L'école ménagère rurale de Marcelin-sur-Morges
L'école ménagère rurale de Marcelin dans le canton de Vaud a formé des générations de jeunes femmes aux métiers de l'intendance domestique. Créée en 1922, l'institution partage son campus avec l'Ecole d'agriculture, réservée aux jeunes gens qui se forment aux métiers de la terre.
Une école en autoconsommation
Le système est pensé pour que l'établissement vive en "autoconsommation" et cela bien avant que les enjeux écologiques n'intègrent les politiques publiques cantonales. Les fruits et légumes cultivés par les apprentis paysans sont ainsi préparés par les apprenties ménagères. La saisonnalité des plats et le circuit fermé sont deux valeurs intrinsèquement liées aux pratiques d'enseignement,
Confiture, avec les fruits d'été ou d'automne, conserves de légumes, congélation des fruits, des légumes, des viandes, des plats préparés, tout est mis en œuvre pour apprendre à vivre en économie fermée, ce qui n'empêche pas l'ouverture
Martine Thomé, "L'Ecole ménagère rurale de Marcelin-sur-Morges", in Habitation, n°49, 1976, p. 12
Une formation solide
Les jeunes filles qui fréquentent l'établissement sont solidement encadrées. Chaque semaine comprend 14 heures de cours théoriques et 28 à 30 heures de cours pratiques. Toutes les élèves suivent ensemble les cours théoriques, mais pour la formation pratique, les classes n'accueillent que dix participantes, cela pour faciliter la supervision de l'enseignante.
L'équipe de cuisine — assume tous les repas pour quarante personnes, cuisinant aussi bien à l'électricité qu'au gaz ou au bois. Les gâteaux pour les jours de fête ou le thé ne sont pas oubliés.
L'équipe de couture — travaille pour elle-même. Un maximum de liberté est laissé aux jeunes filles qui apprennent les bases de la couture en confectionnant des articles pour enfants, tels que des tabliers, des salopettes ou encore des cape-sortie de bain. Leurs réalisations "ressemblent à s'y méprendre à du travail de professionnelle".
Après avoir démontré leurs aptitudes, les jeunes filles sont libres de se confectionner un vêtement pour elle-même: chemisier, jupe, robe, pantalon, cape, etc. Chacune choisit son patron parmi ceux offerts dans le commerce, afin d'être dans les conditions de la vie réelle.
L'équipe "mixte" — a une semaine plus variée, puisqu'elle aborde la pratique des autres disciplines: lessive (avec des machines à laver à programme), repassage (manuel et avec différentes calandres), broderie (aussi à la machine), bricolage (macramé, travail de la paille, vannerie, vases ou lampes, technique des cailloux pris dans du ciment et laqués, céramique, etc.), secourisme.
Chaque semaine, les équipes permutent afin que chaque élève accomplisse tous les travaux pratiques. La formation durant 5 mois par an, la pleine autonomie des candidates est visée. Les élèves qui fréquentent l'école ont entre 17 et 24 ans. Certaines viennent de la campagne et se destinent à épouser un agriculteur, d'autres au contraire pensent s'installer en ville et l'école fait une transition. Mais la moitié environ des élèves viennent de la ville dès les années 1970.
Puériculture
Parmi les spécificités de l'école de Marcelin, des bébés sont accueillis dans l'établissement. Les élèves ne «travaillent» pas sur des poupées, mais les jeunes filles ont de vrais poupons à leur disposition. Cet élément représente une singularité.
En effet, l'école abrite en permanence deux ou trois bébés qui peuvent passer là leur première année, comme ils la passeraient en pouponnière. La «pension» est pour eux entièrement gratuite. Les mamans peuvent les reprendre le soir ou les laisser pour la nuit. C'est là une grande chance offerte aux mères célibataires.
Martine Thomé, "L'Ecole ménagère rurale de Marcelin-sur-Morges", in Habitation, n°49, 1976, p. 14
notreHistoire.ch s'intéresse à ses enfants, avez-vous été l'un d'eux ou l'une d'elle? Vos souvenirs et anecdotes contribueront à enrichir ce récit.
Source
Martine Thomé, "L'Ecole ménagère rurale de Marcelin-sur-Morges", in Habitation, revue trimestrielle de la section romande de l'Association Suisse pour l'Habitat, n°49, 1976, pp. 12-15.
(en ligne) doi.org/10.5169/seals-127852
(consulté le 15.09.2022)
Image de couverture
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