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L. van Beethoven, Ouv. Leonore II, Op.72a, OSR, Ernest Ansermet, mercredi 14 novembre 1956

14 novembre 1956
OSR, Radio Télévision Suisse
Radio Suisse Romande, R.Gagnaux, sources indiquées dans le texte

**Ludwig van BEETHOVEN, Ouvertures de Leonore/Fidelio, Ouverture de Leonore No II, Op. 72a, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest ANSERMET, 14 novembre 1956, Victoria Hall, Genève

Ludwig van Beethoven a fait plusieurs essais pour composer l'ouverture de son opéra 'Fidelio', d'abord sous le nom de 'Leonore': il en résulta quatres préludes qui ont des liens différents avec l'opéra. Leurs noms actuels 'Ouverture de Leonore No I', 'Ouverture de Leonore No II' et 'Ouverture de Leonore No III' ainsi que 'Ouverture de Fidelio' ne renseignent toutefois que peu sur leur origine et leur emploi. En plus il y a trop souvent une confusion entre les différentes versions, même dans les catalogues de disques...

Beethoven compose son opéra sur un livret de Joseph Ferdinand von Sonnleithner, Stephan von Breuning et Georg Friedrich Treitschke (se basant sur le livret de l'opéra 'Léonore ou L'amour conjugal' composé en 1798 par Pierre Gaveaux sur un livret de Jean Nicolas Bouilly). Il termine sa première version de l'opéra en novembre 1805, avec l'ouverture qui porte aujourd'hui le nom de Leonore No II - composée après qu'un cercle de ses amis eût trouvé la première ouverture trop simple et pas assez caractéristique pour le contenu de l'oeuvre - d'où ce numéro II. La première représentation a lieu le 20 novembre 1805 au 'Theater an der Wien'.

Cette Ouverture de Leonore No II est "[...] une vaste page symphonique présentant tout le mouvement de l'opéra depuis l'atmosphère lourde et sombre de la prison, le caractère dramatique de l'action, l'arrivée de Don Fernando annoncé par le célèbre appel de trompette, et la joie extatique de la libération [...]" (citation extraite de la page en français de Wikipedia.

L'opéra n'a toutefois pas de succès, Stephen von Breuning - un ami intime de Beethoven - réduit l'oeuvre en deux actes. Pour la première de l'opéra remanié du 29 mars 1806 - également au 'Theater an der Wien' - l'ouverture fut également révisée, c'est l'ouverture qui porte aujourd'hui le nom de Leonore No III, et qui est un remaniement de l'ouverture précédente.

En 1814 - pour une troisième et dernière révision de l'opéra - Beethoven compose une nouvelle ouverture, sa version définitive qui porte aujourd'hui le nom d'Ouverture de Fidelio, et qui est très différente des ouvertures précédentes. Elle est considérablement plus courte: la longueur et le caractère dramatique des ouvertures de Leonore No II et No III contrastait trop avec le duo semi-comique qui ouvre le premier acte de l'opéra, d'où cette nouvelle ouverture.

Et - juste pour compliquer l'histoire... - L'ouverture portant aujourd'hui le nom de Leonore No I n'est pas la toute première version, qui fut détruite: Beethoven a composé cette Ouverture de Leonore No I probablement en 1807 pour une représentation à Prague, qui n'eût toutefois pas lieu.

L'ordre chronologique de composition est donc Ouverture de Leonore No II, Op. 72a, Ouverture de Leonore No III, Op. 72b, Ouverture de Leonore No I, Op. 138, et Ouverture de Fidelio, Op. 72c. Pour plus de détails, voir par exemple la page correspondante en français de Wikipedia.

Très intéressant est un texte paru dans la revue "Neue Zeitschrift für Musik", Vol. 12, No 5, du 14 janvier 1840. Voir la fiche de cette photo: http://www.notrehistoire.ch/group/ernest-ansermet/photo/55378/.

... en écoutant la 2e vous perdrez la faculté de penser, supposait-il (Beethoven), se remettait au travail, laissant passer dans sa tête le contenu de ce drame bouleversant et chantait encore une fois les grandes souffrances et la grande joie de sa bien-aimée; elle est démoniaque, cette 2e, dans ses détails encore plus hardie que la 3e ... (traduction du passage délimité dans le texte en allemand par {* *}, publiée au verso du disque Eurodisc 70 373 KK).

Pour une description plus détaillée de l'Ouverture de Leonore No II, Op. 72a, voir la citation extraite du texte publié au verso du disque STS-15068: http://www.notrehistoire.ch/group/ernest-ansermet/photo/55377/.

La partition de cette ouverture peut être téléchargée sur cette page de l'IMSLP.

Ernest ANSERMET
a dirigé plusieurs fois les 4 ouvertures en concert, toutefois jamais ensemble, toujours dans des concerts différents.
Pour le disque il n'a enregistré que les Ouvertures de Leonore No II et No III, ainsi que l'Ouverture de Fidelio, donc les 1ère, 2e et 4e ouvertures dans l'ordre chronologique de leur composition.

*L'enregistrement de l'Ouverture No III est toutefois un cas très particulier: il aurait du paraître en 1958 sur les disques SXL 2003 resp. CS 6037 en complément de la symphonie No 5, mais il fut remplacé par un enregistrement de l'Ouverture d'Egmont, fait pendant les mêmes sessions du 1er au 23 avril 1958. La discographie de Philip Stuart mentionne pour cette Ouverture de Leonore No III "Unpublished [band number SAR1560]": probablement que c'est Ernest Ansermet lui-même qui s'est opposé à sa publication. Si une personne visitant cette page devait en savoir plus, tout renseignement m'intéresse!
Cet enregistrement n'est paru que beaucoup plus tard, en 2009, sur le double CD mentionné dans la fiche de l'enregistrement fait pour le disque: je ne peux donc que renvoyer à ce double CD pour cette Ouverture de Leonore No III, n'ayant pas (encore?) d'autre enregistrement.
En fait pas trop grave, l'Ouverture No III n'étant pas très différente de l'Ouverture No II: en ce qui me concerne, je préfère nettement l'Ouverture No II, qui est plus dramatique, plus démoniaque, exactement comme décrit dans l'article de 1840.

En ce qui concerne l'ouverture de Leonore No I, Op. 138, je n'en connais pas (encore?) d'enregistrement de concert: dommage, car cette ouverture est assez différente des autres.*

L'Ouverture de Leonore No II...

Je vous en propose deux interprétations: la première ouvrait le concert du mercredi 14 novembre 1956, donné dans le Victoria Hall de Genève, un concert extraordinaire en faveur de la Ligue genevoise contre la Tuberculose et de la Croix-Rouge genevoise: l'Orchestre de la Suisse Romande, sous la direction d'Ernest ANSERMET - et avec le soliste Pierre FOURNIER - interprétaient l'Ouverture de Léonore No 2 de Beethoven, le Concerto en ré mineur pour violoncelle de Lalo, le Concerto en si bémol pour violoncelle de Boccherini et - en hommage à la Hongrie - l'Élégie et le final du Concerto pour orchestre de Béla Bartok. Le concert fut retransmis en direct sur l'émetteur de Sottens (Ref.: Gazette de Lausanne, 14.11.1956, page 3, rubriques Les belles auditions; Journal de Genève, 15.11.1956, page 10, CR de Franz Walter). Les applaudissements à la fin sont coupés, comme c'était à cette époque souvent l'habitude, l'enregistrement est en monophonie.

L'enregistrement que vous écoutez:

Ludwig van Beethoven, Ouvertüre Nr. II zur Oper 'Leonore' (Fidelio), Op. 72a, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet, Concert du 14 novembre 1956, Victoria Hall, Genève (Adagio - Allegro 13:37)

Radiodiffusion (Archive Radio Télévision Suisse) -> WAV -> MP3 320 kbps
Du fait de sa première diffusion par la radio il y a plus de 50 ans, et le compositeur et autres ayants droits décédés il y a plus de 70 ans, cet enregistrement est libre de droits - conformément à notre législation suisse, la première diffusion radio étant considérée comme une première publication.

Pour le deuxième enregistrement - pour le disque - voir le fichier audio http://www.notrehistoire.ch/group/ernest-ansermet/audio/1422/.**

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  • Sylvie Bazzanella

    Une pure merveille :-)

  • Martine Desarzens

    Comme c'est intéressant de nous proposer ces deux interprétations ! Ce n'est pas "regards croisées" mais "oreilles croisées"...... Ma préférence va clairement à cet enregistrement du concert du 14 novembre 1956 ! Je ne peux pas dire si cela tient à la qualité de l'enregistrement, à la direction, aux instruments ou à l'exécution des musiciens..... Merci cher René pour ces enregistrements.

  • René Gagnaux

    Merci pour vos commentaires, chère Sylvie et chère Martine! Laquelle des deux est ma préférée... J'avoue que je n'arrive pas à me décider. Les deux sont splendides. Je trouve l'enregistrement de concert plus dramatique, plus passionné que celui du disque. Ce dernier est plus - comment dire... - plus "intellectuel", probablement tout simplement parce que dans l'enregistrement pour le disque on a le temps de reprendre certains passages, de les étudier plus profondément. L'enregistrement de concert est bien sûr l'expression d'un moment, d'une certaine ambiance, c'est toujours l'avantage d'une prise de son de concert par rapport à une prise de son pour le disque. Mais l'enregistrement fait pour le disque a aussi ses particularités, une ambiance poignante... Donc je n'arrive pas à me décider! :-)

  • Martine Desarzens

    Merci pour vos commentaires, j'ai fais une ré-écoute des oeuvres différente après vos lignes. Et puis, Ernest Ansermet avait une direction si imprégnée de sa personnalité et de sa culture de la musique. Ces oeuvres sont magnifiques...MERCI !

René Gagnaux
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1 août 2013
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