Biographie du Général G.H. Dufour
Naissance et formation
Guillaume Henri nait à Constance, dans la Colonie genevoise en exil, le 15 septembre 1787. La Révolution française permet le retour des Dufour à Genève en 1789. Citoyen français après l’invasion de Genève par la France en 1798, il réussit le concours d’entrée à l’Ecole polytechnique de Paris et enchaîne avec l’Ecole d’Application de l’Artillerie et du Génie de Metz, d’où il est envoyé à Corfou pour renforcer les fortifications de l’île face à la menace de la flotte anglaise ; capitaine du génie, il y sera grièvement blessé lors d’une reconnaissance navale, ce que symbolise peut-être la jambe gauche levée de son cheval à la Place de Neuve.
Famille
Suite à l’entrée de Genève dans la Confédération Helvétique, il démissionne du service de France et rentre à Genève en 1817 où il épouse Suzanne Bonneton, fille de Théodore, graveur de médaille, qui lui donnera quatre filles. De nombreuses familles de Genève peuvent aujourd’hui se réclamer de l’une de ses deux petites-filles : Sabine L’Hardy ou Henriette Krieg.
Enseignement
Professeur éclairé, avec un goût prononcé de l’enseignement et de la pédagogie, il prône la nécessité pour une démocratie de l’instruction populaire. Il donne des cours à l’Académie de Genève (Genève n’a pas encore d’université), il donne des leçons dans des domaines variés : mathématiques, géométrie descriptive, hydraulique, géodésie. Il donne des lectures de limnimétrie et d’astronomie à la Société de Physique, écrit sur la mécanique appliquée et la gnomonique (il construit même une méridienne verticale, sur le coin arrière-droit de sa maison, encore visible actuellement), énonce sa théorie des fleuves, écrit des articles pour la Bibliothèque Universelle ou le Bulletin de la Classe d’Industrie de la Société des Arts, donne des conférences à l’Ecole industrielle de Genève, publie des traités, s’intéresse à l’optique ondulatoire, la physique des matériaux …
Urbanisme
Dès 1817 Dufour se voit aussi confier le poste d’Ingénieur cantonal (poste officieux jusqu’en 1828), en charge de l’urbanisme et des fortifications. Genève lui doit notamment tout le dessin du pourtour de la rade qui fait, encore aujourd’hui, la beauté de la Ville. Parmi ses réalisations urbanistiques : l’achèvement du Pont Neuf de Carouge, la rue de la Corraterie, l’Observatoire de Genève, le Palais Eynard - siège actuel du Conseil administratif de la Ville de Genève, dont il supervise la construction, le 1er pont suspendu en câble métallique d’Europe à St-Antoine et un autre aux Pâquis, le Grand Quai et le Jardin anglais, le Quartier des Bergues avec Pont (sous-tendu cette fois par des chaînes sous le tablier et sa passerelle reliant l’Ile Rousseau), Hôtel et Quai éponymes, l’Orangerie du Jardin Botanique des Bastions (à l’actuel emplacement du Mur des Réformateurs), le cadastre cantonal ou encore l’arrivée du chemin de fer Lyon-Genève.
Sciences
Ingénieur curieux et réactif, il est à l’affût des dernières technologies, fait des essais, teste la résistance des matériaux. En 1824, il construit le 2ème bateau à vapeur sur le lac Léman, le Winkelried, puis 2 ans plus tard, le1er bateau à vapeur sur le lac Majeur, en italien : il Verbano. Il va auditer puis faire remplacer la machine hydraulique (dont un pont porte le nom) qui alimentait en eau les fontaines de la ville. Il va implanter des becs à gaz dans la ville, suite à l’invention de Jean-Daniel Colladon…
Politique
Sa carrière est également digne d’intérêt puisqu’il va s’investir pour ses concitoyens pendant près de 50 ans : au Conseil municipal, à la Constituante, au Conseil administratif, au Grand Conseil, au Conseil national, au Conseil aux Etats ; il refusera même une offre d’entrer au Conseil fédéral.
Cartographie - En 1832, alors Quartier-maître général de la Confédération, la Diète lui confie l’ambitieux projet de dresser le 1er atlas topographique de la Suisse. Les travaux vont durer 33 ans et aboutir à ce que l’on nomme toujours la « carte Dufour » au 1:100'000. C’est la toute première représentation politique visionnaire, bien avant 1848, d’un Etat fédératif sans les frontières des Etats qui la composent. Dessinateur de talent, sa technique des ombres va révolutionner la topographie Sa précision scientifique et sa réalisation artistique seront primées par une médaille d’or à l’exposition universelle de Paris, le 15.11.1855. Cette réussite reflète également la contribution du Club Alpin Suisse (CAS), dont Dufour a co-fondé la section genevoise, pour la collecte de renseignements précieux en haute montagne. Pas étonnant donc que le Conseil fédéral, en signe de reconnaissance, lui dédie son plus haut sommet entièrement suisse, la Pointe Dufour, à 4634 m.
Militaire
A son retour à Genève en 1817, il se met au service des troupes cantonales, dont on lui confie à plusieurs reprises le commandement. Sur le plan fédéral, il participe à la création, en 1819, de l’Ecole militaire centrale fédérale de Thoune qu’il dirigera quelques années plus tard et où il aura pour élève un certain Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III, avec lequel il va nouer une indéfectible amitié. La Diète le nomme à 4 reprises au poste de Quartier-maître général de la Confédération, c’est-à-dire Chef de l’Etat-major fédéral. Pendant 10 ans, il va se battre pour faire adopter un drapeau fédéral pour l’armée fédérale (brassard que vous retrouvez sur les gravures d’époque. Alors qu’il avait annoncé sa démission de l’armée pour fin 1847, la Diète lui confie en novembre le commandement en chef de l’Armée fédérale pour mettre un terme à la guerre civile du Sonderbund, mission dont il va s’acquitter avec intelligence et retenue, en 29 jours et des pertes humaines limitées à une centaine de morts, tout camp confondu. Par 3 fois encore par la suite, en 1849, 1856 et 1859, le Conseil fédéral mettra entre ses mains la sauvegarde de notre Pays. On doit notamment à Dufour un Cours de tactique, Mémorial pour les travaux de guerre, De la fortification permanente, plusieurs manuels d’instructions et d’armement.
A l’issue de la guerre, il recevra de la Diète une somme dont il tient à reverser une partie aux militaires des deux armées, car ils sont tous suisses. Sa statue de la Place de Neuve, avec ce geste invitant à l’apaisement, symbolise ce qualificatif de « Pacificateur » que seul, avant lui, Nicolas de Flüe avait reçu.
Humanitaire
Même si Dufour doute, au début, de la pérennité des propositions d’Henry Dunant dont il trouve difficile l’exécution, après 5 jours de réflexion, il estime que l’entreprise, de par ses enjeux, mérite d’être tentée. Dès lors, il va peser de tout son poids pour la faire aboutir. Les affaires ne trainent pas ; en 3 jours, on passe d’une simple proposition de créer une commission à la tenue concrète d’une 1ère séance, mardi 17 février 1863 : Le Comité international (et permanent) de Secours pour les militaires blessés est né ! Il est présidé par Dufour ; Dunant, secrétaire, relève dans son procès-verbal du jour que « Dufour y formula les conditions qui, selon lui, pourraient permettre de former des sociétés de secours ». Si Dunant défend avec détermination ses propositions, c’est Dufour qui préside la conférence diplomatique d’octobre 1863 et qui, très subtilement, amène les participants à se mettre d’accord, le 29 octobre 1863, sur 10 résolutions et 3 voeux, non contraignants, qui serviront de base à une nouvelle conférence à Genève le 6 août 1864, ponctuée, le 22 août, par la signature de la (1ère) Convention pour le secours des militaires blessés dans les armées en campagne. Il restera membre jusqu’à sa mort et participera à 214 des 227 séances du comité.
Décès et funérailles
En 1867, au décès de son épouse Suzanne, Dufour se retire définitivement de l’État-Major fédéral et de toutes ses fonctions publiques. A l’âge respectable de 88 ans, il s’éteint dans sa maison de Contamines. le 14 juillet 1875, un jour qui se veut comme un clin d’oeil à cette France dont il était si profondément imprégné. Les funérailles eurent lieu le 16 juillet et le cortège funèbre gagna le Cimetière des Rois (à Plainpalais), où il repose aujourd’hui, tombe no 701, aux côtés de son épouse bien-aimée Suzanne.
Sa maison
La maison dans laquelle il a vécu ses 30 dernières années est toujours là, au 9A rue de Contamines. Propriété de la Ville de Genève, elle est confiée aux bons soins de la Fondation Maison Dufour dont la 1ère mission est de la conserver, de la mettre en valeur et de l’ouvrir au public. Ce qu’elle fait en hébergeant actuellement (2e but) plus 30 associations civiles, patriotiques, militaires et patrimoniales comme la Société genevoise des Ecrivains, la Société genevoise d’Utilité publique, l’Association des Intérêts de Champel et Florissant la Société genevoise de Généalogie ou encore Les Salons du Général Dufour, à qui la Fondation a confié (3e but) la mission de faire (re)découvrir la vie et l’oeuvre de Guillaume Henri Dufour et qui organisent régulièrement des visites guidées des lieux, avec une conférence ou un film.
Jean-Jacques Langendorf
Historien, biographe du Général Dufour
Membre de la Commission historique des Salons du Général Dufour
Photo de couverture: Genève, Statue du Général Dufour et le Musée Rath 1906, ETH Library Zurich, Image Archive / Ans_08893, permalink DOI
Bonsoir
Merci pour vos partages, et voici encore plus avec Jean-Jacques Langendorf
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Amitiés Renata
Il se mariera le 10 septembre 1817 (mercredi), à Genève,
En Janvier 1832, il sera nommé officier de l'Ordre royal de la Légion d'honneur
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