Les Gertsch sont restés attachés au bois

De Lauterbrunnen à la Brévine, puis à Fleurier
Jean-François Gertsch

« An der Ledi » a été longtemps le lieu de résidence des Gertsch. Petrus Gertschus y vivait déjà en 1594.

Christen Gertsch, né vers 1590-1600 est laboureur « an der Ledi » , un hameau situé entre Lauterbrunnen et Wengen. Il se marie en 1622 avec Anni Bückli, avec qui il a eu 10 enfants. La famille est décimée par la peste. Seule Anni et son fils Heini survécurent.

En 1657, Heini paie un impôts foncier pour ses pâturages, soit 3 schillings, somme correspondant à peu près à l’hivernage d’une vache. Par la suite il paiera, pour le droit de passage, 7 schillings et une livre, afin de pouvoir y faire les foins, les regains et ramener le fourrage au chalet.

Heini, propriétaire du chalet « an der Ledi » a, dans son étable, 2 vaches, un troupeau de chèvres et de moutons. Né en 1624, il épouse à 20 ans Barbara Rubi. Ils baptisent leurs quatre enfants à Lauterbrunnen. Barbara, Christen, Margret, Elsbeth. Christen est baptisé en 1648. En 1670, il se marie avec Margreth Bishof. Leurs quatre enfants sont baptisés à Lauterbrunnen. Margreth, Elsbeth, Christen, Cuni. Ce dernier est baptisé en 1680.

Cuni reprend le chalet « an der Ledi », homme estimé, juge au tribunal et administrateur de biens. Il se marie en 1705 avec Leni Glaus. Ils ont trois enfants : Cuni, Christen, Anna.

Cuni, baptisé en 1711, passe sa vie « an der Ledi ». Très estimé comme son père, il siège au tribunal inférieur, est administrateur de la bourse des pauvres et bailli de la chambre de Charité, et juge à la cour. Il épouse Madle Gertsch en 1736. Ils ont trois enfants : Cunrad, Magdalena, Peter.

Cuni et sa femme sont décédés d’une maladie foudroyante d’une épidémie dans la région : un ictère (jaunisse).

Né vers 1741-42, Peter s’établira « an der Ledi ». Il possède un alpage pour y estiver une vache. Il versera pour ce droit, 2 livres or est dix schillings moins deux pfennig. A titre de compagnon paysan de montagne et de bourgeois, il pouvait faner et récolter foin et regain sur les alpages communaux pour ses chèvres, moutons et pour sa vache. Homme distingué, lettré, il faisait partie du tribunal inférieur, comme son père et son grand-père. En 1766, il épouse Elisabeth Lauener. Ils ont trois enfants : Elsbeth, Barbara et Christen. Ce dernier est baptisé en 1777.

Il est paysan et charpentier. Il courtise Anna Graf. A la veille de leurs fiançailles, il part en Suisse romande pour y pratiquer son métier, priant son père de faire les démarches nécessaires auprès du pasteur pour qu’il publie leurs bans de mariage; cela est fait du haut de la chair lors de cultes en 1807. Dans des lettres que Christen adresse à sa promise, il lui parle de leur prochain mariage car Anna est enceinte. Mais leur amour se refroidit et, leur enfant né, la cour de justice prend l’affaire en main.

« Le père a reconnu cet enfant, qui s’appelle Christian. Le bruit court dans la vallée que le père de l’enfant épouserait une autre personne. C’est pourquoi en 1807, les juges, la jurisprudence et la cour de justice se sont réunis à Berne et ont pris des décisions :

1. Christen Gertsch dit franchement qu’il ne s’occupera pas de l’enfant.

2. Anna Graf renonce au mariage

3. L’enfant demeurera avec sa mère jusque’à l’âge des deux ans.

4. Le père lui allouera une pension annuelle de 20 couronnes.

5. Après un délai des deux ans, le père sera libéré de toute contrainte et la mère pourra placer son fils comme «enfant de commune ».

6. Le père s’engage à payer les frais de tribunaux, soit 10 couronnes.

7. L’enfant étant considéré comme illégitime portera le nom de Christian Knäblin et sera communier de Lauterbrunnen. »

Christian Knäblin rejoindra son père à la Brévine, où il se maria et restera toute sa vie.

Donc, Christen, qui se fait appelé Christian quand il est en Suisse romande, s’installe comme charpentier dans le canton de Neuchâtel. Il est métayer dans une ferme sise aux Cottards-dessous.En 1810, Christian I épouse Barbara Zahnd. Ils auront sept enfants : Christian II, Marguerite, Jean, Barbara, Henri, Marie, Elisabeth.

Nouvelle existence à La Brévine

Christian II, est né en 1812 à La Chaux des Taillères. Marié en 1864, il eut trois enfants avec sa deuxième épouse Barbara Mischler, de plus de trente ans sa cadette : Fritz, né en 1864, charpentier puis architecte à Fleurier, Charles, né en 1867, entrepreneur et menuisier à Fleurier, et Edouard, né en 1869, paysan métayer aux Grand-Prés. Charles, en1898, a épousé Alice Elisa Frey de Bâle-Campagne. Ils ont eu 10 enfants : Marcelle Alice, Marguerite Emma, Emile Edgar, Charles Alfred dit Charly, Suzanne, Gertrude, Simone, Jean, Charlotte Annie, Pierre-André.

L’entreprise charpente et menuiserie Gertsch-Frères

Charpentier, Charles Gertsch exploite dès 1901 une entreprise de menuiserie et de charpente sous la raison sociale d’ « Ateliers Charles

Gertsch ». Le règlement établi entre lui et ses ouvrier stipule ce qui suit :

« Une journée normale de travail est de 11 heures, le samedi et la vieille

des jours fériés, seulement de 10 heures. » « L’assiduité, l’ordre, la

propreté ainsi que les convenances, la morale et la tempérance, devront

être rigoureusement observés et respectés. »

Emile, a repris l'atelier de charpente et de menuiserie de son père au 3 rue Bovet-de-Chine, Fleurier, dans le canton de Neuchâtel, lorsque celui-ci est décédé en 1941.

Emile a essayé d'impliquer tous ses frères, mais il n'a pas réussi comme il l'avait imaginé. Seul Charly a rejoint Emile dans l'entreprise familiale Gertsch-Frères, Entreprise en bâtiments - Charpente & Menuiserie. Huit ans plus tard, Charly décéda, et Emile poursuivit seul la gestion de l'entreprise familiale jusqu'à ce qu'il la vende à l'un de ses employés et prenne sa retraite en 1974. Aujourd'hui, le bâtiment abrite un centre culturel et la galerie d'art Bleu de Chine. Toute trace de l'ancienne entreprise a disparu.

Une odeur de menuiserie

Je me souviens de mes séjours de vacances chez son oncle Emile, où le chemin menant à l'appartement du premier étage passait par l'atelier : "Je garderai toujours en mémoire l'odeur du bois et de la colle chaude que j'ai connues lorsque j'avais six ans ». Ces odeurs ne disparaîtront jamais pour tous ceux qui ont un jour franchi le seuil de la menuiserie".

La construction reste malgré tout jusqu'à aujourd'hui une histoire de famille pour les descendants des Gertsch de Lauterbrunnen. Pierre-André et son fils Jacques sont également devenus architectes, Christophe est ingénieur du bois à Bramois en Valais, Alexandre est ébéniste à Genève, a été luthier pour guitares pendant quelques années.

Jean-François Gertsch

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Jean-François Gertsch
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5 mars 2024
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