Lui-mème vivait tout près de là, avec sa famille et son beau-père, Adolf Busch. Il convainquit les autorités du «Malboro College» de l’utilité d'un département musical dans leur institution, et ce fut aux Moyse qu’on demanda de venir créer ce département, en les avertissant très honnètement, que ce serait un travail de pionniers...

Blanche Honegger-Moyse fonda ainsi le département de musique du «Malboro College», dont elle va être la «chairwoman» pendant 25 ans.

Blanche Honegger sur les débuts de ce département:

"[...] Pendant l’hiver 1950/51, on nous a confié des cours du soir pour adultes. Mon mari et moi avons essayé d’une suite d’auditions expliquées, qui aidait la classe à apprécier, à discerner, à se former le jugement. Le succès fut tel qu'il fortifia notre conviction: il fallait créer un centre musical où se cultiveraient et se développeraient à la fois les adultes et les enfants. Ainsi naquit le Centre musical de Brattleboro, en 1951. Il y eut d’abord un choeur mixte de 60 à 70 voix et des classes pour enfants, où l’on enseignait les éléments de la musique et le chant en groupe. Le premier grand festival fut donné en 1953, avec une cantate de Bach et le Requiem de Fauré, pour solistes, choeur et orchestre. L’orchestre, 70 musiciens, comportait presque exclusivement des professionnels, trouvés en bonne partie parmi nos amis. Depuis, chaque année, concerts et festivals se succèdent: Requiem de Brahms, messes de Schubert et de Cherubini, symphonie «Le Nouveau Monde» de Dvorak, les psaumes de Stravinsky. Cet hiver, nous préparons «Le Roi David», de Honegger. [...] cité d'un entretien publié dans la revue l'Illustré de janvier 1959

C'est donc ainsi qu'elle fonda avec son époux le «Brattleboro Music Center», avec le but de «promote the love and understanding of good music and to make it a vital part of the community». En tant que directrice artistique, elle y jouera un rôle extrêmement important: le «Brattleboro Music Center» compte aujourd'hui plus de 400 étudiant(e)s.

Vers le milieu des années 1950, Blanche Honegger est de plus en plus active comme chef de choeur, et fonde en 1978 la «Blanche Moyse Chorale» avec une bonne trentaine des meilleurs membres du choeur du «Brattleboro Music Center». Cette chorale devint rapidement un ensemble très réputé - voir par exemple cette page du site bach-cantatas.com. Depuis son décès, Blanche Honegger est honorée chaque année par un ou plusieurs concerts commémoratifs.

À partir de la fin des années 1950, Blanche Honegger et Louis Moyse revinrent régulièrement jouer en Suisse Romande, où ils donnèrent également des cours d'été de musique de chambre au Manoir de Saint-Prex - voir par exemple la Gazette de Lausanne du 11/12 août 1962 en page 13.

Louis et Blanche Moyse-Honegger

Peu après, à la suite d'un problème au bras, Blanche Honegger doit hélas arrêter le violon - elle donnera son dernier concert comme violoniste au «Marlboro Music Festival» en 1966.

Elle consacre dès lors toute son énergie à la direction de choeur, avec une prédilection pour les oeuvres chorales de Bach, et fonde en 1969 le «New England Bach Festival». Elle débute au Carnegie Hall en 1978, à l'âge de 78 ans, dirigeant sa chorale et l'orchestre de St. Luke's dans l'Oratorio de Noël de Bach. On peut lire dans le New York Times “an absolutely glorious rendition of Bach’s ‘Christmas Oratorio.’ Even after three hours on stage the conductor seemed vigorous enough to start over again.

Blanche Honegger-Moyse est ensuite régulièrement invitée à enseigner aux chanteuses/chanteurs, instrumentistes et chambristes à travers le monde entier, entre autres au Japon, en France, en Suisse, en Chine, au Canada, et bien-sûr à travers les USA, ceci jusqu'à un âge très avancé. Elle n'arrêtera de diriger qu'en 2004, à l'âge de 95 ans!

Blanche et Louis Moyse divorcèrent en 1974; Louis Moyse quitta alors le Marlboro College et le Brattleboro Music Center pour se remarier et entamer une nouvelle carrière au Canada, puis à Boston.

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René Gagnaux
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17 novembre 2019
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