Franz LISZT, Concerto No 1, S 124, Arturo BENEDETTI MICHELANGELI, OSR, Ernest ANSERMET, 1939, CIEM
Franz LISZT, Concerto No 1, S 124, Arturo BENEDETTI MICHELANGELI, OSR, Ernest ANSERMET, 1939, CIEM
Ernest ANSERMET en répétition au piano avec le jeune Arturo BENEDETTI MICHELANGELI
Bien que le concerto pour piano no 1 de Franz Liszt ne fut donné en première audition à Weimar qu'en 1855, sous la direction de Hector Berlioz et avec le compositeur au piano, et publié l'année suivante - durant la période weimarienne de Liszt -, sa gestation est de beaucoup antérieure et remonte à 1832, peu avant le concerto nommé «Malédiction» (S 121).
L' oeuvre fut d'abord conçue comme une pièce de virtuosité de grande dimension suivant de près le cadre rigide d'un concerto de Beethoven: "[...] Les trois mouvements suivent la succession de Beethoven mi bémol majeur, mi majeur, mi bémol majeur (qui, à son tour, renvoie au schéma tonal de la sonate pour piano Hob XVI.52 de Haydn, sa dernière, également en mi bémol majeur). Liszt révisera cependant sa composition à maintes reprises avant de se sentir prêt à la publier. Il la raccourcit du tiers, refreina certains passages purement virtuoses et renforça sa forme symphonique. La version finale se compose de quatre mouvements courts clairement définis et joués sans interruption. [...]" Michael Emmans Dean, référencié plus bas.
Franz Liszt y fait transparaître son tempérament de poète et de coloriste: dans les diverses variations thématiques éclatent la richesse d'imagination et l'adresse prodigieuse de son talent d'orchestrateur. Tout en laissant la prime place à la sonorité et à la virtuosité délicate du piano, Franz Liszt a soin de donner une valeur considérable aux répliques de l'orchestre:
"[...] Le schéma de l'ouverture au ton déclamatoire qui inclut soliste et orchestre complet immédiatement suivie d'une quasi-cadence virtuose est certes connu mais il cède ici la place à des passages développés dans lesquels, par exemple, seule une clarinette ou deux premiers violons accompagnent le piano. Une telle instrumentation chambriste anticipe les expériences orchestrales de Mahler et de Schoenberg quelque cinquante ans plus tard et établit un contraste prononcé avec les textures lourdes de ses contemporains allemands tels Schumann, Wagner et Brahms.
Le second mouvement, Quasi adagio, est en mi majeur et fait d'abord entendre les cordes avec sourdines jouant une cantilène en 12/8 avant que le piano ne se joigne à l'orchestre. Liszt choisit d'ajouter un scherzo symphonique en mi bémol aux trois mouvements originaux. Cet Allegretto vivace allait bientôt devenir célèbre grâce au triangle qui fait partie intégrante de la structure motivique, une inspiration beethovénienne considérée par les contemporains de Liszt comme une faute de goût. L'Allegro marziale animato conclusif transforme le thème du mouvement lent en marche conférant un poids symphonique à l'oeuvre toute entière. [...]" Michael Emmans Dean, 2015, traduction de Jean-Pascal Vachon, livret du SACD BIS-2100.
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Dans l'interprétation qui vous en est proposée ici, le début du concerto - environ 1 1/2 minutes - manque, mais ce n'est qu'un tout petit défaut, le document reste extrêmement précieux: il nous reporte en été 1939, au Concert des Finalistes du tout premier Concours International de Genève, donné le 8 juillet 1939 au Victoria-Hall sous la direction d'Ernest ANSERMET!
Le 16 juin 1939 paraissait dans le Journal de Geneve en page 6 le bilan de la préparation du premier concours musical de Genève:
"[...] 167 candidats de 21 pays différents se sont inscrits pour le premier Concours international d'exécution musicale, qui aura lieu au Conservatoire de musique de Genève, du 26 juin au 8 juillet.
64 viennent de la Suisse (dont 16 de Genève), 21 d'Italie, 20 de France, 11 d'Allemagne, 7 de Hongrie, 6 d'Angleterre, 5 de Pologne, 5 de Hollande, 4 de Belgique, 4 de Roumanie, 3 des Etats-Unis, 3 de Turquie, 3 de Bohême, 3 de Grèce, 2 de Yougslavie et un concurrent de chacun des pays suivants: Danemark, Lettonie, Russie, Espagne et Uruguay. [...]" (voir aussi cette page du site NotreHistoire.ch
Parmi les finalistes "piano" se trouvaient plusieurs noms restés bien connus:
Extrait du programme du concert des lauréats 1939, pour le programme complet voir cette page du projet onstage, ou cette page du site NotreHistoire.ch.
C'est Arturo BENEDETTI MICHELANGELI qui remporta le premier prix de piano, en compagnie d'autres artistes devenus entretemps célèbres:
Extrait du programme du concert des lauréats 1939, pour le programme complet voir cette pagedu projet onstage, ou cette page du site NotreHistoire.ch.
Albert PAYCHÈRE assistait aux séances du concours. Cité d'un de ses compte-rendus, publié dans le Journal de Genève du 8 juillet en page 7:
"[...] Le concours international d'exécution musicale - La journée des planistes hommes
Journée qu'il faut marquer d'une pierre blanche, car elle nous a révélé un grand pianiste doublé d'un grand artiste.
Lorsque M. Arturo Benedetti-Michelangeli ouvrit le feu, à 10 h. 15 du matin, l'auditoire eut dès les premières mesures le sentiment qu'il allait se passer quelque chose de grand. Cette impression devint de plus en plus forte au fur et à mesure que le jeune pianiste italien avançait dans la Sonate op. 111 de Beethoven.
Magnifique technique, interprétation équilibrée et vivante: tout ce qui satisfait l'esprit, tout ce qui enchante l'âme: la puissance avec la chaleur, l'élan passionné dans les limites du style. Et la clairté. Entendez ici l'effet d'une nature artistique orientée vers la lumière.
Les Variations sur un thème de Paganini, de Brahms en furent la plus admirable démonstration.
Le morceaux imposé pour les pianistes était signé de M. Marescotti, Fantasque. Belle page où la poésie le dispute à l'humour et au pittoresque, et brillamment écrite pour l'instrument.
Le succès de M. Arturo Benedetti-Michelangeli fut triomphal. Le jury a sanctionné le jugement de l'auditoire en accordant le prix et celui-là ne sera pas discuté.
M. Kreml (Suisse) obtient une médaille, de même M. Joseph Weingarten (Hongrie). Excellentes décisions.
Le prix institué pour récompenser le meilleur artiste suisse et délivré par un jury suisse a été attribué à Mlle Lemi Neuenschwander, cantatrice. Et voilà le point final de ce premier Concours nternational d'exécution musicale à Genève.
Ce soir, au Victoria Hall, à 20 h. 15 précises, les lauréats se feront entendre accompagnés par l'Orchestre de Radio Suisse romande renforcé, sous la direction de M. Ernest Ansermet II y aura foule.
A. P. [...]"
Le programme du concert final des lauréats:
Montage d'extraits du programme du concert des lauréats 1939, pour le programme complet voir cette page du projet onstage.
L' enregistrement du concerto de Franz Liszt est présenté ici tel qu'il fut radiodiffusé, sans traitement de ma part, sans filtrage supplémentaire - ce qui n'est hélas pas le cas pour diverses parutions plus ou moins pirates (*) sur CD, hélas bien trop filtrées: il est ici par contre tel que repiqué par la Radio Suisse Romande à partir de ses 78 tours d'origine, gravés en direct. Il y a certes par endroits un ronflement statique un peu trop prononcé, des griffures et autres défauts, mais à part ça l'enregistrement est superbe, vu son âge actuel - 2018 - vénérable, 79 ans!
(*) à ma connaissance, elles ne peuvent provenir que de la même source - une radiodiffusion de la Radio Suisse Romande - car le début manque partout.
L' enregistrement que vous écoutez...
Franz Liszt, Concerto pour piano et orchestre No 1 en mi bémol majeur, S 124, Arturo Benedetti Michelangeli, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet, 8 juillet 1939, Concert des lauréats du 1er Concours International de Musique de Genève
1. Allegro maestoso (*) 03:56 (-> 03:56)
2. Quasi Adagio 04:04 (-> 08:00)
3. Allegretto vivace - Allegro animato (**)
4. Allegro marziale animato 07:23:750 (-> 15:23:750)
(*) le début manque, env 1 1/2 minutes
(**) Les 3e et 4e mouvements sont joués quasiment enchaînés
Provenance: Radiodiffusion, Archives RSR resp. RTS
Récemment rediffusé dans le volet «1940» de la superbe série d'émissions «Poussière d'étoile - Les annales radiophoniques de l'OSR» réalisée par Jean-Pierre AMANN (première diffusion: 14 mai 2018)
Le sommaire de ce volet, avec en début de ligne les minutages - en minutes: secondes - sur les débuts de la présentation correspondante de Jean-Pierre AMANN dans l'audio des archives de la RTSR:
- 00:43 Richard Wagner, Bacchanale de Tannhaüser, Orchestre de la Suisse Romande, Robert Denzler, 23 janvier 1957, Victoria-Hall, Genève
Également en écoute sur Notre Histoire: https://www.notrehistoire.ch/medias/116024
- 12:40 Gabriel Fauré, Ballade pour piano et orchestre en fa dièse majeur, opus 19, Marguerite Long, Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire, André Cluytens, 30 octobre 1950, Paris, Théâtre des Champs-Élysées (dans l'émission il est indiqué par erreur qu'il s'agit d'un enregistrement fait par la RSR en 1959: il est fort probable que les 78 tours de l'enregistrement furent repiqués par la Radio Suisse Romande en 1959, et par erreur référencié dans ses archives comme étant un enregistrement fait par la radio elle-même)
Pour plus d'infos sur cet enregistrement du disque: http://www.rene-gagnaux-1.ch/c_repertoire/faure_op19_long_cluytens_1957.html
- 28:15 Hector Berlioz, Ouverture de Benvenuto Cellini, H 76B, Op. 23, Orchestre de la Suisse Romande, Felix Weingartner, 1er décembre 1941, Théâtre Municipal, Lausanne
Également en écoute sur Notre Histoire: https://www.notrehistoire.ch/medias/116107
- 39:07 Ernest Chausson, Poème pour violon et orchestre, Op. 25, Jacques Thibaud, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet lundi 17 mars 1941, Théâtre Municipal de Lausanne
Également en écoute sur Notre Histoire: https://www.notrehistoire.ch/medias/115949
- 56:15 Franz Liszt, Concerto pour piano et orchestre No 1 en mi bémol majeur, S 124, Arturo Benedetti Michelangeli, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet, 8 juillet 1939, Concert des lauréats du 1er Concours International de Musique de Genève
Également en écoute sur Notre Histoire: https://www.notrehistoire.ch/medias/116157
- 72:42 Henri Gagnebin, court extrait de «Les mystères de la foi», Oratorio pour soli, choeur et orchestre, Guy Fernand, Flore Wend, Pierre Mollet, Société de Chant sacré de Genève, Orchestre de la Suisse Romande, Samuel Baud-Bovy, 1959
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