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Le garnement des ondes vous dit "Bonjour"

Notre membre Roger Monnard, ancien employé des éclairages du Théâtre de Vidy, a une passion pour les chansonniers suisses, un peu persiffleurs, beaucoup irrévérencieux, maîtres du jeu de mot à la Pierre Dac ou à la Desproges. Roger a publié une série sur Jack Rollan sur notreHistoire.ch. Roger a acheté dans une brocante la collection des "Bonjour de Jack Rollan", des "Bonjour-s" rigolos, franchouillards (l'épisode 3 sur De Gaulle), caustiques, craquants, magnifiques... Ils étaient publiés tous les mois sur des disques 33 tours cartonnées. Le pied dans la boîte au lettre, de la radio interdite sur le pick up, c'était bath. Mais qu'entends-je? Vous ne vous souvenez pas de Jack Rollan (photo de 1920 en compagnie de son père, archives cantonales vaudoises)? Voici quelques lignes d'histoire:

Jack Rollan (ou Louis Plomb pour le civil) a écrit de belles pages pour la « radio romande », que ce soit à Genève ou à Lausanne, il fut un touche-à-tout de l'écriture au service de l'humour, de l'humain, du jeu de mots, du mot d'amour, de l'amour du calembour... Un as du stylo, un boss du micro. Le Lausannois est une Genevois d'origine qui a grandi sur les bords du Léman, son phare, son puits pour se ressourcer (ses cendres y ont d'ailleurs été dispersées). "JR" a acquis ce sobriquet de Jack Rollan, un "blase" modeste et génial pour ne pas être plombé par le patronyme paternel. Normal que de s'appeler Rollan quand on est chansonnier, érudit de la "geste verbale" qui tire en plein coeur des auditeurs. De la chanson de geste audio, délivrée avec aplomb pour Rollan/Plomb, tout un programme.

Apprenti de Gaston de Jongh

L’homme a fait ses premiers pas dans le domaine artistique en tant qu’apprenti du photographe Gaston de Jongh, avant d’enchaîner comme figurant-accessoiriste au Théâtre municipal de Lausanne. Il s’oriente vers le chant et avant la deuxième guerre mondiale travaille la batterie. L'homme ajoute la musique aux mots, ça ne le quittera plus. En 1941, il est dispensé de service militaire et file tout droit vers la radio. D'abord à Radio Genève où il rayonnera dans certains cercles de la société qui se gaussent des persifflages.

Rollan prend les ondes et devient populaire grâce à ses satires du monde politique. Il y est prolifique. A Genève, il s’engage dans l’animation d’une émission hebdomadaire nommée « La Gazette en clé de sol » : succès. En 1943, il rejoint Radio Lausanne après avoir plombé Plomb et donc changé pour Jack Rollan. Le « Bonjour de Jack Rollan » va être une signature parmi tant d’autres activités, on lui doit le lancement de la Chaîne du Bonheur avec Roger Nordmann.

Naissance du "Bonjour"

Le 14 octobre 1952, les auditeurs entendent le « Bonjour de Jack Rollan » pour la dernière fois. L'animateur y dénonce les agissements d'un régisseur genevois. Il ne veut pas s’excuser auprès de lui. Son sort est scellé dans les bureaux de la Sallaz: il est viré de Radio Lausanne! Drame! Mais tel un phénix, "JR" renaît.

Après son départ de la radio, il lance son propre journal hebdomadaire, Le Bon Jour de Jack Rollan, le faisant paraître de 1952 à 1959, à un rythme plus ou moins régulier mais avec un succès plutôt honnête, 135 numéros avec une pointe à 100 000 exemplaires. Pas mal pour un indépendant éloigné des ondes. Jack Rollan fait de l'investigation, lâches des bombinettes d'affaires urbaines et appelle des artistes à la rescousse comme le dessinateur André Paul.

Une chronique interdite de radio sur 33 tours

Avec André Paul justement, entre 1959 et 1960, Jack Rollan lance, sur le principe d'abonnement, le « Bonjour sonore » sur des disques microsillons. Jack Rollan fait son chemin dans le monde du spectacle. Par le biais de ses émissions de radio, de ses propres journaux ou de ses chroniques de presse, Jack Rollan n'a cessé de dénoncer ouvertement, et parfois à son détriment, ce qui le révolte.

Son rôle de personnage public lui permet de donner une certaine visibilité aux causes pour lesquelles il milite. Son engagement va souvent plus loin que le journalisme, comme en 1954, lorsqu'il lance avec Samuel Chevallier une initiative populaire pour la réduction des dépenses militaires, ou lorsqu'il entame une grève de la faim pour soutenir celle du fondateur de Terre des Hommes, Edmond Kaiser.

Il a suscité bon nombre d'inimitiés et a dû faire face régulièrement à des attaques virulentes, des menaces, ou des procès. Il invente alors une astucieuse parade et neutralise ses détracteurs par le ridicule en publiant leur prose dans "Mes lettre d'injures".

David Glaser (avec Wikipedia)

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