Dorian Anthoine: «Les archives permettent d’ouvrir une autre dimension à la frontière franco-suisse»

7 octobre 2014
Claude Zurcher
notreHistoire.ch

Dorian Anthoine est documentaliste à l'Ecomusée PAYSALP / Maison de la Mémoire, à Viuz-en Sallaz, en Haute-Savoie. Il anime plus particulièrement la collecte de documents, notamment d'archives audiovisuelles. Car l'Ecomusée PAYSALP fonctionne comme une institution à plusieurs visages pour sauvegarder et mettre en valeur le patrimoine de cette région entre Genève et Chamonix. Il conduit un projet lié à la notion de frontières et lance un appel à la collecte de documents.

Quelle mission s'est donnée votre institution ?

L'Ecomusée PAYSALP s'engage pour la préservation de la mémoire en Haute-Savoie. Ce travail se fait sur plusieurs sites et de manière différente selon que l'on traite d'archives audiovisuelles ou d'objets pour le musée paysan que nous animons, par exemple. Nous avons également en charge le Château de Faucigny, les meulières de Vouan, un site unique en Europe. Sans oublier Croq'Alp avec ses ateliers gustatifs à la fruitère de Mieussy. Mais pour rester dans le domaine des archives, nous animons aussi la Maison de la Mémoire qui collecte et conserve la mémoire du patrimoine local. Une base de données en ligne «Mémoire Alpine» permet de partager tous ces témoignages de manière participative.

C'est donc un ensemble qui nous permet de travailler à la conservation et à la restitution de la mémoire de notre région. Nous sommes par ailleurs en partenariat avec des institutions telle la Cinémathèque des Pays de Savoie et de l'Ain, des associations et des particuliers qui souhaitent s'associer à nos activités. Neuf personnes travaillent sur les huit sites de l'Ecomusée PAYSALP, sans compter des personnes bénévoles qui œuvrent comme «collecteurs de mémoire».

Vous travaillez actuellement à un projet sur le thème de la frontière. Vous avez d'ailleurs rejoint notrehistoire.ch pour rechercher des documents.

Oui, ce thème de la frontière franco-suisse est une source de réflexion pour nous à travers un projet européen. Pas seulement la frontière administrative, mais aussi la frontière économique et culturelle. Nous nous sommes associés avec le Centre d'iconographique genevois et la Bibliothèque Cantonale de Genève pour ce projet qui consiste dans un premier temps à recenser et à collecter des témoignages iconographiques et audiovisuels sur ce qui touche à cette notion de franchissement transfrontalier. Nous sommes donc en réseau avec les musées, les associations, les sociétés savantes de la région, la Fondation Braillard, entre autres. Mais il nous manquait une dimension propre au public. Dans ce sens, notrehistoire.ch permet de mettre en lumière des documents inédits issus de fonds de particuliers. Fédérer les acteurs du patrimoine nous paraît essentiel.

Vous travaillez également avec des cinéastes.

Nous avons lancé le projet de la réalisation de dix courts métrages avec des cinéastes, chacun illustrant une thématique différente sur la frontière. Mais nous travaillons également avec des artistes du théâtre pour monter une pièce toujours en lien sur ce thème. Nous souhaitons également réunir des metteurs en scène français et suisse.

Sur notrehistoire.ch, quel appel lancez-vous ?

Nous recherchons principalement des photos bien sûr, mais aussi des cartes postales et des films de famille qui abordent la zone frontalière entre la Haute-Savoie et la Suisse, de façon variée, qu'il s'agisse des lieux, des pratiques, des métiers, voire d'anecdotes. Notre appel a déjà permis de mettre en lumière un film de 1928 qui présente le petit train du Salève (lieu privilégié dans le tourisme suisse). C'est le seul film à notre connaissance sur ce thème. (Voir le groupe sur la frontière)

Un mot encore sur les petits chercheurs de mémoire…

C'est un travail pédagogique que nous menons avec des élèves. Nous leur permettons de prendre conscience de l'importance du patrimoine à travers de véritables enquêtes sur le terrain et l'animation d'un atelier qui fait appel à leurs archives de famille. C'est une dimension participative qui favorise une connaissance de l'histoire locale, mais aussi des liens entre générations. Cette appropriation de la mémoire d'un lieu à travers les archives, les objets mais aussi les témoignages et les pratiques de la vie quotidienne nous paraît un travail essentiel aujourd'hui à mener avec des élèves.

Propos recueillis par Claude Zurcher

Contact : Maison de la Mémoire - 04 50 35 85 18

Le site de l'Ecomusée PAYSALP / Maison de la Mémoire

Voir le groupe sur la frontière

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