Vos photomatons au Musée national suisse
Depuis quelques années, on parle beaucoup de selfies. Le boom des médias sociaux y est pour beaucoup, mais avant l'apparition des smartphones, les autoportraits étaient pris au photomaton. Souvent installé dans les gares ou les supermarchés, le photomaton a marqué la culture visuelle du 20e siècle. Il servait à prendre et à développer rapidement des photos pour des documents officiels. Grâce à ses prises de vue bon marché, le photomaton est devenu populaire pour prendre des photos entre amis ou amoureux.euses. La cabine à rideau permettait de laisser libre cours à l'imagination. Les grimaces, les déguisements et les baisers pouvaient s’y donner à l’abri des regards indiscrets.
Le Musée national suisse lance un appel à travers toute la Suisse pour récolter des photos prises au photomaton. notreHistoire.ch se fait le relai de cet appel. Aaron Estermann, conservateur de la photographie historique, nous explique le projet auquel vous êtes tous.tes invité.e.s à participer.
Dans quel but le Musée national suisse recherche-t-il des photos prises avec un photomaton ? La collection du musée était-elle incomplète ?
L'impulsion qui a initié la collecte de photos d'automates est venue lors de la préparation de l'exposition du 175e anniversaire de la Constitution fédérale, qui sera présentée en 2023 au Musée national de Zurich. La Constitution fédérale n'est physiquement qu'un morceau de papier – mais elle nous concerne toutes et tous, puisque nous vivons en Suisse.
Pour mettre l'accent sur l'individu, l'exposition comporte deux sections présentant une galerie de portraits. Pour le 19e siècle, la population suisse est représentée par des portraits carte-de-visite, qui étaient produits en grand nombre dans des ateliers photographiques, puis échangés et collectionnés. Nous nous sommes demandé quel type de photographie remplissait une fonction similaire à la fin du 20e siècle et nous sommes arrivés aux photomatons. Ces photographies, réalisées par des automates, étaient elles aussi produites en grand nombre, pour être échangées et collectionnées.
Le Musée national suisse possède dans sa collection un photomaton de la firme Schnellphoto AG qui se trouvait jusqu'en 2006 sur le quai de la gare à Zurich, mais la collection ne possèdait guère de photos prises par des photomatons. C'est pourquoi nous avons décidé de lancer un appel à collecte auprès du public.
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Est-il habituel que le Musée national suisse organise une collecte de grande ampleur?
C'est la première fois que le Musée national suisse lance une collecte aussi large pour réunir des objets.
Idéalement quel résultat espérez-vous atteindre par cette collecte ?
Pour que l’exposition soit réussie, nous espérons recevoir beaucoup de belles images réalisées dans des photomatons. Mais il est tout aussi important pour nous que ce type de photographie fasse son entrée dans notre collection historique. Notre collection ne doit pas seulement refléter l'utilisation de la photographie dans le domaine public et commercial, mais aussi dans le domaine privé.
Les photos prises au photomaton combinent plusieurs aspects intéressants : elles ont souvent été réalisées pour des documents officiels, mais elles ont aussi servi d’objets d'échange, contribuant à renforcer des liens familiaux ou d’amitié. Elles sont un exemple tangible de la manière dont la photographie est utilisée comme moyen de communication.
Le simple fait de se rendre dans un photomaton constituait déjà un happening, dont beaucoup de personnes ont un souvenir vivant. Les commentaires reçus sur Facebook lors du lancement de l’appel en témoignent. Les photomatons sont liés à des émotions. Maintenant que les automates analogiques se font rares, nous souhaitons rendre hommage à cette pratique et en conserver le témoignage pour la postérité. Nous sommes également ravis que des personnes vivant en Suisse contribuent à la collection du Musée national et puissent décider elles-mêmes des photos d'automates qu'elles souhaitent nous confier pour une conservation à long terme.
Nous souhaitons en outre recevoir des contributions de toutes les régions du pays. Les photos d'automates seront certes d'abord exposées à Zurich. Mais en tant que Musée national suisse, nous aimerions représenter toutes les personnes vivant en Suisse. Et qui sait ce que l'avenir nous réserve ? Peut-être que les photos seront un jour exposées au Château de Prangins, notre antenne en Suisse romande.
Comment faire pour vous transmettre des images ? Quand et où seront-elles exposées ?
Nous recherchons des photos de distributeurs automatiques prises entre 1971 et 1999, en noir et blanc ou en couleur, dans un photomaton en Suisse. Les personnes souhaitant nous envoyer leurs images doivent le faire par voie postale en accompagnant leur envoi du formulaire disponible en ligne sur notre site internet. Nous acceptons jusqu’à 8 photos originales prise au photomaton par personne. Idéalement, nous souhaiterions recueillir les noms de toutes les personnes photographiées au dos des imagettes et, si possible, avec une indication du type de relation qui liait les personnes photographiées au moment de la prise de vue (ami.e.s, frères et sœurs, etc.), ainsi que la date et le lieu de la prise de vue.
Le résultat sera visible au Musée national de Zurich à partir du 17 mars 2023 !
Pour participer, toutes les informations utiles sont disponibles sur le site du Musée national suisse.
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