13. L'écrivain et sa famille
Le 20 octobre 1941, Maurice Zermatten épousa Hélène Kaiser qu'il avait rencontrée sur les bancs de l'Université de Fribourg où ils faisaient tous les deux des études de lettres.
Maurice Zermatten épouse Hélène Kaiser, le 20 octobre 1941
Dans son journal (inédit) il écrit ces mots pour la femme aimée :
Le Bonheur C'est la lumière qui doucement rayonne
Du centre de ton âme vers l'unique espérance
Qui remplit l'univers.
Qu'elle t'aime comme tu l'aimes
Et nos visages se confondent
Dans le consentement de l'autre regard
Bonheur humain si fragile.
Hélène suivit Maurice en Valais où il avait été nommé professeur au Collège de Sion. Sa vie durant elle s'intéressa de près à l'oeuvre de son mari, devenant même sa secrétaire lorsqu'il s'agissait de taper les versions successives des romans, et son archiviste qui classa inlassablement les masses d'articles qu'il écrivait et ceux parus sur son oeuvre. De précieux documents pour la Fondation.
Les jeunes mariés
En 1944 naquit leur premier enfant, attendu avec beaucoup de patience et d'espérance, comme le prouve ce poème daté du 3 décembre 1944 :
À l'enfant Rosée sur l'aurore qui tremble
Oserons-nous te regarder ?
Nos deux visages sont ensemble
Pour t'accueillir et te garder.
Dans ton berceau, la nuit dénoue
Ses peurs, ses ombres, ses chagrins;
Tendre rose dans la boue
De nos pauvres jardins.
Tu fus l'attente de nos ententes,
Le désir de notre bouche et de nos yeux,
L'espoir qui chante
Ou qui pleure en nos coeurs anxieux.
Petite, vois-tu le monde,
La vieille terre sous tes pieds neufs,
La mer immense et profonde
Le ciel plein d 'étoiles comme un oeuf ?
Ce soleil, cette mer immense,
Les forêts et les villes, l'air et les eaux,
Sont plus légers dans la balance
De Dieu que ton berceau !
Le même jour, il écrit "À la Mère", poème touchant de la part d'un père mobilisé en pleine campagne,qui a été averti de la naissance de son enfant par un télégramme portant ce seul mot : "Viens !"
À la Mère La vallée n'est plus qu'un berceau
D'or, de neige et de lumière
Dans l'Attente, comme un rameau
De son fruit, à l'aurore première.
Le soleil roule dans l'azur sans tache
Et c'est novembre;
Tu es saisie; tu gémis sans relâche
Dans notre chambre.
Il y a mille et mille années
Qu'un signe fut inscrit
Dans le Livre des destinées
Par le Père, le Fils et l'Esprit.
Les Promesse s'accomplissent
Malgré l'antique malédiction
Tu gémis ; tes chaires frémissent
Jusqu'à la délivrance et l'Illumination.
Poème écrit pour sa fille
Le parrain de la petite fille, Jean Graven, écrivit lui aussi un long poème en dix strophes de huit vers chacune dont le dernier comporte toujours le nom du nouveau-né, Madeleine, prénom de la jeune fille du Coeur Inutile.
Et lorsque le deuxième enfant arriva, un fils, Maurice Zermatten écrit dans son journal : "Un Garçon...ton fils.... Petit-fils d'Antoine et arrière-petit-fils d'Antoine... Fierté paysanne : l'avenir est assuré ; le nom ne mourra pas... " Et l'enfant s'appela Antoine, comme il se doit.....
Le 27 novembre, Ramuz salue cette naissance en disant : "Ça c'est de l'authentique et l'authentique fait plaisir".
Lettre de Ramuz pour la naissance d'Antoine
Hélène se chargea de l'intendance de la maisonnée et de l'éducation de leurs six enfants, permettant ainsi à son mari de s'adonner entièrement à son métier de professeur et d'écrivain. Cela ne veut pas dire qu'il se désintéressait de ses enfants, Au contraire, il éprouvait un amour profond et tendre pour chacun d'eux, leur racontait de histoires, leur lisait des livres et surtout les conseillait dans le choix de leurs lectures. Il les a aussi initiés à la peinture et leur a donné un amour profond de la nature et du Valais. Il était très soucieux de leur avenir et fit en sorte que chacun fit de bonnes études dans la voie qu'il avait choisie.
La leçon de lecture - photo de MZ - de 5 des 6 enfants Zermatten
Les six enfants dans le jardin de Gravelone à Sion
Hélène et Maurice étaient d'une grande générosité. Le chalet, en été, était toujours plein d'enfants, chacun y invitant un ami, un correspondant, des cousins et lorsque les grands eurent quitté la maison, ce furent des enfants défavorisés qui vinrent les remplacer le temps des vacances. Arrivèrent alors les petits-enfants, un nouveau grand bonheur pour ce couple très uni qui comptait 60 ans de mariage en 2001, lors de la mort de l'écrivain. Le premier arrière-petit fils arriva quelques mois après son décès. Aujourd'hui la famille compte 14 petits-enfants et 5 arrière-petits fils, mais la série ne fait que commencer...
Le chalet de Saint Martin
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En août 2012, Hélène aurait eu, à son tour, 100 ans et ce fut l'occasion pour la famille de se réunir dans le chalet de Saint-Martin. Tous les enfants et leurs conjoints étaient présents et une partie des petits et arrière petits-enfants. Une belle fête à la mémoire de parents inoubliables.
Hélène et Maurice Zermatten fin des années 90
"Dis voir", l'appli
Les Romands batoillent, mais de Sierre à Saignelégier leur accent varie. Le chercheur Mathieu Avanzi lance une application mobile pour étudier la diversité du parler romand. Le projet « Dis voir » invite les utilisateurs à enregistrer leur voix sur leur smartphone, à deviner des mots typiquement romands, et à tester leurs connaissances des accents régionaux.