En mars 2022, j'ai rencontré l'un des producteurs historiques de Temps Présent, André Gazut. Ce photographe français, insoumis et réfugié en Suisse au début des années 60 pour éviter de combattre en Algérie fut très actif dans le combat moral pour la fin de la colonisation française. Très vite, dans nos échanges, le nom de Jean Mayerat est apparu. Jean Mayerat a eu ce passé de militant passionnant. Dans l’entretien réalisé quelques semaines plus tard avec cet Yverdonnois vivant aujourd'hui à Rolle, Jean Mayerat raconte son action, le fait qu'il fut emprisonné pour ses idées et que son travail d'homme d'image a pris plusieurs tournants, de la découverte de sa région et de sa richesse intellectuelle, industrielle et créative jusqu'à la création de « Plans Fixes ». Voici ce qu'écrit Pierre Jeanneret pour Mouvement : "Jean Mayerat est issu du milieu ouvrier. Il est né à Yverdon le 31 mars 1929… le jour de Pâques. Il affirme cependant aujourd’hui son «athéisme joyeux». Sa vie commence par un drame: le décès de sa mère. Malgré cela, il connaît une enfance heureuse. Il fréquente l’école primaire jusqu’à quinze ans, puis est porteur de pain à Zurich en 1944-45. Ensuite il entre à la Poste comme facteur. Pendant toute sa jeunesse, il fréquente la cabane des Amis de la Nature aux Cluds sur Bullet, dans le Jura vaudois. Cette organisation avait été fondée en Autriche en 1890 pour essayer de sortir la classe ouvrière de l’ivrognerie et la faire accéder à la culture. Dans cette cabane se déroulent des discussions passionnées entre des ouvriers très cultivés, appartenant aux deux composantes de la gauche: sociale-démocrate et marxiste. C’est pour Jean une école de vie. Il a toujours été aussi un lecteur passionné: Gorki, Panaït Istrati, Balzac, Victor Hugo, Zola… D’octobre 1947 à l’été 1949, il est à Bâle. Là, il développe une formation politique et culturelle. En 1950, il adhère tout naturellement au POP à Yverdon. Il y avait tant à faire à l’époque: correction des eaux de la Thièle, construction d’écoles et de logements ouvriers… Il est un membre actif du parti, et du Conseil communal, dont il assume la présidence en 1956. Il subit le contrecoup de son engagement. En 1950, le Conseil fédéral prend des mesures d’esprit maccarthyste contre les fonctionnaires jugés «indignes de confiance», les communistes bien sûr… Dans le canton de Vaud, trois employés sont exclus de la Poste. Vu son jeune âge, Mayerat est «rétrogradé au provisoire». Il quitte les PTT en 1953 et fait un apprentissage de dessinateur-architecte. Chaque changement dans ses activités l’a fait progresser. On est alors en plein processus de décolonisation. A Yverdon, il y a la présence de déserteurs français, qui refusent de participer à la guerre d’Algérie. Plusieurs militants de gauche apportent une aide au Front de libération nationale algérien. Mayerat fait deux transports en France du journal du FLN, El Moudjahid, qui est imprimé en Suisse. Au deuxième, le 13 août 1960, il est intercepté et arrêté à la douane, avec son épouse Anne-Marie. Dans les locaux de la police, il n’est pas vraiment torturé mais subit des sévices physiques et psychologiques. Puis il y a procès. Anne-Marie Mayerat est condamnée à la durée de la préventive. Quant à la fin de l’URSS, Jean Mayerat la ressent de manière ambivalente. C’est à ses yeux un désastre, car l’édification du socialisme en Union soviétique était liée à un espoir mondial pour des millions de gens. Il est de ceux qui ont longtemps cru qu’après les crimes de Staline, le système était réformable. Avec sa caméra Paillard, la Rolls de l’époque, Jean Mayerat réalisera plusieurs films. Lire la suite ici : gauchebdo.ch/2019/03/14/jean-m...
Entretien réalisé par David Glaser pour notreHistoire.ch
Histoire des jeux vidéo en Suisse romande
Vous souvenez-vous de votre première partie de PONG, Mario ou Freecell? Ces souvenirs font partie d'une histoire proche que le GameLab de l'UNIL-EPFL cherche à documenter. Guillaume Guenat nous explique pourquoi les jeux électroniques sont aujourd'hui sous la loupe des chercheurs.