Souvenir d'un wattman

6 novembre 2023

Dans la collection de l'Association genevoise du musée des tramways AGMT sommeillait depuis longtemps une cassette audio. Sur sa bande magnétique, le témoignage d'un ancien wattman ou conducteur de tramway genevois. Retraité dans les années 1980, il partage dans un entretient d'une heure et demie ses souvenirs du métier.

Avec la complicité de la restauratrice Francine Margot (ArchivLab), notreHistoire.ch et l'Association genevoise du musée des tramways ont redonné vie à ce témoignage anonyme qui permet de se plonger dans le passé de la mobilité urbaine.

Un apprentissage à 31 ans

C'est au coeur des années 1940 que notre wattman débute son apprentissage. A 31 ans, il a pu rejoindre la Compagnie genevoise des tramways électriques CGTE à la faveur d'une dérogation. En effet, l'âge limite pour le recrutement des employés était fixé à 28 ans révolus. Durant la Seconde Guerre mondiale, la mobilisation d'une partie des effectifs de la CGTE aux frontières a poussé la compagnie à élargir ses conditions d'accès pour éviter la pénurie de main-d'oeuvre. Une aubaine pour notre témoin !

La période de l'obscurcissement

Autre particularité à laquelle le jeune wattman a dû faire face: la conduire de nuit avec les contraites d'obscurcissement imposées par le Département militaire fédéral. En effet, pour éviter les attaques aériennes, un couvre-feu partiel était imposé à la population sur l'ensemble du territoire helvétique. Cette mesure de défense aérienne passive a fait l'objet dans la nuit du 27 au 28 septembr 1938 d'un exercice d'ampleure nationale. En dépit de sa neutralité, il n'était pas rare que l'espace aérien suisse soit enfreint par les belligérants, ce qui mena la Confédération à protéger la population civile par des mesures d'obscurcissement. Débutant selon les saisons à 21h00 ou 22h00, la réduction de la lumière imposait aux tramways de circuler à l'aveugle dans des rues privées d'éclairage public, une véritable gageure pour une nouvelle recrue, dont la géographie des arrêts était encore hésitante.

Découvrez ce premier extrait de 3 min.:

Image de ouverture: Genève, le Wattman, 1983 par Claude-André Fradel

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