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Richard Strauss, Suite du Bourgeois Gentilhomme, OCL, Victor Desarzens

septembre, 1960
Label Westminster pour l'audio, R.Gagnaux resp. sources indiquées pour photos et texte
Label Westminster pour l'audio, R.Gagnaux resp. sources indiquées pour photos et texte
René Gagnaux
Westminster WST 17026, recto pochette
septembre, 1960
Westminster WST 17026, recto pochette

La comédie-ballet de Jean-Baptiste MOLIÈRE «Le Bourgeois gentilhomme» - musique de Jean-Baptiste LULLY - raconte l’histoire de Monsieur Jourdain, un marchand devenu nouveau riche, orgueilleux, désireux de vivre comme un aristocrate.

Dans un court texte rédigé pour la brochure-programme d'un concert de l'Orchestre de Chambre de Lausanne, Christian WASSELIN a très bien résumé les péripéties et rebondissements qui entourèrent la genèse de l'oeuvre composée sur ce thème par Richard Strauss:

"[...] «Le Bourgeois gentilhomme» de Richard Strauss unit dans un même élan les noms de Lully, de Molière et d’Hofmannsthal. On trouve au départ en effet une musique de scène composée par Strauss pour la troupe de Max Reinhardt qui s’apprêtait à monter «Le Bourgeois gentilhomme» dans une adaptation d’Hofmannsthal intitulée «Der Bürger als Edelmann». Lequel Hofmannsthal, un beau jour, eut l’idée de substituer à la cérémonie turque un opéra de trente minutes pour petit orchestre de chambre intitulé «Ariadne auf Naxos»[...], mêlant personnages héroïques et mythologiques en costumes XVIIIe et figures de la commedia dell’arte. Strauss interrompit la composition de sa musique de scène et écrivit l’opéra suggéré par Hofmannshal. Mais le spectacle fut créé en 1912 sans succès: ni pièce de théâtre, ni opéra, et bien plus long qu’il était prévu, il dépassait tous les cadres et ne satisfaisait personne. Strauss et Hofmannsthal se remirent à l’ouvrage: quatre ans plus tard, l’opéra «Ariadne auf Naxos» étoffé d’un Prologue, c’est-à-dire dans la version que nous connaissons aujourd’hui, connaissait enfin la consécration.

En 1918, à l’occasion d’une reprise du spectacle de Reinhardt, Strauss acheva les pages qu’il avait commencé de composer pour «Le Bourgeois gentilhomme», puis il en fit une suite instrumentale de neuf numéros qui fut créée à Vienne en 1920. Cette musique est écrite dans l’esprit d’un XVIIe siècle de fantaisie, avec de savoureuses citations tronquées de Lully. Le pastiche n’est jamais loin de l’hommage, et c’est avec un humour plein de santé que Strauss s’amuse à réinventer une vraie fausse musique baroque telle qu’on la concevait au début du XXe siècle.

Un orchestre réduit, des percussions discrètes, un piano en guise de clavecin suffisent à créer une atmosphère, dès l’Ouverture, pleine de malice. Les deux Menuets font intervenir des instruments solistes (flûte, violon, hautbois), cependant que le maître d’armes, dans le troisième volet, a droit à ses fanfares dans une ambiance fanfaronne où le piano ajoute ses broderies. Les couturiers entrent et dansent avec une fausse solennité, tout en babillant, cependant que la Courante n’a rien de pressé et que l’Entrée de Cléonte est l’occasion d’un moment de tendresse. Strauss ajoute une valse en guise d’Intermezzo, puis vient le temps du dîner, faussement pompeux comme il se doit, mais lui aussi coloré de valses et d’instants à la fois sentimentaux et nostalgiques.

L’ambiance d’«Ariadne auf Naxos», bien sûr, mais aussi du «Rosenkavalier», voire de «Salome» (dans le tout début de l’Intermezzo) n’est jamais très loin. [...]"

La pièce de Molière était à l’origine accompagnée d’une musique de Jean-Baptiste Lully, à laquelle Richard Strauss, quasi en guise d’hommage au maître baroque, se réfère, par exemple dans le cinquième mouvement - «menuet de Lully». "[...] Le monde galant du dix-septième siècle apparaît à maintes reprises, Strauss utilisant pour sa partition la courtoise musique de divertissement comme matière, la développant et l’enrichissant de ses outils de composition de manière extrêmement plaisante.

L’action de la pièce se retrouve dans les titres des mouvements. L’ouverture présente le nouveau riche Jourdain avec ses manières «snob». Le menuet est une leçon de danse, «le maître d‘armes» représente les essais maladroits de Jourdain à l’escrime, et Strauss joue avec les motifs baroques dans les trois mouvements de danse suivants ainsi que pour l’apparition festive de Cléonte. Enfin, Strauss donne libre cours à son humour au sein de l’intermezzo et du «dîner» final, citant «L‘or du Rhin» de Wagner et la peinture tonale du baroque. L’orchestration est restreinte, un orchestre de chambre assemblé autour d’un piano à queue. [...]" cité d'un texte d'Anne do Paço publié dans la brochure du CD Pentatone classics PTC 5186 060.

René Gagnaux
Westminster WST 17026, Étiquette recto du disque
septembre, 1960
Westminster WST 17026, Étiquette recto du disque

L'enregistrement que vous écoutez:

Richard Strauss, Suite du Bourgeois Gentilhomme, TrV 228c, Orchestre de Chambre de Lausanne, Victor Desarzens, septembre 1960

  • 1. Ouverture...........................................03:59 (-> 03:59)
  • 2. Le menuett de Monsieur Jourdain.....01:38 (-> 05:37)
  • 3. Le maître d'armes .............................01:38 (-> 07:15)
  • 4. Entrée et danse des couturiers.........04:59 (-> 12:14)
  • 5. Le menuet de Lully.............................02:17 (-> 14:31)
  • 6. Courante............................................02:22 (-> 16:53)
  • 7. Entrée de Cléonte..............................04:49 (-> 21:42)
  • 8. Intermezzo........................................03:11 (-> 24:53)
  • 9. Le dîner.............................................10:40 (-> 35:33)
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René Gagnaux
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30 octobre 2022
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