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Repérage
L’ex UNIP de la rue d’Italie en 2023

L’ex UNIP de la rue d’Italie en 2023

29 avril 2023
Robert Di Salvo

L’UNIP à Vevey, rue d’Italie 56, en 2023 après transformation et rénovation: une page de l’histoire des commerces à Vevey

Ce bâtiment a été construit au milieu des années soixante du 20e siècle par les Nouveaux Grands Magasins S.A. pour y installer une succursale de leurs magasins « UNIP », connus aussi sous EPA UNIP ou EPA tout court. Il est l’oeuvre de l’architecte veveysan M. Pfäuti, en collaboration avec M. Burckhardt à Bâle.

Inauguré le 26 mai 1967, l’UNIP a fermé ses portes à la fin de 2005. La commune de Vevey a acquis le bâtiment en 2009. Les surfaces commerciales sont restées longtemps vacantes avant que le discounter DENNER ne loue le rez-de-chaussée en 2014 pour y créer une succursale supplémentaire.

A l’origine les fenêtres étaient à petits carreaux et un grand oriel formant un bandeau de neuf fenêtres groupées, également à petits carreaux, était présent en légère saillie au premier étage de la façade côté rue Sainte-Claire (façade de gauche sur la photo). Cette façade a été en quelque sorte « standardisée » lors de la transformation en reproduisant au premier étage des ouvertures identiques à celles du deuxième étage.

notreHistoire.ch
Identité visuelle de l'UNIP Vevey, rue d'Italie
1967
Identité visuelle de l'UNIP Vevey, rue d'Italie

L’UNIP était déjà présente à Vevey depuis le 15 décembre 1931 à la rue Paul-Cérésole. Cet Uniprix (ancienne raison sociale des Nouveaux Grands Magasins S.A.) proposait à l’origine un grand assortiment d'articles vendus à prix unique. Le bon développement des affaires a conduit la société à réaliser une succursale nettement plus grande et pourvue d’installations au goût du jour.

La nouvelle succursale de la rue d'Italie offrait une surface de vente de 1’550 mètres carrés soit trois fois plus que l'ancien magasin. Elle occupait trois étages : le rez-de-chaussée, le premier sous-sol et le premier étage. Des escaliers mécaniques reliaient les trois niveaux, le restaurant self-service de 155 places assises se trouvait au premier étage.

Mon père a travaillé sur ce chantier, vraisemblablement en tant qu’aide-monteur électricien de la Société Romande d’Electricité (SRE). Je me souviens qu’il se plaignait du froid glacial quand il devait poser les tubes de protection de câbles électriques « Symalen » de couleur orange en fond de coffrage.

Dès son ouverture, l’UNIP à la rue d’Italie est devenu un passage obligé lorsque nous allions en famille à Vevey le samedi, pour prendre un petit déjeuner à prix avantageux avant de poursuivre en direction du marché folklorique. Avec un arrêt du trolleybus VMCV juste devant en venant de Montreux, on y entrait en quelques pas.

Enfant, mon rayon de prédilection était évidemment celui des jouets situé au rez-de-chaussée, au fond à gauche vers l’escalier. Il n’y avait qu’un petit assortiment mais un grand choix de maquettes en plastique à construire, un loisir qui vivait son âge d’or à l’époque chez les garçons. L’UNIP avait il me semble l’exclusivité pour la Suisse de la marque anglaise Airfix dont elle proposait les modèles à un prix très avantageux. Premier prix pour une maquette d’avion à l’échelle 1/72 dans un sachet plastique : 1 Fr. 25 alors qu’un modèle de même taille d’un autre fabricant, dans une boîte en carton plus luxueuse, coûtait 2 Fr. 50 dans un magasin de jouets.

J’ai également des souvenirs de l’ancienne Uniprix à l’avenue Paul-Cérésole, des tables rondes à pied central du coin café pour consommer debout, avec une table de plus petit diamètre à mi-hauteur pour les enfants.

Deux choses achetées là-bas avec mes parents sont restées ancrées dans ma mémoire : Un cahier mystère qui n’avait que des pages blanches mais sur lesquelles on distinguait un fin relief. En frottant la feuille avec un crayon à papier tenu à plat les images apparaissaient de façon magique ! Plus tard mon père m’acheta ma première maquette à construire, début d’une longue série.

Lors du festival Images 2010 de Vevey, les surfaces occupées autrefois par l’UNIP, vidées de leur aménagement en vue des travaux de transformation, ont été utilisées pour des expositions éphémères consacrée à David Lynch, René Burri ou encore PAK Sheung Chuen.

Cette année-là, c’est avec nostalgie que j’ai découvert l’ex UNIP totalement mise à nu, en particulier la zone du restaurant que l’on voit partiellement sur la photo ci-dessous.

Robert Di Salvo
L'ex UNIP de Vevey vidée
12 septembre 2010
L'ex UNIP de Vevey vidée

La clientèle nombreuse et fidèle qui l’a fréquenté durant tant d’années se souvient certainement du tapis roulant qui longeait les façades sous les fenêtres. Pour desservir la table il suffisait de poser son plateau sur ce tapis par une des ouvertures dans le caisson qui habillait cet élément technique et la vaisselle sale arrivait directement à la laverie de la cuisine.

Ce restaurant self-service sans prétention, qui était également un lieu de rencontre apprécié de la population veveysanne et au-delà, a sa place dans ma galerie des souvenirs agréables de l’enfance.

Pour terminer, le bâtiment de l’ex UNIP en 2013, le chantier de transformation est en cours :

Robert Di Salvo
Le bâtiment de l’ex UNIP en 2013, le chantier de transformation est en cours
22 juillet 2013
Le bâtiment de l’ex UNIP en 2013, le chantier de transformation est en cours

Pour aller plus loin:

Feuille d'avis de Vevey, 1er juin 1967

"Le nouvel immeuble de la succursale UNIP" (Scriptorium)

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  • notreHistoire.ch

    Pour clore sa sélection de documents, Robert di Salvo nous raconte les transformations d'un lieu chargé de souvenirs pour lui, l'UNIP de Vevey. Etiez-vous comme lui adèpte du maquettisme ? Dites-le lui en commentaire.

  • Richard Mesot

    Merci, Robert, pour ces documents concernant l'UNIP de Vevey. Ils font remonter chez moi d'innombrables souvenirs. Les premiers datent de mon enfance, lorsque j'étais en vacances d'été à Châtel-St-Denis. Avec ma mère et mes sœurs, nous prenions le train, car il y avait jadis une ligne entre Châtel et Vevey, et nous descendions à la ville, comme disait maman, pour voir le lac, faire quelques achats et, bien sûr, manger à midi au restaurant de l'UNIP.

    Puis, quelques années plus tard, les chemins de la vie m'ont conduit sur la Riviera. Jeune enseignant au collège secondaire de Vevey, ne pouvant rentrer chez moi à midi, j'allais, avec quelques collègues, manger au restaurant de l'UNIP. Nous faisions la queue, et Maria, la cheffe de cuisine, qui se tenait là derrière son comptoir, prenait nos commandes. C'était une Italienne adorable, au caractère bien trempé. Elle aurait pu jouer sans peine dans un film de Fellini.

    Le menu coûtait alors à peine 10 francs, et c'était délicieux ! Et les desserts, parlons-en ! J'en ai encore l'eau à la bouche, particulièrement les éclairs au moka ou les mille-feuilles accompagnés d'un bon café. Le lundi matin, l'UNIP était fermé, mais pas le restaurant. Il nous fallait alors passer par la petite entrée qui donnait sur la rue du Collège, et qui ouvrait précisément à 12h00. Nous attendions sagement dans une étroite montée d'escalier, en écoutant les 12 coups de l'horloge de l'église St-Claire. Alors, la porte s'ouvrait et nous nous précipitions, comme des affamés, à l'intérieur du restaurant.

    Lorsque je suis venu habiter à deux pas de Vevey, je pouvais rentrer à la maison pour midi. Je ne fréquentais plus que sporadiquement ce vénérable restaurant. Mais chaque fois que j'avais l'occasion d'y aller, seul pour un instant, ou parfois avec ma femme et mes enfants, je n'hésitais pas. Ce lieu était chargé de quelque chose de particulier, d'innommable. Il avait ses habitués, avec qui on bavardait un instant ou avec qui on échangeait parfois un simple sourire qui en disait long. L'UNIP de Vevey était connu loin à la ronde ; on y venait pour faire ses courses, mais aussi pour y manger d'excellents mets dans un cadre simple et chaleureux.

    Un jour, on apprit que le magasin allait fermer. Les étals se sont vidés peu à peu, et l'ambiance est devenue moins sereine. Maria avait quitté le bateau, ainsi que d'autres collaborateurs. Le jour de la fermeture définitive, j'y suis allé avec ma femme pour boire un café et manger une pâtisserie qui, me semble-t-il, n'avait plus le même goût.

    Si un jour vous croisez un Veveysan, demandez-lui s'il a connu l'UNIP. Si c'est le cas, il va vous raconter une ou plusieurs anecdotes concernant ce restaurant et, à coup sûr, il va vous tenir la jambe pendant un moment. 😉

    • Robert Di Salvo

      Merci Richard pour ce témoignage émouvant de quelqu'un qui a fréquenté ce restaurant de manière bien plus assidue que moi ! C'est vrai que les desserts étaient appétissants, pour ma part j'avais un faible pour les glaces, qui se trouvaient au début du comptoir du self-service, avant un angle droit qu'il fallait négocier avec le plateau. Au début, un café glacé, avec de la crème Chantilly, coûtait moins de 3 Fr.--

    • Richard Mesot

      Oui, je me souviens très bien du comptoir en verre, qui mettait particulièrement en valeur les desserts, ainsi que de son angle droit qu'il fallait négocier avec prudence. 🤗🤍

Robert Di Salvo
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19 décembre 2024
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