R. Strauss, Don Juan, ONRDF, Josef KRIPS
R. Strauss, Don Juan, ONRDF, Josef KRIPS
Le texte de ce descriptif a été rédigé par René Gagnaux, que nous tenons à remercier. Il a également fourni la photo en illustration de ce document sonore.
**Photo illustrant ce fichier: Richard Strauss et Josef Krips en 1932 à Karlsruhe, Photo de Rudolf Lan, Karlsruhe, publiée dans le livre 'Josef Krips - Pas de musique sans amour, Souvenirs', ill. 13, entre les pages 56 et 57.
Richard STRAUSS, Don Juan, poême symphonique, Op. 20, TrV 156, Orchestre national de la Radiodiffusion française, Josef Krips, 18.09.1960, Montreux
Richard Strauss compose ce poème symphonique entre 1888 et 1889, il est donc encore jeune. Il aborde pour la seconde fois cette forme orchestrale - nouvelle pour l'époque - qu'il a découvert quelques années auparavant en composant son opus 16, «Aus Italien». Il préfère toutefois appeler cette forme 'poème sonore' - «Tondichtung». Il en composera en tout une dizaine, qui appartiennent à ses pages pour orchestre les plus réussies.
La première audition a lieu sous sa direction au théâtre de la Cour grand-ducale de Weimar le 11 novembre 1889 (à cette époque Richard Strauss était Maître de Chapelle auprès de cette cour).
Richard Strauss s'est inspiré des vers du poète autrichien Nicolaus Niembsch von Strehlenau, dit Nicolaus Lenau (1802-1850). Une traduction française du poème de Lenau faite par Walter Thomas et citée d'après cette page de francemusique.fr:
"[...] Ce cercle enchanté, immensément grand, de beautés féminines aux charmes multiples, je voudrais le parcourir dans le tumulte de la jouissance, et sur les lèvres de la dernière mourir d'un baiser. Ami, je voudrais traverser au vol tous les espaces où s'épanouit une belle femme, ployer le genou devant chacune et vaincre, ne fût-ce que quelques instants. [...]
Je fuis la satiété et l'épuisement du plaisir, je me maintiens alerte au service du beau. Si je chagrine quelqu'une, je m'exalte pour le sexe tout entier. L'haleine d'une femme, aujourd'hui senteur printanière, demain peut-être m'oppressera comme un souffle de cachot. Quand, avec mon amour, j'erre inconstant dans le large cercle des belles femmes, mon amour pour chacune est un amour différent. Ce n'est pas avec des ruines que je veux bâtir des temples. Oui, la passion, ce n'est jamais que la dernière. Elle ne se laisse pas transporter de celle-ci à celle-là ; elle ne peut que mourir ici, là renaître, et si elle se connaît elle-même, elle ignore entièrement le remords. Comme chaque beauté est unique en ce monde, tel est aussi l'amour qui s'y complaît. En route et partons pour des victoires toujours nouvelles, tant que palpiteront les ardentes pulsations de ma jeunesse! [...]
C'est une belle tempête qui m'emportait, sa fureur s'est apaisée et le calme demeure. Tout désir, tout espoir est tombé en léthargie. Peut-être un éclair, venu de hauteurs que j'ai dédaignées, a-t-il mortellement atteint ma puissance d'amour, et pour moi subitement le monde devenu désert s'est couvert de ténèbres. Peut-être aussi que non... la matière inflammable est consumée, et le foyer devient froid et sombre [...]"
Formé de 10 tableaux joués sans interruption, ce poème sonore débute joyeuseusement, en décrivant le caractère du héros et introduisant son «Leitmotiv»:
«Leitmotiv und Thema Don Juans»
«Liebelei und Umgarnen» - Amourette et yeux doux
«Erste Liebesszene» - Première scène d'amour
«Don Juan erlebt Abenteuer» - Don Juan a une aventure
«Umgarnen» - Les yeux doux
«Zweite Liebesszene» - Deuxième scène d'amour
«Sieger-Motiv» - Triomphe
«Maskenball» - Bal masqué
«Schwertkampf» - Combat à l'épée
«Erkenntnis und Tod» - Révélation et mort
Pour plus de détails voir par exemple cette page en allemand de Wikipedia, qui donne les positions exactes des différents tableaux dans l'oeuvre et décrit leur contenu: ceci a été très exactement fixé par le compositeur.
La partition peut-être librement téléchargée sur cette page de l'IMSLP.
Dans l'enregistrement que vous écoutez Josef KRIPS dirige l'Orchestre National de la RadioDiffusion Française (souvent nommé Orchestre National de Paris, son nom actuel étant Orchestre National de France).
Au programme de ce mémorable concert du dimanche 18 septembre 1960, le neuvième concert du Festival de Montreux 1960:
- Wolfgang Amadeus Mozart, Symphonie No 35 en ré majeur (Haffner), KV 385
- Ludwig van Beethoven, Concerto pour piano et orchestre no 5 en mi bémol majeur, Op. 73, Arthur Rubinstein en soliste
- Richard Strauss, Don Juan, op. 20, TrV 156
- Igor Strawinsky, Suite de L'Oiseau de Feu
Le concert fut retransmis en direct sur l'émetteur de Monte-Ceneri, et est maintenant disponible en écoute dans le groupe Josef KRIPS.
D'après la 'phonographie' du livre 'Josef Krips - Pas de musique sans amour, Souvenirs' Josef KRIPS a dirigé cette oeuvre pour la première fois à Karlsruhe le 5 décembre 1927. Josef KRIPS ne l'a pas enregistrée pour le disque, mais cette 'phonographie' répertorie 14 enregistrements "live" sous sa direction!
- Orch. National de la Radiodiff. Française 07.10.1954
- Orchestre Symphonique de Vienne 16.06.1956
- Orchestre de la Suisse Romande 22.10.1958
- Orch. National de la Radiodiff. Française 18.09.1960
- Orchestre Symphonique de Vienne 04.01.1961
- New York Philarmonic 27.10.1963
- San Francisco Symphony 29.11.1963
- San Francisco Symphony 26.01.1968
- Boston Symphony 28.07.1968
- Chicago Symphony 18.07.1968
- San Francisco Symphony 05.03.1971
- Orchestre Symphonique de Vienne 08.01.1972
- Concertgebouw Amsterdam 27.01.1972
- Orchester des Norddeutschen Rundfunks 18.11.1973
Cette abondance montre l'importance que cette oeuvre avait pour Josef KRIPS. Des enregistrements "live" hélas jamais publiés officiellement, sauf celui de Montreux, une édition toutefois très fugace sur une musicassette Erato Diapason parue pour le 40e anniversaire du Festival de Montreux en 1986.
L'enregistrement que vous écoutez:
Richard Strauss, Don Juan, symphonische Dichtung (Tondichtung), Op. 20, TrV 156, Orchestre national de la Radiodiffusion française, Josef KRIPS, 18 septembre 1960, Festival de Montreux (16:05)**
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