Lettre d'un néo-aficionado
Construire une équipe de football en Suisse... C'est comme ériger une tour de onze étages dans un quartier de Chavannes-près-Renens, on n'est pas sûr du vote populaire, et quand celui-ci est positif, les acteurs du chantier ne sont pas toujours d'accord alors que le dit-chantier est sensé déjà avoir commencé. Quand on joue les gros bras en Challenge League, l'édifice peut chanceler. Et il a chancelé après la reprise post "semi-confinement". Il fallait une ingénierie parfaite, une aisance dans la détection des joueurs de mission, le LS l'a fait en dénichant les Turkes-Zeqiri-Kukorozovic et en hissant les N'Doye-Pasche et autre Gétaz hors des eaux locales pour le grand bain. Pour obtenir un niveau proche de la League désirée, la Super League en l’occurrence, il fallait aussi une vision, un sens du collectif et un talent pour cadrer les frappes, avec une balle qui fuse entre les gants du gardien plus souvent que de coutume. Le LS a eu tout ça cette année et il a fait plaisir à voir. La Tour de Babel s'est transformée en belle tour d'observation et le guet s'appelle Giorgio Contini. Voilà le LS en première division nationale après avoir échoué de peu à y parvenir lors de l'exercice précédent. Toutes ces prochaines semaines jusqu'au déménagement de la Pontaise à la Tuilière, nous irons à la rencontre de quelques-uns des acteurs qui ont fait du LS un grand club suisse, historique de 124 ans d'âge.
Pour faire une équipe, on joue au jeu des sept familles (gardien, défenseurs, milieux défensifs, milieux offensifs, meneur de jeu/numéro 10, les buteurs et les remplaçants). On place des talents jeunes ou en fin de parcours pro et on pense à échafauder un plan où l’alternance de cuisses tendres et de chevilles ouvrières expérimentées viennent composer ce délicieux mille-feuille aux couleurs blanche et bleue. The White and Blue dream, le rêve blanc et bleu, comme nos cousins marseillais - si heureux de trouver Fabio et Lorik sur leur chemin de Compostelle - l'auraient formulé. Mais attention, la sauce ne prend pas à tous les coups. N’est pas Anne-Sophie ou Edgar qui veut, il faut marier les saveurs, croire en ses joueurs, le staff technique lausannois y croit et ça s'est vu un dimanche d'après confinement contre le FC Bâle en quart de finale de la Coupe suisse.
Mais l’équipe de Giorgio Contini, bâtie avec le directeur sportif Pablo Iglesias et le chargé du scouting Léonard Thurre (tous deux remerciés) tient le coup face aux armadas de Super League, la preuve après quatre mois d’arrêt : la "Prime Tower" LS a tenu la barre face aux secousses pandémiques. Puis elle a pu s'appuyer sur ses fondations antisismiques face aux accélérations de balle bâloises. On joue les yeux dans les yeux à Lausanne et on montre même de la détermination. Menée deux à zéro en deuxième temps du match de dimanche, les "néo-Seigneurs de la nuit" de Contini ont réagi coup sur coup en quelques minutes d'une intensité folle: Andi Zeqiri et Joël Geissmann dans une séquence de mouvement d’équipe jouée à la perfection ont remis le Lausanne Sport sur les rails. Vaillants soldats qui ne lâchent pas.
Le LS s'est alors démené sur une rythmique "up-tempo" qui fait du bien au cerveau. Voir le gardien Thomas Castella sortir les crocs dès les premières secondes de présence sur le green des Plaines de Loup dans un stade de la Pontaise avait déjà du chien, le voir éviter une élimination prématurée fut une confirmation. Un stade plus dégarni que de coutume pour les raisons que l'on sait (Merci la COVID-19... tu nous revaudras ça à la Tuilière), une harmonie de groupe qui fait du bien aux yeux, une pelouse bichonnée par les jardiniers de la ville, parfaite quoi, une banderole des BWFK qui rappelle que même pas là "le 12e homme est quand même là", le KOP de la cité vaudoise, resté accoudé aux bars diffusant la rencontre façon écran plat et ralentis pixelisés, avant de venir brûler quelques fumées blanches et bleues devant l’entrée du Stade Olympique – et donc devant le car bâlois. Les images de ce quart furent inoubliables.
Cela fait douze ans que je soutiens le Lausanne Sport, mon club de cœur en France étant Le Mans FC (quelle joie de voir les joueurs du MUC 72, ancien nom du Mans FC gagner au Parc des Princes en 2005 1 à 0, j’étais devant les supporters habituels Didier Roustan et Patrick Bruel et j’ai pu leur adresser un sourire amical lors du penalty marqué par Cédric Fauré, on était en 2005 et Le Mans voulait dire quelque chose dans le foot français, le PSG aussi mais les billets violets des actionnaires n’étaient pas encore plus nombreux qu’à Chelsea). Parenthèse personnelle terminée, j’ai suivi le LS du fils de Slavo Muslin, Marko et de pas mal d'autres joueurs, Yoric Ravet, Guillaume Katz ou l'ex-manceau Anthony Koura aujourd'hui. Et je dois dire que je suis heureux de voir que le club a beaucoup progressé. Merci le LS, vous m'avez fait devenir un peu plus suisse et un peu plus lausannois, depuis 2006.
David Glaser, le web éditeur et responsable de notreHistoire.ch
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