Émile JAQUES-DALCROZE, Les jumeaux de Bergame, adapt. Roger BURKHARDT, OSR, Samuel BAUD-BOVY, 1965 Repérage

1965
RSR resp. RTSR
René Gagnaux resp. sources indiquées dans le texte

En 1965, la télévision romande célèbra le 100e anniversaire de la naissance d'Emile Jaques Dalcroze avec «Les Jumeaux de Bergame» dans une réalisation de Roger Burkhardt. Ce dernier, qui craignait que l'opéra rebute certains téléspectateurs, adapta l'opéra en un opéra-ballet, transposa l'action au début du 20e siècle et introduisit des gags et calembours - qu'il qualifia lui-même d'innocents.

Roger BURKHARD, 1965 - instantané cité du début de sa présentation des «Jumeaux de Bergame»

Cette oeuvre d'Émile Jaques-Dalcroze fut donnée en première audition en 1908 à Bruxelles: à cette époque, il était - selon Roger Burkhardt - de mode dans les salons de donner dans le théâtre comique italien: Pierrot, Arlequin, Scaramouche et Pantalon y étaient des personnages familiers. "[...] En truffant de gags et d'inventions, cet opéra, j'espère avoir mis sur pied une émission amusante qui plaise aux téléspectateurs [...]".

Émile Jaques-Dalcroze, Les Jumeaux de Bergame - Nérine (Catherine Eger) et Arlequin (Alain Knapp)

Cité de la présentation publiée dans le Radio TV Je vois tout du 6 mai 1965 en pages 20 et 21, signée R.Vz.:

"[...] C'est une «arlequinade» qui se passe à Paris. Arlequin aîné travaille chez un maître sévère et veut s'en libérer pour épouser la charmante modiste Rosette. Mais la femme de chambre Nérine l'aime aussi et lui reproche vivement de ne pas s'intéresser à elle. Au milieu de ces intrigues, arrive à Paris Arlequin cadet. Il vient de sa province de Bergame et personne n'est au courant de son arrivée. Nérine et Rosette le confondent avec Arlequin aîné. Ce quiproquo déclenche une avalanche d'incidents.

Ce livret de Maurice Léna a été écrit pour la bourgeoisie 1900. Celle-ci avait le goût de la farce, goût hérité du théâtre comique italien des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles où paraissaient, grimaçaient, dansaient, improvisaient, des personnages caricaturaux. Mais en 1900, dans les salons, on édulcore la «Commedia dell'Arte ». Arlequin et autres Scaramouche se sont policés. Ils ont des manières. Ce n'est plus le désespoir comique: ils deviennent mélancoliques. Les grasses plaisanteries font place aux innocents calembours.

L'action des «Jumeaux de Bergame» se ressent de cet affadissement. Simple - simpliste presque - diluée, elle était surtout un excellent prétexte musical pour Jaques-Dalcroze. Mais elle pose aussi un grand problème pour la mise en scène chorégraphique de l'opéra. Heureusement, l'heureux réalisateur de «Beaucoup de Bruit pour Rien», de «L'Ennemi», n'est pas un néophyte. À la TV suisse alémanique, Roger Burkhardt était déjà un spécialiste de l'opéra. (Il a notamment monté une oeuvre inédite de Sutermeister: «Séraphine».) C'est un téléaste à l'aise dans la difficulté.

Longuement il a cherché à rendre le livret de Léna plus vivant. Finalement, la musique, influencée par l'opérette de l'époque, l'a mis sur la bonne voie. Aussi a-t-il placé l'action en plein 1900, malgré les indications de l'auteur pour lequel tout se joue dans un Paris du XVIIIe siècle.

«1900, dit Roger Burckhardt, c'est la «belle époque» des moustaches en bataille, des melons, du style «métro» ou «nouille», des hautes bottines lacées, etc. J'ai donc truffé l'action de gags optiques, d'inventions, de situations comiques, et cela avec l'aide d'un excellent chorégraphe genevois qui a travaillé plusieurs années à la Télévision hollandaise: Roger Vuillien. Ayant adopté le principe d'une «arlequinade» non-stop, pleine de mouvements et à la vivacité incessante, il me fallait des acteurs-acrobates-danseurs jongleurs, capables de rendre au maximum la gaieté que réclame l'oeuvre. Je les ai trouvés: Alain Knapp (Arlequin aîné) est très doué pour l'acrobatie; Gilbert Divorne (Arlequin cadet), a fait du mime. Pour le rôle de Rosette, je devais avoir une jeune première «douce et mignonne». C'est Rachel Cathoud, que j'ai déjà dirigée dans «Beaucoup de Bruit pour Rien». Quant à Catherine Eger (Nérine), elle vient de terminer le Conservatoire de Genève. Elle a étudié la danse et le chant et semble très douée pour le comique. Cette distribution jeune ajoute encore à la fraîcheur de la mise en scène. Naturellement, vu les prouesses chorégraphiques et même athlétiques de mandées aux acteurs, il n'était pas question d'engager des chanteurs pour interpréter les rôles lyriques. Ceux-ci se sont contentés de «doubler» les voix. Pour permettre aux acteurs de développer leurs mouvements, le décorateur Serge Etter - qui a réussi un excellent décor comme un champ de foire et construire les chaises, les arbres, les escaliers, les praticables, d'une façon très solide.» On ne compte pas les cordes que Roger Burckhardt a à son arc. Pour cette réalisation par exemple, il a encore imaginé les costumes des rôles principaux. Celui qui, il y a plusieurs années, a été le premier à présenter à la télévision le chorégraphe Maurice Béjart, aime la musique. «Pour moi, dit-il, elle n'est pas lettre morte.» Dans le cas présent, elle l'a même bien inspiré. Grâce aux airs entraînants de Jaques-Dalcroze, Roger Burckhardt a réalisé une «arlequinade» très vive, très alerte, avec de nombreux gags toujours en situation. Il a «dépoussiéré» le livret de Léna et présente ainsi un spectacle d'une grande beauté plastique et d'une étonnante présence télévisuelle. Ou, plus simplement, un opéra plaisant et amusant. [...]" cité de la présentation publiée dans le Radio TV Je vois tout du 6 mai 1965 en pages 20 et 21, signée R.Vz., accessible librement grâce à la splendide banque de données SCRIPTORIUM de la Bibliothèque Cantonale et Universitaire de Lausanne.

Samuel BAUD-BOVY en 1964

C'est grâce à la générosité de la...... que nous pouvons visionner ce court métrage: Cliquer sur la photo ci-dessous pour ouvrir une nouvelle fenêtre sur la page correspondante des archives de la RTSR.

Émile JAQUES-DALCROZE, Les jumeaux de Bergame, sur un livret de Maurice LÉNA, adapté pour la télévision par Roger BURKHARDT (ou BURCKHARDT)

Au début: courte présentation par Roger BURKHARDT

Rôles filmés: Alain KNAPP / Arlequin, Gilbert DIVORNE / Arlequin cadet, Rachel CATHOUD / Rosette, Catherine EGER / Nérine

Rôles chantés: Eric TAPPY, ténor / Arlequin, Jean LÉQUIPÉ, baryton / Arlequin cadet, Basia RETCHITZKA, soprano / Rosette, Gisèle BOBILLIER, soprano / Nérine

Orchestre de la Suisse romande, Samuel BAUD-BOVY, 1965

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