L. van BEETHOVEN, Ouv. Coriolan, Op. 62, OSR, Ernest ANSERMET, mercredi 6 mai 1964, Victoria-Hall, Genève
L. van BEETHOVEN, Ouv. Coriolan, Op. 62, OSR, Ernest ANSERMET, mercredi 6 mai 1964, Victoria-Hall, Genève
Ludwig van BEETHOVEN, Coriolan, op. 62, ouverture symphonique en do mineur pour la tragédie Coriolan, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest ANSERMET, 06.05.1964, Victoria Hall, Genève
Ludwig van Beethoven compose cette ouverture au début de l'année 1807. Il l'a dédie à Heinrich Joseph von Collin: ce dernier avait écrit en 1802 une tragédie intitulée Coriolanus, inspirée de la biographie de Plutarque. Selon certaines sources Beethoven et Collin voulaient initialement faire une musique de scène pour accompagner l'introduction de la pièce, selon d'autres sources Beethoven avait dès le début l'intention d'écrire une oeuvre sur ce thème, mais pas comme musique de scène. C'est en tous cas comme ouverture symphonique que l'oeuvre fut donnée en première audition à Vienne, en mars 1807 dans un concert privé du Prince Franz Joseph von Lobkowitz - la 4e symphonie et le 4e concerto pour piano de Beethoven furent également donnés en première audition lors de ce concert (Ref.: Michael Steinberg. "The Symphony: a listeners guide". p. 19-24. Oxford University Press, 1995).
L'argument de la tragédie elle-même, cité d'après cette page en français de Wikipedia:
"[...] La pièce de Collin s'inspire de l'histoire de Caïus Marcius, général romain qui avait pris le nom de Coriolan pour avoir pris la cité volsque de Corioles en 493 av. J.-C.. Exilé de Rome après s'être violemment querellé avec les tribuns de la plèbe nouvellement institués, Coriolan fait allégeance aux Volsques qu'il avait autrefois combattus. Il les persuade de rompre le traité passé avec Rome et de lever une armée d'invasion. Lorsque les troupes volsques menées par Coriolan menacent Rome, les matrones romaines, dont son épouse Volumnia et sa mère Veturia, sont envoyées pour le dissuader d'attaquer. Voyant sa mère, son épouse et leurs enfants se jeter à ses pieds, Coriolan fléchit, ramène ses troupes aux frontières du territoire romain, et se suicide. C'est de cette partie de l'histoire que Beethoven s'est inspiré pour écrire son ouverture. [...]"
Une courte description de l'ouverture, d'après la même page de Wikipedia:
"[...] Deux thèmes principaux émaillent l'ouverture: le premier, véhément et puissant, en do mineur, représente la volonté farouche et la détermination de Coriolan devant les murs de Rome. Le second, apaisé et chaleureux, en mi bémol majeur, symbolise les prières des femmes. Les deux thèmes se succèdent dans l'exposition et la réexposition, donnant l'effet de l'hésitation. Après un bref rappel du premier thème, la coda conclut l'oeuvre par une dissolution du premier thème, évocation intense du sacrifice héroïque de Coriolan.[...]".
Pour une analyse plus détaillée de l'oeuvre voir par exemple cette page du site resmusica.com, une analyse de Laurent Marty.
C'est avec cette oeuvre que s'ouvraient deux concerts Beethoven donnés le mardi 5 mai 1964 au Théâtre de Beaulieu (dans le cadre du Festival de Lausanne) et le mercredi 6 mai 1964 dans le Victoria-Hall de Genève (un concert extraordinaire hors abonnement), l'Orchestre de la Suisse Romande étant dirigé par son chef fondateur, Ernest ANSERMET. Après l'ouverture de Coriolan suivait le concerto pour violon op. 61, avec Zino Francescatti en soliste, et - après la pause - la symphonie No 7. Ce concert fut diffusé pour la première fois en direct sur l'émetteur de Sottens, dans le cadre du traditionnel concert du mercredi soir (ref.: Gazette de Lausanne du 06.05.1964 en 2e page, Journal de Genève du 06.05.1964 en page 13).
Deux échos de la presse de l'époque:
a) Journal de Genève, 8 mai 1964, page 13, rubrique de Jean Derbès
" [...] Concert extraordinaire
Ernest Ansermet - Zino Francescatti
Au Victoria-Hall
Manifestation hors abonnement de l'Orchestre de la Suisse romande, cette soirée était consacrée à Beethoven avec l ouverture de «Coriolan», le Concerto en ré majeur pour violon et la Symphonie No 7 en la majeur. Programme quelque peu sévère par ailleurs bien en accord avec l esprit de cette «dernière» de la saison et permettant d apprécier l'O.S.R. dans une forme particulièrement heureuse. Même si l'on constate que Beethoven n'est peut-être pas l'auteur qui convienne le mieux à notre orchestre - je pense à certaines sonorités manquant de densité ou à quelques attaques sensiblement fluides - il nous faut admirer, comme à l'habitude, la virtuosité, la légèreté des bois, la transparence des cordes, et d'une manière générale l équilibre fort harmonieux présidant à l'élaboration d une couleur orchestrale combien séduisante.
[...]
en venir au sujet de notre article, tout d'abord à «Coriolan», pages d'un lyrisme intense se mouvant au gré d'une intériorité de sentiment fort émouvante. Cette dernière remarque illustre parfaitement la version que nous entendîmes sous la direction d'Ernest Ansermet, interprétation évitant toute lourdeur et phrasé inutilement déclamé, au bénéfice d'une ligne générale distincte et du meilleur goût.
Superbement accompagné, Zino Francescatti présentait le Concerto en ré majeur avec l'art violonistique que nous lui connaissons depuis longtemps. Maîtrise instrumentale, respect de la forme concourrent à une expression de grande noblesse, règne de la plus souveraine objectivité. Nous sentons ici l'interprète qui a fait le tour de l'oeuvre pour lui conférer cet aspect de «normalité» parfaite, univers dans lequel tout se passe comme cela a été pensé sans rapport étroit avec l'instant vécu. Conception issue de la grande tradition, elle fixe l'oeuvre dans une vérité à tout jamais consciente de son déroulement. Est-ce le stade final de la forme d'expression dite classique ? La question se pose d'elle-même avec une certaine gravité.
C'est enfin la septième Symphonie qui terminait ce concert, une « septième » pleine de dynamisme et d'élan communicatif mis au service d'un émouvant discours musical. Jean Derbès.[...]"
b) Gazette de Lausanne, 6 mai 1964, page 3, rubrique de J. P.
"[...] Festival De Lausanne: Concert Beethoven Avec L'osr, E. Ansermet Et Z. Francescatti
Ernest Ansermet et l'OSR ont donné hier soir au Théâtre de Beaulieu un concert Beethoven, dans le cadre du Festival international de Lausanne. Zino Francescatti a interprété à cette occasion le «Concerto de violon».
Si l'art de Beethoven demeure l'un des plus grands témoignages de la pensée universelle, il est peu de musiques qui exigent plus que celle-ci, un plus profond pouvoir de recréation, car l'équilibre entre l'incroyable tension des forces intérieures et la ferme volonté de l'architecture est l'un des plus délicats à réaliser.
L'«Ouverture de Coriolan»
Ansermet possède cette domination sur lui-même et cette vision des vastes espaces qui sont le secret des grands chefs et l'un des traits dominants de la pensée de Beethoven. Si j'ai eu quelque peine à être ému par l'«Ouverture de Coriolan», il faut avouer qu'il est difficile de commencer un concert par ces pages fort belles, mais dont la véhémente simplicité n'est guère traduisible par un orchestre encore froid.
La «Septième Symphonie»
Ansermet a donné, de la «Septième Symphonie» une version saisissante de jeunesse et de verve. Il a restitué, intacte, la saisissante beauté de cette oeuvre et s'est exprimé totalement, avec une liberté et une vitalité qui m'ont vivement impressionné. Je conçois un tempo plus lent dans l'introduction et dans l'allegro initial. Mais les chefs-d'oeuvre ont plusieurs visages. L'interprétation d Ansermet, si sincère et si vraie, demeure fidèle à l'esprit de Beethoven par son élan presque dionysiaque par ses émouvants points d'appui dans l'allegretto, par la frénésie de son finale. Soulignons enfin le mystère de certains passages, notamment de l'accord schumanien du premier allegro.
L'OSR a suivi son chef avec une vibrante sensibilité. Seuls les instrument à vent ont accusé, parfois, quelgues décalages.
Le «Concerto» pour violon
Zino Francescatti a joué superbement le «Concerto» de violon qu'il a exposé en artiste généreux et ardent. La sonorité est d'une pureté et surtout d'une intensité exceptionnelles. Accompagnement en tous points remarquable par Ansermet et l'OSR. J. P. [...]"
À souligner: ces compte-rendus sont rendus accessibles grâce à l'admirable banque de données du quotidien Le Temps permettant de rechercher dans les archives de la Gazette de Lausanne et du Journal de Genève, et ceci sur les 200 ans passés!!
L'enregistrement que vous écoutez:
Ludwig van Beethoven, Ouvertüre zu Heinrich Joseph von Collins Trauerspiel Coriolan c-moll, op. 62, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet, 06.05.1964, Victoria Hall, Genève (Allegro con brio 08:00)
"Dis voir", l'appli
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