Bains de Bonn station balneaire et thermale Guin Fribourg
Bains de Bonn station balneaire et thermale Guin Fribourg
Proprietee de la famille de Muller du 17me au 19me siècle
Village engloutiRTS Carrefour 8 mars 1963
Pour permettre la construction du barrage de Schiffenen, sur la Sarine, le hameau de Bonn et ses bains seront engloutis.
Exit donc les bains, réputés depuis le Moyen-Age, ainsi que la chapelle et les maisons annexes... En 1963, l'émission Carrefour fait un dernier tour de ce petit monde voué à disparaître. Avec une musique sinistre... Mais il y a de quoi, à voir les visages défaits des derniers habitants: l'ambiance est funèbre.
Aujourd'hui, bien que ces bains aient été dynamités avant de disparaître sous l'eau, ils sont parfois visités par les plongeurs...
Les Bains engloutisreportage et interview de la TV 09.08.2011
d'apres D. Herrliberger
" Neue und Vollstaendige Topographie der Eidgenoschenschaf 1758 "
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BONN
A cinq kilomètres à vol d'oiseau, en aval de Fribourg, la Sarine, qui a suivi jusque là la direction générale Nord- Sud, s'incline vers le Nord-Est et coule entre deux hautes falaises qui la dominent de 40 à 50 mètres. Ces berges abruptes portent, sur la rive gauche, les localités de Barbe- rêche, Petit-Vivy, Grand Vivy, Grimoine et Cormondes- le-Petit, sur la rive droite les hameaux d'AIberwil, Ottisberg, Fellwil et Schiffenen.
Entre Ottisberg et Felliwil, une petite vallée, dans la quelle passe le ruisseau de Guin, permet d'accéder par une pente douce au rivage de la Sarine, tandis que, sur la rive opposée, un petit ruisseau sans nom, qui prend sa source sur les hauteurs de Breilles et vient se perdre dans les sables de la grève, a creusé lui aussi un vallon par lequel on parvient sans difficulté au contrefort srr lequel s'élève Barberêche.
C'est à cette situation, éminemment favorable à l'établissement d'un passage sur la Sarine, que Bonn, situé au bord de la livière, à l'embouchure du ruisseau de Guin, doit son origine.
Bonn apparaît dans les chartes en 1294 sous la forme Pont qu'on retrouve encore au XVIIme siècle 1, tandis que Bont ne se rencontre qu'à la fin du XIVme siècle 2, Bon à la fin du XVIme 3, et Bonn pour la première fois en 1621 4.
La forme, la plus ancienne du nom a fait croire à un certain nombre d'auteurs 5 qu'il y avait eu là, jadis, un
1 13 mars 1634. Rathserkanntnussbuch, pp. 164.
2 8 octobre 1380. Couverture de la Grosse de 1546 d? Cormondes pour Hauterive.
3 7 juillet 1589. Manual.
4 11 janvier 1621. Manual.. '
5 (J. Schneuwly). Notice sur les bains de Bonn, 1885, 2
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pont, mais cette opinion doit être rejetée et les documents les plus anciens ne font mention que d'un bac. Celui-ci faisait l'objet d'un droit de péage, en latin pontanagium ou ponionagium à l'existence duquel Bonn doit son nom.
C'est une charte de février 1293 (94) qui mentionne pour la première fois la localité qui nous occupe. Elle nous apprend que les trois frères, le chevalier Pierre, Jocelinus et Conrad, Cosgrs de Pont avaient convenu de se partager par tiers la succession du chevalier Conrad, Sgr de Vivier, dans laquelle était compris ce que celui-ci pouvait posséder dans la « villa » de Bonn (Pont ultra Saronan) 1.
Une autre charte du 20 janvier 1306 parle des droits que Pierre de Duens, bourgeois de Fribourg possédait à Bonn (Pont subtus Vivier) et qui lui venaient de son feu beau-père Jean Velga. Il les donne à ses fils Nicolas et Jean 2.
Enfin, un acte du 14 décembre 1363 nous fait connaître que Pierre de Pont tenait en fief du comte Simon de Tierstein, un cens de 8 Livres lausannoises à Bonn ou Vivy (Pont oder Vivers) 3 .
Tels sont les premiers documents relatifs à Bonn.
Pierre de Zurich
pp. 7. - Max de Diesbach. Les châteaux de Viviers. Etr. Mb. 1907, pp.
1. - Les traces du pont dont il est question dans la notice de Schneuwly paraissent devoir se rapporter à une passerelle qui fut établie au XVI •»« siècle entre Ottis- berg et Barberêche et dont le P. A. Dellion dit qu'on voyait encore des traces en 1884. Dict. des par. II, 35.
1 AEF. Anciennes Terres N" 26.
2 Fontes rer. bern. IV, 243.
3 RDF. III, 174 et P. de Zurich, Les fiefs Tierstein dans ASHF. XII, 57.
Le bac de Bonn
Une annotation de la Grosse de 1546 de Cormondes pour Hauterive rappelle une charte du 8 octobre 1380 relative au péage dans le « dominium » de Vivy, près de la villa » de Bonn 4. C'est le premier titre qui signale le bac, mais celui-ci devait exister depuis des temps très reculés.
4. Grosse de 1546 de Cormondes pour Hauterive. AEF. Vide... memoriam littere pontanagii in dominio de Vivye prope villam de Bont... date die octava mensis octobris I380
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Bonn, Felliwil, Ottisberg et Alberwil, bien que situés sur la rive droite de la Sarine, ont en effet appartenu à la paroisse de Barberêche, jusqu'à la fin du XVI"»« siècle 1.
II paraît surprenant que ces localités n'aient pas fait partie, comme aujourd'hui, de la paroisse de Guin, mais le fait semble dû à ce que cette dernière est d'une création relativement tardive et n'est citée qu'en 1228, tandis que la fondation de l'église de Barberêche date du Xme ou du XIme siècle probablement 2.
Or, comme pour se rendre de ces localités à Barberêche, il faut nécessairement traverser la Sarine, leur attribution à cette dernière paroisse laisse supposer que le bac devait déjà exister à l'époque de sa fondation.
Le 5 novembre 1418, le donzel Marmet Borcard d'Avenches, agissant tant en son nom qu'en celui de Jaquet Thomas de Payerne et des enfants de feu Jean Changière de Morat, accensait à Ulli Kerno de Felliwil (Velbin) et à son fils Hensli, moyennant un cens de 8 sols par an, le bac de Bonn pour traverser la Sarine (totum portum de Bout ad tran siendam Saronan) 3.
Cet acte nous amène à penser que le bac de Bonn était une propriété allodiale du chevalier Conrad de Vivier. En effet, le bac ne figure jamais parmi les fiels Tierstein et d'autre part, Marmet Borcard, Jaquet Thomas et Jean Changière paraissent être - je ne sais du reste pas exactement à quel titre - les héritiers ou les successeurs des de Pont, puisqu'on retrouve entre leurs mains les oollatures des églises de Barberêche et de Cormondes ainsi que des biens à Cormondes, toutes propriétés provenant de la Succession de Conrad de Vivier.
Il est probable que le bac fut compris dans la part de Jean Changière. En effet, sa fille unique, Marie, épousa le donzel Claude de Solerio, de Morges et le 26 mai 1483, nous voyons le donzel Antoine de Solerio, de Gex, vendre ce bac au monastère d'Hauterive 4. Le prix de vente n'est
1 Le rattachement à Guin ne date que de 1580. Voir Manuaux 21 X et 15 XII 1580. Rathserkanntnusb. N» 16 fo 43 et Dellion, op. cit. II, 18 et 35.
2 J.-P. Kirsch. Die altesten Pfarrkirchen des Kantons Freiburg dans F.-G. BL XXIV, 141.
3 AEF. Reg. not. N 22, f 180.
4 Grosse de 1630 de Cormondes pour Hauterive f 8 à
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malheureusement pas connu, car la lettre d'acquis, jadis dans les archives d'Hauterive, n'existe plus.
Diverses indications nous renseignent sur le fonctionnement de ce bac. Il portait le nom de « Port de Barberêche » et la Grosse de 1630 l'appelle « le port et passage de l'eau de la Sarronne (ou de la Sarrine) rière le territoire de Barberêche lequel passage s'exerce a présent vers les bains de Bonn ». Son emplacement primitif est facilement reconnaissable sur la feuille 329 de l'Atlas Siegfried et est marqué par la ligne qui rejoint un chemin conduisant de Barberêche à la Sarine et un sentier qui, sur l'autre rive, mène du rivage à Bonn.
A la fin du XVIIme siècle - est-ce à cause d'une modification du cours de la Sarine ou en raison de ce que les intérêts des habitants de Bonn les conduisaient plutôt vers Vivy et Cormondes que vers Barberêche - le bac fut reporté plus en aval, à l'endroit où se trouve actuellement la passerelle et la Grosse de 1675 le nomme « le port de Barberesche transmué à Bounn et au Grand Wuywuy » 1.
Hauterive l'accensait à un passeur pour 3 gros en 1601 2
25 batz en 1630 3 1675 et 1691 4 et 37 batz 2 schillings en 1716 et 1718 5.
Le coût du passage avait été autrefois d'un tiers de schilling, était monté à un demi schilling et atteignailt un schilling en 1601.
En raison de la cherté de la vie le Conseil autorisa le passeur à demander désormais un kreuzer 6. On connaît également les noms d'un certain nombre de passeurs : Jost Gilgen, en même temps tenancier des bains, en 1601 7 ; Hans Winckler d'Ottisberg, avant
10 verso. - Pour les de Solerio voir : Deillon, Dict. des par. IV, 332, 338 à 340.
1 Au XIXme siècle il fut de nouveau transféré à son ancienne place, puis vers 1870 à la place qu'il occupait au XVIIme siècle. Il ne fut supprimé qu'après l'établissement de la passerelle.
2 16 mars 1601. Manual.
3 Grosse de 1630.
4 Grosse de 1675 de Cormondes pour Hauterive f 36.
5 Rentier de 1718 de Cormondes pour Hauterive f 33.,
6 Manual. 16 mars 1601.
7 Manual 16 mars 1901.
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1620 1 ; Nicolas Schrago, aubergiste à Guin, en 1630 2 ; Peter Krum de 1637 3 à 1675 4 ; Nicolas Stucki en 1682 4 ; le fils de Peter Krum de 1684 à 1691 4; Willi Jungo de 1716 à 1718 5.
Le 2 septembre 1762, Hauterive vendit le bac au Commissaire général Mûller, tenancier des bains de Bonn pour 50 Livres 6 et à partir de ce moment, il n'en est plus guère question si ce n'est dans des instructions de police, déterminant les personnes autorisées à passer 7.
Il fonctionna cependant jusqu'à la construction de la passerelle actuelle. La nature des lieux est si éminemment propre à un passage que l'établissement d'un pont y fut envisagé à plusieurs reprises au XlXme siècle 8.
Pierre de Zurich
1 Grosse de 1630.
2 Idem.
3 Cpte N 432. 2 sem. 1437. Gemein usgeben.
4' Grosse de 1675.
5 Rentrer de 1718.
6 Journal des recettes d'Hauterive par frère Bernard Lentzbourger, procureur d'Hauterive, du 1er janvier 1754 à 1767.
7 Manuaux. 3 XI 1739; 1 VI 1740; 11 X II 1750.
8 Voir à ce sujet : Reg. des délib. du Gd Conseil. 20 et 28 VI 1836 (pp. 440 et 474) ; 18 XI 1856 (pp. 90 et 91) ; 17 XI 1860 (pp. 149) ; 17 V 1861 (p. 193) ; 21 XI 1861 (p. 254) ; 17 V 1862 (p. 339) ; 12 V 1864 (p. 619) ; 14 V 1864 (p. 627). - Bulletin des lois XXXI V , 429 et XXXV , 87. - Bulletin du Gd Conseil. XXXVI , 190 et 191.
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Les Bains de Bonn.
La plus ancienne mention des Bains de Bonn date de la fin du XVme siècle. Ils appartenaient à cette époque à Ulli Heiden, de Lanthen et avaient ensuite été achetés par Hans Umbescheiden, bourgeois de Fribourg.
Ce dernier les revendit le 28 décembre 1500 pour 55 Livres à Peter Mûller et à sa femme Barbe. Ils comprenaient une maison, les bains et un champ de deux poses situé entre les bains et le moulin, et sont appelés « huss, hof, bad und ailes geschur... wie das genempt ist in der matten zu Felwyl » ce qui semble démontrer qu'à cette époque les limites précises entre Felliwil et Bonn n'étaient pas bien déterminées. Les bains
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étaient grevés de 5 Livres de cens en faveur de « Herr Dietrich » (d'Englisberg probablement) pour 40 gros, de Willi Steiben pour 10 gros et de Willi Mertzen pour 10 gros, le tout rachetable moyennant un capital de 100 Livres. 2 sols de cens étaient de plus dus au fonds des anniversaires de Guin.
Enfin, les acheteurs devaient reconnaître « Herr Dietrich » comme seigneur 1.
Ces acheteurs ne paraissent pas avoir gardé longtemps cette propriété et la revendirent à Guillaume Reyff.
Le 13 mai 1517, ses enfants, représentés par leur tuteur Hans Reyff cédèrent les bains (« Hus und bad genempt das bad zu Pont, mittnamen das sâsshus und das badhus mittsampt den byfang an demselben hus und bad gelegen ») ainsi qu'un champ d'une pose environ entre les bains et le moulin, pour 150 Livres à Hans Wâber d'Alberwil 2.
Il semble donc, vu le prix de vente, que les bains avaient entre temps été affranchis des cens dont ils étaient grevés. Ils passèrent ensuite à la famille de Lanthen-Heyd et Iq 10 décembre 1534, Jacob von Lanthen dît Heyd les céda à son cousin, !e Conseiller Marti Sesinger, en même temps que, son bien du Bruch, pour un montant total de 1500 Livres ( min gutt genempt das Bad zu Pont, das sye an Hus, Hôffen, Schiff und Geschir, Acker, Matten, Baumgârten, Kurgarten, Schuren, Spychern ) 3.
En 1589, Hans Cunrat Seefrid était aubergiste à Bonn 4 mais les bains appartenaient en 1599 à Jost Gilgen et à sa femme Anni.
Ces derniers semblent les avoir vendus au Statthalter Krummenstoll pour 200 Livres, mais les avoir repris par la suite 5.
La tenue des bains laissait fort à désirer : les bâtiments étaient en mauvais état, il n'y avait pas de chambres pour les baigneurs dans l'auberge, les piscines (bad kâsten) étaient mal aménagées, l'eau de pluie y coulait et les baigneurs des deux sexes n'étaient pas séparés.
Toutes ces considérations engagèrent la Chambre secrète à pro-
1 Reg. not. N 101 f 132.
2 Reg. not. N 115, p. 107 verso.
3 Archives de M. Max de Techtermann.
4 Manual. 7 juillet 1589. - Voir aussi Manual 21 et 23 juin, 10, 11 et 14 juillet 1589.
5 Manual. 21 octobre 1599.
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-poser à l'Etat le 27 décembre 1606 1, l'achat des bains dont un grand nombre de Fribourgeois avaient ressenti les effets bienfaisants 2.
La remise en état des bains ne manquerait pas de coûter assez cher, mais cela attirerait ensuite des étrangers, les indigènes ne seraient plus obligés de se rendre en Valais, aux bains de Louèche et on rendrait service à tout le pays.
La location pourrait du reste être ensuite élevée et permettrait de couvrir les dépenses faites.
La proposition fut examinée dans plusieurs séances du Petit Conseil et du Conseil des CC en 1607 3, mais le gouvernement, tout en reconnaissant le bien fondé des remarques de la Chambre secrète, semble avoir été un peu effrayé des grandes dépenses à engager.
Deux bourgeois de Fribourg, les frères Elle et Daniel Gretz ou Gratz 4 aubergistes aux Tanneurs 5, se montrant disposés à acquérir les bains, le Conseil plaça Jost Gilgen dans l'alternative, ou de remettre les bains en état, ce pour quoi on lui avancerait de l'argent ou de les céder aux frères Gretz pour 1200 Livres, ce qui ne constituait pas une mauvaise affaire pour lui, puisqu'il les avait achetés pour 700 Livres 6.
Le 12 mai 1607 7, les Gretz devinrent propriétaires des bains de Bonn ; l'Etat leur avança 300 écus bons 8 et leur accorda du bois et de la chaux pour les réparations, 9 mais lé changement de possesseurs n'alla pas sans difficultés 10.
Elie Gretz étant mort 11, son frère s'empressa de revendre
1 Fonds « Législation et Variétés ». Projektbuch L f° 153. - Voir aussi.- Berchtold III, 4 et Schneuwly. Op. cit. p. 12.
2« Manchem zu statt unnd Lanndt ist die krafft und wûrkhung des bads zu Pont gar woll erschossen ».
3 Manual. 3 janvier et ler' mars 1607.
4 Orinigaire de Hattlach dans le Kuntzigerthal et le Comté de Fûrstemberg et reçus bourgeois le 18 juillet 1585 et le 28 juillet 1589. (Schneuwly. Op. cit. p. 12).
5 B e r c h t o l d I I I , 4.
6 Manual, 1, 12, 15 et 28 mars, 2 et 24 avril et 8 mai 1607.
7 Schneuwly. Op. cit. p. 12.
8 Idem.
9 Manual. 2 et 24 avril 1607.
10 Manual. 15 mai 1607 et 15 avril 1608.
11 Manual. Avant le 6 avril 1611.
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les bains à Hans Brûnner 1 ce qui avait eu lieu avant le 1er mars 1612, date à laquelle l'Etat accorda des plantes de chêne et de sapin à ce dernier, en l'obligeant à construire 2.
Il est bien évident que ces multiples changements de propriétaires n'étaient pas faits pour améliorer l'état des constructions et la tenue des bains, aussi le gouvernement se vit-il obligé de donner suite à la suggestion de la Chambre secrète en 1607.
En 1621 l'Etat acquit les bains 3 et le 8 novembre 1621, il acheta de Willi Bircher pour 1600 écus bons, dont 600 payables comptant, le domaine de Felliwil 4.
Un projet pour la reconstruction des bains devait être soumis au Conseil des CG. Le 8 janvier 1622, l'Avoyer et le Trésorier reçurent pleins pouvoirs pour examiner les travaux à effectuer et s'entendre avec un baigneur auquel on louerait les bains et le domaine 5.
Le 17 février, l'acquisition du domaine de Bircher fut approuvée ainsi que la convention passée pour six ans avec un baigneur dont on ne connaît pas le nom 6. Le 18 avril, les réparations qui comprenaient la construction de huit chambres, d'une galerie et d'un escalier en colimaçon (« schnâcken ») fut décidée et le Baumeister chargé d'y faire commencer les travaux 7.
On trouve les dépenses y relatives dans les comptes du Trésorier de 1622 à 1624 8 et c'est de 1623 que date la plaque de pierre placée sur là façade Ouest du bâtiment et retrouvée lors des réparations effectuées en 1865, sur laquelle sont sculptées les armoiries de la Ville, du Trésorier Jacques Buman et du Baumeister Pierre Lanthen. Elle est due au ciseau du célèbre sculpteur Stefan Amman 9.
Le 30 juin 1027, les bains furent accensés pour neuf ans
1Originaire de Bremgarten. Reçu bourgeois le 3 avril 1607. (Schneuwly. Op. cit. p. 13).
2 Manual. 1er mars 1612.
3 Manual. Avant le 8 janvier 1622. .
4 Manual. 8 novembre 1621 et le 1er août 1625. Anciennes terres. Non classé.
5 Manual. 8 janvier 1622.
6 Manual. 17 février 1622.
7 M a n a u l . 18 avril 1622.
8. Comptes N 418 et 419 « Buw » et « Gemein usgeben ».
9 Cpte No 418. 2me sem. 1623. « Meister Stefïan der Bild- houwher ».
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A Sébastien Burcky 1 et dès lors le baigneur de Bonn figure •comme fonctionnaire de l'Etat dans les « Besatzungsbucher » jusqu'au moment où Bonn redevint propriété privée 2.
Le passage de ce tenancier à Bonn fut, marqué par un événement qui ne dut pas manquer d'agiter bien des cerveaux : la découverte d'une veine d'or par son domestique Hans Zyting auquel le Gouvernement accorda une gratification 3.
En février 1635, Hans Jacob Werli fut nommé baigneur et il occupa ce poste jusqu'en 1641 4.
Cette période vit la reconstruction des bains de Bonn dont on trouve les dépenses dans les comptes de 1635 à 1638 5, et la construction de la chapelle.
En effet, le 15 février 1635, M Mgrs, après avoir envisagé la possibilité de revendre les bains, se décidèrent a les garder et à les remettre en état 6.
Les travaux furent précédés d'une inspection des sources à laquelle prirent part le Trésorier Heinricher, Dom Jacob Keigler curé de Guin, Hans Jacob Buman, Hans Boccard, Sébastien Burcki, les Docteurs Python et Bieller, le pharmacien Utfleger, Gaspard Gady, Michel Possart, Christophe Heilman, Christophe Munat, noble Jean Ulrich de Praroman, Hans Jacob Stucki et Maître Pierre le sculpteur.
Le déjeuner de ces personnages coûta 7 écus bons et 4 Livres, ainsi que nous l'apprend le compte des dépenses effectuées pour le Gouvernement de 1635 à 1640 par Hans Jacob Werli.
Le compte s'éleva pour cette période à 2171 Livres 2 batz et 3 schillings, comprenant de multiples repas pour des fonctionnaires et ne lui fut réglé que le 16 avril 1668, alors qu'il était bailli
1 Manual. 30 juin 1627.
2 Le « Bader zu Bon» figure pour la première fois en 1628 et pour la dernière en 1659. Il manque en 1631, 1632 1633, 1634, 1648 et 1649.
3 Cpte No 425. « Gemein usgeben » ; « Hansen Zyting des Baders diener so die goldadern zu Bout im Bad entdeckte... 3 L. 12 s. mitt 2 Krûtzdicken» .
4 Bestazungsbûcher de 1634 à 1640 et Manual. 16 février 1635.
5 Cpte No 431 (1635-11), No 432 (1636-11 et 1637-1); No 433 (1637-11) ; No 434 (1638-11).
6 Manual. 15 février 1635.
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d'Attalens 1. Le charpentier Hans Schnewli, Maître Nicolas le fontainier, Maître Pierre le sculpteur, le menuisier Niclaus Albrecht, les plâtriers Hans Offleter et Ludwig: Lang et Maître Pierre Comin le poêlier sont les artisans dont les noms reviennent le plus souvent à propos de ces travaux.
C'est le 16 juillet que le Trésorier exposa au Petit Conseil une demande d'érection d'une chapelle à Bonn, afin que les malades puissent y entendre la messe 2.
Le Conseil examina cette requête avec faveur et donna pleins pouvoirs au Trésorier pour choisir l'emplacement et effectuer la construction 3 et décida que les patrons seraient la Ste Vierge, saint Nicolas et saint Théodule 4.
L'Evêque fut sans doute consulté, car les comptes portent que M Mgrs firent à Sa Grandeur un cadeau de fromage et de vacherin d'une valeur de 50 Livres en place d'un repas à Bonn 5.
Les travaux commencèrent immédiatement et on en trouve le détail dans les comptes du second semestre de 1641 et dans ceux de 1642 6.
Le 3 août 1641, la chapelle était terminee 7.
Le 25, elle fut consacrée par Mgr Jean de Wattenwyl 8 auquel M Mgrs firent un cadeau de 200 Livres pour la peine qu'il avait bien voulu prendre 9.
Le 9 janvier 1642, le Trésorier fut chargé de procurer à la chapelle les ornements nécessaires 10, dont le coût s'éleva à 484 Livres et 10 sols 11.
Enfin, le 28 juin 1644, le Conseil, pour rappeler cette consécration,, établit une fondation de 12 messes par an, pour lesquelles le tenancier devait payer 5 écus bons par an au desservant et fixa la fête de la dédicace au dimanche suivant le 25 août 12.
1 Fonds Anciennes Terres N° 66.
2 Manual. 16 juillet 1640.
3 Manual. 16 juillet et 13 août 1640.
4 Manual. 12 novembre 1640.
5 Cpte N° 436 » Gemein usgeben ».
6 Cpte N° 437 (1641-11 et 1642-1) et No 438 (1642-11). Gemein usgeben et Buw.
7 Manual 3 et 8 août 1641.
8 Affaires ecclésiastiques N 422.
9 Cpte No 438 (1642-11) Gemein usgeben.
10 Manual. 9 janvier 1642.
11 Cpte No 437 (1642-1). Buw.
12 Manual. 28 juin 1644. - Aff. ecclés. No 422. - MissivaL No 47 pp. 49 et 50. - On trouve une description de la çhapelle- dans l' «Anzeiger fur schw. Alterthumskunde» IV, 382 (1883).
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A la St-Jean 1641, le baigneur Werli fut remplacé par Jacob Python 1.
Six ans après son entrée en fonctions, un terrible désastre fondit sur Bonn. Dans les premiers jours de mai 1647, un incendie attribué à la malveillance, éclata pendant la nuit et détruisit tous les bâtiments à l'exception de la chapelle.
Python et sa famille, surpris pendant leur sommeil, n'eurent que le temps de s'enfuir en chemise, laissant dans l'incendie tout leur bien à l'exception d'un petit coffret contenant leur argent et un peu d'argenterie 2.
Le Gouvernement semble avoir été découragé de voir tant de peines et de travaux anéantis en un instant et M Mgrs prirent la décision de revendre Bonn à un particulier, auquel on donnerait des subsides pour construire 3.
Le Conseil des CC approuva ce projet mais en y mettant la condition qu'on en retirerait cependant un prix convenable, sinon il était préférable de le garder et de construire soi-même 4.
Aucun acheteur ne s'étant présenté, on décida, le 16 décembre 1649, de garder les bains et de procéder à la reconstruction, quitte à les vendre ensuite 5.
Les travaux commencèrent au début de 1650 et se poursuivirent jusqu'à la fin de 1652 6.
Le 30 juin 1650 un nouveau tenancier fut choisi en la personne de Frantz Peter Gasser 7 qui devait desservir les bains jusqu'en 1659 8 et auquel on les reloua encore pour trois ans, le 3 juin 1659 9.
Ce dernier contrat ne devait pas recevoir son exécution. En effet, le 11 décembre 1659, les représentants du gou-
1 Bésatzungsbuch 1641 à 1646.
2 Manual. 10 mai 1647 et non pas 11 mai comme, le dit Schneuwly. Op. cit. pp. 16.
3 Manual. 28 juin, 18 juillet, 24 juillet 1647 ; 9 janvier, 15 janvier 1648 et 2 septembre 1649.
4 Manual. 14 janvier 1648.
5 Manual. 16 décembre 1649.
6 Manual. 23 février et 26 avril 1650. - Comptes N 446 (1650-II) ; N 447 (1651-II et 1662-I) ; N 448 (1652-II) aux chapitres « Gemein usgeben » et « Buw ». Les dépenses expressément relatives à Bonn s'élèvent à plus de 1680 Livres sans compter les autres qui ne sont pas toujours déterminables.
- Voir aussi « Buch uf gute Rechnung M f 58 et 60.
7 Manual. 30 juin 1650.
8 Besatzungsbûcher.
9 Manual. 3 juin 1659.
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-vernement vendirent pour 3300 couronnes, à François Louis Brunnet les bains de Bonn et le domaine de Felliwil, y compris tous les bâtiments et la chapelle.
Le nouveau propriétaire devait s'engager à prendre à sa charge les obligations relatives à la chapelle, à tenir les bains en bon état, à ne pas élever le prix des bains, à payer l'ohmgelt et à ne pas séparer le domaine de Felliwil des bains 1.
François-Louis Brunnet, né ou plutôt baptisé le 5 février 1627 2 était fils du tailleur François Brunnet, reçu bourgeois de Fribourg en 1635 3 et d'Elisabeth Inriou 4.
Notaire de son état, il tut reçu bourgeois en 1649 5 et avait épousé en 1650 6 Marguerite Nesselhufen dont il eut une fille Anne- Marie, baptisée le 9 novembre 1651 7 et un fils Jean Rodolphe, baptisé le 24 novembre 1654 8 et qui paraît être mort jeune.
Le nouveau propriétaire qui s'empressa de prendre le titre de Sgr de Bonn 9, paraît avoir eu à cœur de donner un nouvel essor aux bains de Bonn.
En 1662, il fit publier par son parent, François Prosper Dugo ou Dougoz, célèbre médecin de Fribourg, un petit ouvrage édité à Fribourg par l'imprimeur David Irbist et intitulé « Fons Aquae Bonœ» dans lequel sont célébrées les vertus thérapeutiques de ces eaux.
Ce petit volume, devenu fort rare, est paraît-il un des plus anciens que l'on possède sur les bains de la Suisse 10.
Jusqu'à cette époque, on est dans une presque complète
1 Reg. not. N° 215 pp. 73 verso. - Voir Cpte N° 455 (1660-1) où il paie 3710 Livres.
2 Reg. Bapt. S. Nicolas, p. 85.
3 Reçu le 25 octobre 1635 (Manual). Prête serment le 27 octobre 1635 (GLB pch. f» 162 verso). - 11 mourut en 1668. (Besatzugsbuch).
4 Voir la note 2.
5 Prête serment le 17 mars 1649. GLB pch. f° 168.
6 Cpte N° 445. Chapitre « Schenkwyn ».
7 Reg. bapt. St-Nicolas p. 388.
8 Reg. bapt. St-Nicolas, p. 421.
9 Reg. bapt. Guin. 1660.
10 « Fons Aquae Bonae das ist kurtzer Bericht von dem Bad zu Bonn und seiner Wûrckung und wie man sich vor, nach und im Bad halten soll, damit man eine vollkommne Gesundheit bekommt. » - « Getruckt zu Freyburg in Ucht- land bey David Irbisch. Anno 1662.»
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ignorance en ce qui concerne la tenue des bains.
On sait seulement que le prix du bain et de la chambre était depuis fort longtemps de 5 batz par jour 1 et que l ' Etat intervenait pour la stricte observation des lois et règlements puisque le 17 août 1656, le Conseil rappelait au tenancier que la défense de consommer de la viande les jours maigres concernait aussi bien les baigneurs non catholiques que les catholiques et que les récalcitrants devaient être signalés aux Bannerets 2.
La brochure du docteur Dougoz nous apprend que chaque baigneur avait sa chambre et son lit et que les bains se divisaient en trois catégories : l'une réservée aux membres du clergé et aux personnes de qualité, une seconde aux gens du commun et la dernière au peuple des campagnes 3.
Elle contient également un Règlement des bains en dix articles qui attirent l'attention des baigneurs sur les dangers d'incendie, interdit les jurons, blasphèmes et discours séditieux ainsi que les discussions sur des sujets de religion et la mauvaise conduite, charge le tenancier du rétablissement de l'ordre, si celui-ci venait à être troublé, stipule que le tenancier doit s'en tenir aux conditions qu'il a aceptées, qu'il doit tenir un registre où il inscrira tout ce qu'il a reçu ou dépensé, qu'il ne peut chasser un baigneur de sa chambre pour faire place à un autre ni le contraindre a partager sa couche avec un autre baigneur, que le prix des bains et des chambres ne doit pas être élevé et enfin qu'il doit s'efforcer d'être aimable pour tous ses hôtes 4.
Cette ingénieuse réclame produisit sans doute son effet et il est probable que c'est de cette époque que date la vogue dont jouirent les bains de Bonn.
Anne-Marie Brunnet, fille du « Sgr de Bonn » épousa en 1670 François-Henri Bourgknecht, fils de Jean-Pierre Bourgknecht et de Madeleine Hummel 5 baptisé le 23 février 1641 6, auquel elle apporta les bains. Ce nouveau
1 Manual. 9 janvier 1648.
2 Manual. 17 août 1656.
3 Dugo. Op. cit. pp. 8 et 9.
4 Dugo. Op. cit. Jpp. 106 à 110.
5 Abbé Peissard. Gén. manuscrite de la famille Bourgknecht, obligeamment communiquée par M. A. Bourgknecht. « Reg. bapt. St-Nicolas.
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propriétaire mourut le 2 décembre 1707 1 et conformément à un acte de partage du 18 février 1716 2 approuvé par le Conseil en date du 26 mars 1716, Bonn passa à son fils François-Joseph-Guillaume Bourgknecht, baptisé le 20 mai 1684 3 et qui mourut le 30 juin 1721 4 en laissant une situation assez obérée 5.
Il avait épousé en 1704, Dorothée Muller, fille du Banneret Nicolas Muller 6.
Restée veuve, celle-ci chercha à trouver un acquéreur 7.
Le 15 mai 1727, l'autorité donna son accord pour la vente aux enchères des bains, la chapelle exceptée.
On devait, en attendant, faire les réparations les plus urgentes, au compte de l'Etat, qui se rembourserait sur le prix de la vente et il était stipulé que l'acheteur ne devrait pas demander plus de 10 batz pour les quatre bains de la première classe, 7 batz 2 sols pour la seconde et 3 batz 2 sols pour la dernière 8.
Aucun acheteur ne s'étant présenté, le Bailli Schrotter, chargé de régler la succession de François-Joseph Bourgknecht, fut autorisé le 13 mars 1728 à louer pour trois ans, à raison de 50 écus bons par an, les bains à Rodolphe Guyoth.
Ce dernier ne devait tenir les bains ouverts que pendant les cinq mois de mai, juin, juillet, août et septembre et s'engageait, s'il avait des hôtes, à faire dire la messe les dimanches et jours de fêtes 9, condition qui semble démontrer que Bonn n'était pas très couru à cette époque.
En 1738, la veuve Bourgknecht demanda de nouveau l'autorisation de pouvoir vendre les bains et l'obtint, mais on lui refusa celle d'en séparer le domaine de Felliwil 10.
Le 25 mai 1739, le Conseil fut prévenu que la vente aux enchères de Bonn aurait lieu huit jours plus tard et décida d'en prévenir les membres des trois
1 Abbé Peissard. Op. cit.
2 Reg. not. No 404 f 57 à 58 verso et Manual. 26 mars 1716.
3 Reg. bapt. St-Nicolas.
4 Abbé Peissard. Op. cit.
5 Manual. le 1 mars et 6 juin 1726.
6 Abbé Peissard. Op. cit.
7 Manual. 15 mai 1727.
8 Idem.
9 Manual, 13 mars 1728.
10 Manual. 29 avril et 8 mai 1738.
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Conseils 1.
Le 2 juin, le résultat de la vente fut connu : les bains de Bonn et le domaine de Felliwil avaient été acquis pour 8910 écus bons par le Capitaine Ernst, de Berne.
Il ne restait plus qu'à obtenir l'accord de l'autorité souveraine.
Le Conseil nomma une commission pour examiner cette affaire 2 et le 9 juin, sur le rapport de celle-ci, il décida de ne pas approuver la vente, mais de voir comment il pourrait venir en aide à la veuve Bourgknecht 3.
L'année suivante, il autorisa de nouveau cette dernière à vendre Bonn et lui permit d'en séparer le domaine de Felliwil.
Seules 6 poses de prés et champs et 24 poses de bois devaient rester jointes aux bains. Un certain nombre de conditions étaient de plus imposées : aucun étranger ne pouvait, ni les acheter, ni prendre hypothèque sur eux ; l'acheteur devait s'engager à les tenir en bon état, à prendre à son compte les obligations relatives à la chapelle, à ne pas augmenter le prix des bains, à y faire régner le bon ordre et à ne les habiter que six mois par an, ceci pour ménager les bois à cause de l'affouage 4.
Le Conseil dut, du reste, revenir sur cette dernière condition qui empêchait de trouver un acquéreur et le 14 janvier 1741, il décida que le propriétaire pourrait y demeurer toute l'année, mais ne devait ouvrir les bains que six mois par an et n'était pas autorisé, après leur fermeture, à vendre du vin et à tenir auberge 5.
Si les bains ne trouvaient pas acquéreurs, ils étaient cependant ouverts et probablement loués.
En 1747, ils étaient tenus par une femme Chassot 6 et semblent avoir été assez achalandés.
En tout cas, on s'y amusait ferme et l'on y passait les nuits à danser, à boire et à jouer. Des plaintes furent portées à diverses reprises contre le tenancier des bains à ce sujet, en raison du déplorable effet que cette façon d'agir avait sur la moralité de la jeunesse des environs 7.
1 Manual. 25 mai 1739.
2 Manual. 2 juin 1739.
3 Manual. 9 juin 1739.
4 Manual. 16 mars et 26 avril 1740.
5 Manual. 14 janvier 1741. Voir aussi 20 avril 1741.
6 Manual. 7 juillet 1747.
7 Manual. 7 et 17 juillet et 20 décembre 1747 et 13 juillet 1752.
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Ce n'est que le 14 juillet 175B que Joseph Balthasar Bourgknecht, fils de François-Joseph et de Dorothée Mulfer 1,, à qui Bonn était échu en partage, vendit cette propriété à son cousin Béat-Nicolas-Augustin Millier, pour 3300 écus bons.
Elle comprenait les bains, bâtiments, meubles, ornements de la chapelle, six poses de prés, vingt quatre poses de bois et une côte contenant encore treize poses de bois et était déclarée franche, à l'exception d'une fondation de onze messes 2.
Entré au Conseil des CC en 1739 et vice-chancelier de 1746 à 1751, le nouveau propriétaire était alors bailli de Corbières. Il devint par la suite bailli de Bellegarde de 1758 à 1762, commissaire général de 1758 à 1765, conseiller en 1769, trésorier de 1770 à 1775 et mourut en 1794 à un âge très avancé 3.
Dès son entrée en possession, il s'empressa de donner un nouvel essor aux bains de Bonn et c'est grâce à lui que leur renommée s'étendit au loin.
Le 23 novembre 1756, il fit connaître au Conseil son intention de reconstruire les bains « zur Komblichkeit und grossen Vortheil des Publici », demanda la confirmation des privilèges accordés au précédent propriétaire ainsi que l'aide de l'Etat.
Il soumit en même temps au Conseil deux plans prévoyant une restauration de plus ou moins grande envergure et l'affaire fut renvoyée à l'examen d'une Commission 4.
Sur le rapport de cette dernière, le Conseil décida, le 14 décembre 1756,. de laisser Muller libre de reconstruire à son choix suivant l'un ou l'autre de ses plans.
Dans le cas où il adopterait le plus important projet, on lui accorderait 600 plantes de sapin, un certain nombre de chênes 5 et pour 15 ans un prêt sans intérêt de 10 000 écus bons ; si le plus petit projet était adopté, le secours était réduit à 400 plantes et à 6000 écus
1 Abbé Peissard. Op. cit.
2 Reg. not. N 3122 f 96.
3 Schneuwly. Op. cit. pp. 17 et 18.
4 Manual. 23 novembre 1756.
5 et objet spécial qui concernait la forêt du Galm et, pour lequel une entente avec Berne était nécessaire fut traité, encore les 14 décembre 1756, 13 janvier et 18 mars 1757. Manual.
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bons 1.
Le 25 janvier 1757, le Conseil des CC approuva ces propositions et modifiant sa décision du 26 avril 1740, accorda à Muller l'autorisation d'habiter Bonn toute l'année, d'ouvrir l'auberge pendant six mois s'il y avait des baigneurs, de faire danser à son gré, sauf à la fête de la dédicace de l'église de Guin, à celle de la chapelle de Bonn, à l'Assomption et aux jours où la danse serait défendue d'une façon générale, mais il était stipulé que les non baigneurs devaient cesser de danser à la nuit tombante ; l'obligation de payer l'ohmgelt fut par contre maintenue 2.
Non content de reconstruire Bonn sur des données plus modernes, le nouveau propriétaire se rendit acquéreur du bac le 2 septembre 1762 et fit faire aux bains une habile réclame.
La célèbre « Topographie der Eidgnossenschaft » de David Herrliberger, parue au cours de 1758 et des années suivantes leur consacre quatre pages accompagnées d'un plan que nous reproduisons ici 3.
En 1774, fut publié un mémoire qui décrivait les eaux de Bonn et en célébrait les vertus curatives 4 et en 1779, le Dr Schueler fit paraître une dissertation sur le même sujet, en y ajoutant - comme l'avait déjà fait le Dr Dougoz en 1662 - une liste de quelques-unes des guérisons les plus remarquables qu'elles avaient opérées 5 et le Journal helvétique contribua à cette publicité en mentionnant certains des cas les plus intéressants 6.
Les efforts de Muller furent couronnés de succès et c'est à la fin du XVIIIme siècle que les bains de Bonn jouirent de la plus grande vogue.
Sans vouloir les comparer aux
1 Manual. 14 décembre 1756. - Au sujet du prêt, voir aussi Livre auxiliaire de l'Administration N° 69.
2 Manual. 25 janvier 1757.
3 Herrliberger. Op. cit. II, 418. - Le tome II de Herrliberger porte la date de 1758. Le plan de Bonn qui y est publié et que nous reproduisons porte la date de 1760, ce qui me fait penser que le volume tout entier ne parut pas en 1758.
4 Chemischer Versuch und Beschreibung des Mineralwassers zu Bonn (1774). Bibl. Econ. Frib. D. 1611 Tome II.
5 Dr Schueler. - Dissertation sur les eaux savonneuses et en particulier sur celles de Bonn.... Frib. 1779. B.-L. Piller. - Nouv. éd. Berne 1811. Maurhofer et Dellenbach.
6 Schneuwly. Op. cit. pp. 18 et 19.
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stations balnéaires célèbres, ils étaient cependant tort estimés et la présence du célèbre D' Tronchin à Bonn en 1759 1 suffirait à le prouver.
Bien qu'on fut, à cette époque, moins difficile en fait de confort, de luxe et de distractions que de nos jours, la situation écartée de Bonn, son éloignement relatif d'un grand centre et son manque d'attractions - la vue des prairies et le chant des oiseaux, cités par Dougoz ne constituent en somme que des avantages assez minimes - durent cependant tenir le grand public et la clientèle riche éloignés de ce lieu et les baigneurs se recrutaient sans doute plutôt parmi les membres du clergé tourmentés par la goutte, les gentilshommes un peu podagres des environs, des gens âgés perclus de rhumatismes, de jeunes femmes chlorotiques, des officiers du service de France qui venaient y soigner leurs blessures et, exceptionnellement quelques étrangers de marque : en somme les témoins caractéristiques de ce XVIIIme siècle finissant, si mélancolique, qui cache pudiquement sa misère dorée sous les grands mots dont il se sert pour désigner les plus modestes choses.
Les bains comprenaient à cette époque un bâtiment principal appelé « le Château » avec deux ailes pour les chambres « à bains », un cabaret, les écuries, remises, fours et la chapelle, baptisée « église », le tout entouré de promenades, allées, cabinets de verdures, grottes, canaux et fontaines.
Le logement comprenait plus de cinquante chambres ou appartements, « tous à double lit, dont le prix, proportionné aux commodités et ameublemenfs», allait de 10 à 24 sols « y compris le bain deux fois par jour dans un cabinet particulier ».
La saison commençait le 10 mai pour se terminer à fin octobre, mais on pouvait y venir aussi pendant le reste de l'année et le propriétaire avait «à cet effet, fait construire cinq chambres à cheminée, avec des fourneaux; dans deux autres et établi une personne pour y habiter et servir le monde ».
Le prix des repas était, pour la première table de 16 sols sans le vin ou 20 sols avec vin, pour les autres de 10 et de 8 sols.
En mai et septembre tous les prix des chambres étaient réduits d'un quart et en octobre d'un tiers, mais les pauvres
1 Dr Schueler. Op. cit. p. 57.
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y étaient reçus gratuitement et pouvaient encore recevoir pour aider à leur subsistance, 30 sols d'une Bourse de charité 1 et les médicaments nécessaires de la petite pharmacie du lieu.
De plus, le propriétaire « assuré des effets admirables de ses bains » s'engageait à ne percevoir aucune rémunération pour la chambre et le bain de celui qui, venu pour soigner un certain nombre de maladies désignées dans le prospectus, pourrait démontrer qu'il n'avait pas trouvé la guérison, à la condition qu'il se soit par avance, engagé à faire la grande cure de six semaines 2.
En 1774 on découvrit dans les environs, une troisième source dont les eaux furent captées 3 et en 1779, on agrandit encore le logement 4.
A la mort, survenue en 1794, de Béat-Louis-Augustin Muller, Bonn échut en partage à son fils Charles-Nicolas Romain de Muller qui obtint du Petit Conseil, le 8 juin 1810, la confirmation des privilèges accordés à ses prédécesseurs 5.
C'est à cette époque que les Etrennes Fribourgeoises de 1806 disent que les eaux de Bonn sont toujours fréquentées par la meilleure compagnie, qui en rend, pendant six semaines ou deux mois, le séjour, on ne peut plus agréable 6.
En 1826, Rusch exposait dans son ouvrage sur les bains, les vertus des eaux de Bonn 7, mais le déclin commençait et Kuenlin se plaint en 1834 du peu de soin que le pro- priétaire prend de son établissement 8.
Charles de Muller étant mort sans postérité, les bains passèrent en 1837 à son neveu Pierre, fils de Joseph -Edmond
1 Le 30 mars 1759, Muller proposa au Conseil de créer une fondation pour les malades pauvres à Bonn. L'affaire fut renvoyée à une commission. (Manual). Je n'ai pas pu retrouver la décision prise à ce sujet, mais cette indication prouve qu'il tut donné suite à cette demande.
2 Tous ces renseignements sont tirés de Herrliberger et de la traduction française de son article.
3 Chemischer Versuch.
4 Dr Schueler, p. 8.
5 Schneuwly. Op. cit. p. 19.
6 Etr. frib. pour 1806, p. 89.
7 G. Rusch. Anleitung zum richtigen Gebrauch der Bad u. Trinkcuren. 1826. Il, 176.
8 F. Kuenlin. Der Kanton Freiburg dans Gemâlde der Schweiz. 1834. IX, 54.
de Muller.
Ces deux derniers propriétaires négligèrent d'entretenir Bonn : la renommée acquise se perdit et la clientèle délaissa les bains 1.
F. Perrier, dans ses Nouveaux Souvenirs de Fribourg, parus en 1865, donne une curieuse description de Bonn et de son amphytrion et montre que s'il y régnait un certain laisser aller, on y faisait cependant bonne chère à cette époque 2.
Pierre de Millier qui avait persisté à exploiter lui-même, jusqu'à un âge avancé, l'établissement de bains, le céda enfin, en 1875 à J.-J. Zurkinden de Guin 3.
Le succès ne répondit pas à l'attente de ce dernier et les enfants de Pierre de Muller en redevinrent propriétaires.
Le 15 décembre 1883, ils le revendirent à Joseph Hogg, négociant en bois, qui effectua d'importantes, réparations, modernisa les installations, construisit la passerelle encore existante et fit, sans succès du reste, de nouvelles démarches pour obtenir la construction d'un pont.
Les bains qui comportaient alors soixante dix chambres, offraient l'avantage de permettre « sans luxe ni frais inutiles » une cure aux prix très modiques de 3 à 5 francs par jour pour la chambre et la pension 4.
Le 24 octobre 1895, la famille Hogg vendit les bains à Aloys Schaller de Wûnnenwil et la Caisse d'épargne et de de prêts de Guin en est propriétaire depuis le 9 décembre 1898.
Pierre de Zurich
1 Schneuwly. Op. cit. p. 20.
2 F. Perrier. Nouv. Souv. de Frib. p. 172.
3 Schneuwly. Op. cit. p. 20.
4 (A. de Rœmy). Dict. du canton de Frib. 1886. p. 267.
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