Un homme haut en couleur !
Vissoie – Les salaisons du guide Gustave Clivaz
A proximité de la forge de Germain Crettaz, le maréchal-ferrant de Vissoie je rencontrais en 1967 un grand personnage, la voix basse, le regard vif, les sourcils épais et la moustache à la Jean Ferrat. Il se nommait Gustave Clivaz, (1905-1987), maître-boucher et guide de montagne. «Viens, je vais te montrer quelque chose».
Au fond d'une cave sombre
Et nous voilà descendus au fond d’une cave sombre et fraîche. Au bout d’un instant, son épouse Théotiste se présente, une lèchefrite chargée de viande. «C’est ici que je fabrique les meilleures salaisons». Il saisit alors un demi-tonneau de bois et disposa en cercles concentriques les morceaux de viande, lard, cuisse et jambons en les superposant.
Ensuite il les saupoudra de salpêtre, de divers sels, de poivre et d’herbes de montagne. Puis, il remit un couvercle sur lequel il déposa de lourds cailloux de granit. «C’est pour faire suer la viande !»
Cette démonstration accomplie, je le questionnai sur sa vie. Mais auparavant il sortit d’un papier gras quelques tranches de son jambon sec : «Goûte-moi ça ! Ferme tes yeux et tu verras passer les anges». Éclats de rires !
La première boucherie d'Anniviers
L’homme était très connu pour avoir ouvert la première et unique boucherie de la vallée d’Anniviers. Ses préparations charcutières et ses jambons étaient réputés.
En 1936, il avait épousé Théotiste Cotter et le couple avait eu six enfants. Il avait été aussi conseiller communal de Vissoie durant 4 périodes (16 ans), président du consortage de Zinal et porte-drapeau de la fanfare l’Echo des Alpe de Vissoie.
Un guide recherché
Cependant, son aura venait surtout des montagnes. Gustave Clivaz était un guide recherché, habile et prudent. Durant plus de dix ans, il a gravi tous les 4000 du centre du Valais dont le Cervin à maintes reprises mais surtout il avait signé l’ouverture sur l’Arête des Quatre Anes à la Dent Blanche. Rien que ça !
A sa retraite et après avoir remis son commerce à son fils Jean-Luc, ce passionné de montagnes s’offrit volontaire pour tenir le bureau des guides à Zinal.
Gustave est à gauche sur cette peinture de Serge Zufferey.
Au soir d'une vie bien remplie
Gustave Clivaz s’est éteint à l’âge de 82 ans et 51 ans de mariage avec Théotiste. Il avait une forte personnalité et un dynamisme à soulever...le Cervin.
En voilà une page d'histoire passionnante de votre magnifique région du Val d'Anniviers.
Le Val d'Anniviers est une région fascinante, riche d’une histoire forgée par la rudesse de la vie montagnarde et l’ingéniosité de ses habitants. Parmi eux, des figures marquantes comme Gustave Clivaz, guide de haute montagne, ont laissé une empreinte durable.
Gustave Clivaz faisait partie de ces guides intrépides qui ont accompagné des alpinistes à la conquête des sommets imposants des Alpes valaisannes. Son rôle ne se limitait pas à guider les aventuriers : il était aussi garant de leur sécurité dans un environnement impitoyable. À une époque où l’équipement était rudimentaire et où chaque ascension représentait un exploit, ces hommes démontraient un courage et une résilience extraordinaires.
L’histoire du Val d’Anniviers est jalonnée de récits de ces montagnards, qui ont su s’adapter à des conditions de vie extrêmes, que ce soit en hiver, avec des hivers rigoureux et des avalanches, ou en été, avec un travail harassant dans les alpages et les mines. Ces terres d’altitude étaient autrefois accessibles uniquement par des chemins escarpés, et chaque déplacement, chaque travail quotidien relevait de l’endurance et du savoir-faire transmis de génération en génération. Un très grand MERCI à Charly et Pierre-Marie pour le partage de vos souvenirs