Photos de classe: pose ou grimace?
Au Musée de Carouge se tient actuellement une exposition sur la photo de classe. Ce sujet aussi rassembleur que populaire est bien connu des membres de notreHistoire.ch. En effet, avec ses 59'654 vues, la galerie "Photos de classe" est un hit de la plateforme. C'est d'autant plus vrai que certaines photographies publiées dans cette galerie sont actuellement présentées dans l'exposition carougeoise! Nous sommes allés à la rencontre de Benoît Boretti, directeur du Musée de Carouge et de Marie-Françoise Guillermin, éminente contributrice de la plateforme dont les souvenirs sont maintenant visibles au musée.
Comment vous est venue l’idée de vous intéresser aux photos de classe?
Benoît Boretti, directeur: Initialement, notre intention était de créer une exposition sur les écoles de Carouge. Cependant, nous cherchions une approche moins classique, qui puisse toucher directement le public et créer un lien émotionnel avec le sujet. C'est ainsi que nous avons convergé vers l'idée de la photographie de classe, ce rituel annuel qui marque la mémoire de chaque écolier. La photographie de classe s'est imposée comme fil conducteur de notre exposition car elle représente un témoin constant depuis la fin du 19e siècle jusqu'à nos jours. Cette continuité en fait un outil précieux pour observer l'évolution de l'institution scolaire. Ces images nous permettent d'explorer de nombreuses facettes de la vie scolaire : l'évolution des effectifs, l'apparition progressive de la mixité, les changements vestimentaires, la place du corps enseignant dans la composition, l'architecture en arrière-plan et les postures des élèves. À travers ces multiples lectures, nous pouvons observer à la fois les changements profonds et les permanences subtiles qui ont marqué l'école carougeoise au fil des décennies.
En préparant l’exposition avez-vous fait des découvertes surprenantes sur l’histoire de photographes, d’élèves ou d’enseignants carougeois? Qu’est-ce qui a le plus frappé votre esprit durant ce projet?
Benoît Boretti, directeur: Ce qui nous a le plus frappés dans notre analyse, c'est la permanence de certains aspects de la photographie de classe à travers le temps. Malgré l'évolution des techniques photographiques et des styles vestimentaires, elle demeure un rituel social fondamental, conservant toute son importance tant pour l'institution scolaire que pour les parents et les élèves. Si les poses se sont indéniablement assouplies au fil des décennies – les clichés anciens étant caractérisés par une grande rigueur et une discipline marquée – la photographie "sérieuse" reste la norme. Certes, les photographes proposent aujourd'hui souvent une prise de vue plus décontractée en complément, mais c'est invariablement la version posée qui remporte la préférence des familles. La photo de classe constitue ainsi un objet de mémoire universel, une trace tangible du passage à l'école que des générations entières conservent précieusement. Elle transcende les époques pour demeurer un marqueur significatif de notre parcours scolaire.
Quels sont vos souvenirs de photo de classe et plus largement de photos dans votre enfance?
Marie-Françoise Guillermin: Pour les photos de classe, je me rappelle que le photographe venait spontanément. La maîtresse en était informée, mais je n'ai pas le souvenir d'avoir inscrit sa visite dans mon cahier de devoirs. Cette spontanéité transparaît dans une de mes photos, puisque je porte un tablier très simple. Une fois la photo développée, on proposait aux familles des élèves de l'acheter. Certains de mes camarades ayant peu de moyens ne pouvaient pas se la procurer. Les photos de mes classes n'étaient ni encadrées, ni exposées chez moi. Elles étaient soigneusement rangées dans des albums. Au Musée de Carouge, l'accrochage suit cette logique, puisque les photos de classes présentées au public n'ont pas été encadrées. Le photographe scolaire faisait aussi des portraits individuels des élèves. Ces portraits ne font pas partie de l'exposition.
Parmi les photos posées de mon enfance, je me rappelle très bien être allée chez le photographe à la Corraterie. Mes parents m'y ont emmenée à plusieurs reprises, sans pour autant que ce soit lié à mon anniversaire ou à des fêtes rituelles. Je me rappelle qu'une fois la séance de pose terminée, nous recevions à la maison une planche contact et un carton qui permettait de sélectionner les tirages dont nous souhaitions un agrandissement. Ce dispositif, visible parmi mes documents mis en ligne, a aujourd'hui disparu. Il était très pratique pour isoler une image.
INFORMATIONS
Exposition "Photos de classe: pose ou grimace?"
Où Musée de Carouge du 25 janvier au 27 avril 2025
Horaires Mardi à dimanche de 14h-18h, entrée libre
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