Dans le Journal de Genève du 24 août 1856, nous pouvons lire cette histoire sur les touristes un peu "pigeon", à Grindelwald:

"Il n'y a pas non plus de tours imprudents que jouent les guides aux voyageurs pour leur extorquer quelques argents...

Quand un touriste veut se rendre vers la Mer de glace du glacier de Grindelwald, on lui conseille de se préparer pour midi, en lui donnant à entendre qu'il serait d'une haute imprudence de se mettre en route à une autre heure. A midi, on met l'amateur de glacier à cheval, on le conduit le long du Mittenberg pour le faire arriver vers deux heures au glacier de l'Eiger. Par temps chaud, il n'y a pas de jours où ne se détachent des blocs de glace qui, glissant le long d'une pente de l'Eiger, vont s'abîmer sur le bord du glacier.

Les guides reconnaissent facilement s'il y a d'autres blocs prêts à se détacher; ils y veillent attentivement et au moment où l'une de ces masses va bondir avec fracas, ils ne manquent pas de pousser un cri de terreur, ils prient celui qu'ils conduisent de sauter à bas du cheval le plus promptement possible et de se coucher à plat ventre, de peur que la violent pression d'air ne le renverse instantanément ou ne l'emporte même par dessus les rochers. Le touriste qui ne doute pas du danger qu'il court, se hâte d'obéir en tremblant.

Le guide qui peine à garder son sérieux, se précipite devant lui pour le garantir au besoin de son corps; puis l'avalanche passée, on se relève fort ému mais rempli d'enthousiasme pour ce guide admirable qui, au moment d'un épouvantable danger, n'a pas hésité à vous protéger avec courage et une fidélité si digne d'éloges; on lui doit la vie, on tire sa bourse dont les cordons délient naturellement..."

L'Eiger, cette montagne dangereuse...

"Mer de Glace", cette expression vient de la plume de l'écrivain anglais

William Windham(1717-1761). Terme qu'on utilise également à Chamonix pour le haut du glacier des Bois.