Montreux Plage depuis l’Hôtel Byron

Montreux Plage depuis l’Hôtel Byron

1930
Phototypie Co.
Stéphane Thurnherr

Carte postale, non voyagée, montrant Montreux Plage prise de l’Hôtel Byron vers 1930.

Comme l’Hôtel a brûlé en 1933, que l’éditeur de la carte, Phototypie Co., est annoncé actif à Montreux dès 1926 et que la plage a été inaugurée en 1927, cela permet de situer cette carte vers 1930.

Voir la publication de M. Sonnay : notrehistoire.ch/entries/5q8QE...

Au sujet de cet incendie, on trouve l’article suivant dans le Journal du Jura du 30 janvier 1933 :

« APRES UN INCENDIE

L'Hôtel Byron

Ce n'est pas sans un serrement de cœur que les amis du romantisme, les fervents du passé auront appris la nouvelle de l'incendie de l'hôtel Byron, à deux pas de Montreux. Bien que désaffecté depuis plusieurs années — il abritait un institut de jeunes gens, le « Chillon Collège », — il était resté, dans son parc aux arbres moussus parce que centenaires, un des seuls témoins de cette époque révolue où l'on voyageait, où l'on venait à Montreux par préoccupation esthétique, par préférence aussi, presque en pèlerinage. C'est que Montreux, depuis Byron et Shelley, Tolstoï, qui y séjourna en 1857, Edgar Quinet, qui passa plus de dix ans à Veytaux, avait sa place dans la littérature. Son nom évoquait une tradition. Vers 1880, on ne concevait guère de voyage sans comprendre dans son itinéraire une visite à Chillon et une rêverie dans les forêts avoisinant le vieux manoir. C'est là, d'ailleurs, que se trouvait l'hôtel Byron, construit en 1836, transformé en 1899, dans un parc admirable qui masquait d'ombres discrètes les lignes sobres de la célèbre maison. Une terrasse vitrée, immense, ouvrait sur le lac et les Alpes un panorama unique, Si les vieux murs, les hêtres chargés d'ans pouvaient parler, ils nous raconteraient de bien belles histoires. Ils parleraient d'abord de quelques grands hommes que nous ne connaissons guère et qui, dans leur correspondance, attachèrent à leur séjour à Montreux tant d'impérissables souvenirs. C'est là que Tchaïkowsky composa sa « Pathétique », que le doux Nadson, un Russe encore, le Chopin de la poésie, trouva ses accents les plus suaves, ses rythmes les plus berceurs. Puis, plus près de nous, au début de la Troisième République, que de figures encore, présentes à notre mémoire d'enfant: Gambetta, Freycinet, Lockroy, Victor Hugo, dont le grand parc abrita les méditations et surprit les entretiens. L'histoire n'est pas très ancienne; cela date de 1883, qui marque le séjour d'un mois, d'août à septembre, que fit l'auteur de «La légende des siècles» à l'hôtel Byron. On comprend l'importance de l'événement: Montreux pour un mois devenu le centre du monde. De partout, on allait vers le dieu, et je me souviens fort bien du voyage que j'accomplis, enfant de 6 ans, avec mon père, hugolâtre notoire, pour porter mes hommages à «l'ami des humbles». J'ai la vision, jusqu'ici, d'un monsieur tout noir, au chef tout blanc, à la voix douce, aux gestes caressants, qui parlait aux sources, s'adressait aux arbres, invoquait le ciel et vous plantait là dans l'admiration: une sorte de prophète en redingote, qui aurait vieilli dans un bureau. Ces choses-là restent, dut-on mourir centenaire. Ce qui passe, par contre, c'est la vogue des sites, l'habitude d'aller «là» plutôt qu'ailleurs. L'hôtel Byron, éloigné du centre, dépassé par le confort matériel des palaces, en dehors de cette circulation qui est devenue la raison de vivre aujourd'hui, ne connut plus qu'une clientèle sédentaire, faite de princes en exil et de politiciens attardés. Romain Rolland, qui possède une villa dans son parc, ne l'a sauvé ni de l'abandon, ni de l'oubli. Loin de là. Et c'est pour ne pas déchoir sans doute, que l'hôtel au passé magnifique abrite aujourd'hui un collège anglais. Facon commerciale de durer, de se survivre. »

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Stéphane Thurnherr
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12 juin 2024
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