Parcours ordinaire d'un instituteur de campagne : Henri Destraz sr
Henri Louis Destraz, mon grand-père maternel, naît à Echandens le 9 octobre 1885. Originaire d'Essertes-sur-Oron, il est fils aîné de Henri (également) - qui termina sa carrière en tant que sergent, chef du poste de la Gendarmerie vaudoise de Morges - et de Henriette, née Chapuis. Il partage son enfance avec deux soeurs, Lily et Marie (restées célibataires) et un demi-frère, Louis dit Loulet. Doté d'une réelle aptitude à instruire et à transmettre, bénéficiant d'un physique sportif ajouté à une "oreille musicale", il embrasse une carrière d'enseignant légitimée par un brevet d'instituteur obtenu en 1905, à l'âge de vingt ans. C'est aux Posses-sur-Bex qu'il est nommé au printemps 1906 et prend domicile dans le bâtiment scolaire, modeste collège villageois au confort rustique, situé au centre du hameau, en bordure de la route conduisant de Bex à Gryon. Chef de choeur et chantre il succombe aux yeux d'azur d'une de ses choristes, Jeanne Anex, l'une des filles de Henri et Marianne Anex-Normand, tenanciers de la boulangerie de Gryon. Ils se marient en 1907 et ont trois enfants : en 1909 Madeleine qui devient infirmière en psychiatrie, en 1914 Henri jr qui apprend géomètre et devient cadre au service des eaux des SI à Lausanne, et en 1921 Marianne qui fait un apprentissage de coiffeuse.
Henri sr, Jeanne et leurs enfants passent de belles années dans cet environnement montagnard. Ski, patin, marche et musique, sont leurs principaux loisirs, Solalex, Anzeindaz et Taveyanne leurs sites favoris. Ils sont actifs dans les sociétés locales, la paroisse et la vie sociale de l'époque aux Posses et à Gryon. Ils ne manquent aucune Mi-été à Taveyanne. Régulièrement ils se rendent à pied à Gryon par le Chemin-vieux pour assister au culte dominical alors que le repas de midi, tôt cuisiné, reste au chaud sous le duvet dans la chambre à coucher (sic ma grand-mère).
En 1930, Henri Destraz sr et sa famille quittent les Préalpes vaudoises pour rejoindre la région viticole de la Côte. C'est à Vich-sur-Gland que toute la famille pose son baluchon puisqu'Henri est choisi par le Département comme régent à la tête de l'unique classe villageoise à 3 degrés où il succède à un Monsieur W. Barraud. Bien entendu son implication immédiate dans les diverses activités du village coule de source, les qualités de pédagogue d'Henri sr étant remarquées par les notables locaux, le Dr Francken médecin à Begnins, le Syndic Falconnier et le pasteur William Joyet. Rapidement se noue une amitié féconde entre les quatre hommes qui, ensemble, continuent à développer le sport dans le cadre scolaire et les loisirs de la jeunesse du lieu. Henri Destraz devient chef scout du groupe Noirmont-Gland (troupe du Hibou). En 1942 il reçoit l'insigne sportif en or. Durant la mobilisation il est nommé chef de la Garde locale de Vich.
Devenu l'un des doyens de l'enseignement vaudois il est atteint par la limite d'âge et prend sa retraite **) en 1944 pour s'établir à Lausanne. Durant cette retraite il est encore souvent mis à contribution par le Département pour effectuer des remplacements en milieu rural, à St-Oyens, Châtillens, Rueyres, Jouxtens et nombre de villages vaudois.
Gravement affecté dans sa santé, Henri Destraz sr décède le 19 octobre 1957 à l'âge de 72 ans, après toute une vie consacrée à l'instruction de la jeunesse.
**) Dans la Feuille d'Avis de Lausanne du 8 août 1944 on peut lire ce qui suit :
"VICH - Un départ à l'école - Atteint par la limite d'âge, M. Henri Destraz, instituteur à Vich vient de prendre sa retraite. A cette occasion, une charmante cérémonie, toute empreinte de cordialité - mais aussi de mélancolie - a réuni les autorité municipales et scolaires, accompagnées de la population, qui toutes ont tenu à témoigner à M. Destraz leur reconnaissance pour l'inlassable complaisance dont il a toujours fait preuve en mettant son activité au service de la commune pour les manifestations patriotiques, sportives, ventes paroissiales, collectes, etc. Quoiqu'il soit heureusement loin d'atteindre encore l'âge du repos, la Municipalité a néanmoins tenu à offrir à M. Destraz le traditionnel fauteuil. Ceci en reconnaissance de son dévouement à la chose publique pendant ces 14 années passées à Vich. Il lui sera tout de même utile... La garde locale lui a également offert, à titre de souvenir, le portrait encadré du général Guisan, cadeau qui a fait un sensible plaisir à son destinataire. Une superbe lampe, don des enfants de l'école, rappellera au ménage Destraz les heureuses années de leur séjour à Vich. En termes émus, M. Destraz remercia. Il mit en évidence le devoir d'être patriote et citoyen dévoué. Et les recommandations ne manquèrent pas non plus dans ses adieux aux derniers écoliers. Ceux-ci exécutèrent impeccablement deux choeurs, les derniers sous sa direction. Nous souhaitons à M. Destraz une longue et heureuse retraite. Sur un nombre imposant de candidats, la Municipalité a choisi, pour remplacer M. Destraz, un jeune instituteur au début de sa carrière, M. Metzener."
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