Maurice RAVEL, Concerto en sol majeur, M 83, Jacqueline BLANCARD, OSR, Ernest ANSERMET, 1953
Maurice RAVEL, Concerto en sol majeur, M 83, Jacqueline BLANCARD, OSR, Ernest ANSERMET, 1953
Ce concerto - ainsi que le concerto pour la main gauche - appartiennent à ce que Maurice Ravel a écrit de plus avancé aussi bien dans l'esprit du traitement instrumental que dans l'écriture tant au piano qu'à l'orchestre.
À l'origine le concerto en sol devait être une "Rhapsodie basque" avec piano concertant que Ravel voulait faire jouer au cours d'une tournée américaine, lui-même étant au piano (l'oeuvre était une commande de Serge Koussevitzky pour le 50e anniversaire de l'Orchestre symphonique de Boston). En cours de travail il avait pensé lui donner le titre de divertissement, mais finalement le nom de concerto l'emporta. L' oeuvre est composée dans une facture moderne, une musique exceptionellement claire, lumineuse et sensible, où la mélodie, l'harmonie et le rythme nous éblouissent par leur richesse et leur variété.
Une courte présentation citée d'un texte de Serge Berthoumieux:
"[...] L'étonnante matière sonore du premier mouvement place piano et orchestre dans une commune intelligence qui les font poètes dans le destin de détails précieux, d'une suprême musicalité dans les épanchements mélodiques, brillants dans les phrases incisives si étonnamment construites. Le piano n'est pas seul en soliste, Ravel, avec une connaissance poussée des familles orchestrales, met fréquemment au premier plan les instruments à vent, y compris basson et cor, aussi bien qu'une exubérante batterie dans une luxuriance de timbres et de couleur inouïs. Et pourtant, les phrases s'épanouissent rayonnantes de luminosité, la mélodie s'infléchit souple et capricieuse et prend son élan; le rythme se muscle soudain, dominateur, et tout cela fait que la musique vit intensément.
Le deuxième mouvement, Adagio assai, reste comme un des grands moments de la musique. Le piano, solitaire pendant un long moment, cerne la plus fine des mélodies; la main droite simplement, calmement, sur le ton d'une touchante confidence, expose l'unique thème tandis que la main gauche se contente de marquer un rythme doux mais persuasif. Cet Adagio est particuliérement émouvant avec ses longues phrases toutes palpitantes d'émotion contenue, cette sorte de frémissement mélancolique du piano que l'orchestre reprend bientôt avec lui pour terminer sur un trille dont les battements s'estompent et s'éteignent mystérieusement.
C'est ensuite un Presto final éblouissant, avec une cadence endiablée qui amorce toute une gerbe étincellante de notes piquées, martelées, de traits mordants passant bientôt du piano à l'orchestre et cette dualité va se faire de plus en plus serrée pour aboutir à la conclusion la plus brillante et la plus originale sur un accord plaqué. Vous remarquerez sans aucun doute, chemin faisant, l'influence très nette du jazz, notamment dans le chromatisme des trombones. [...]" cité d'un texte de Serge Berthoumieux, publié dans la pochette du disque Erato STU 70928.
C'est la dernière oeuvre importante de Maurice Ravel, avant sa grave maladie (une tragique maladie neurodégénérative dont il a hélas souffert pendant les dernières années de sa vie), qui conduira à son décès. Il dédie l'oeuvre à Marguerite Long, qui la donne en première audition à Paris, salle Pleyel, le 14 janvier 1932, l'Orchestre des Concerts Lamoureux étant dirigé par le compositeur. La première audition aux USA date du 22 avril 1932, simultanément par le Boston Symphony Orchestra et le Philadelphia Orchestra dans leurs salles de concert respectives.
Ernest Ansermet a souvent donné cette oeuvre en concert, mais ne l'a enregistré qu'une seule fois pour le disque, avec Jacqueline Blancard et son Orchestre de la Suisse Romande: SAR785-90, Pr: Victor Olof Eng: Gil Went, 05/06.1953, Victoria Hall, Genève, paru en septembre 1953 sur Decca LXT 2816, puis en décembre 1953 sur London LL 797, qui n'existe donc hélas qu'en mono. Mais peut-être qu'il en existe quelque part un enregistrement de concert fait plus tard en stéréo, rêvons un peu... Un appel à la Radio Suisse Romande, ainsi qu'aux diverses autres radios où Ernest Ansermet a donné des concerts...
Sur l'autre face du disque: également de Maurice Ravel, le concerto pour la main gauche, M 82, avec les mêmes interprètes.
Cet enregistrement n'a - hélas... - jamais été réédité sur CD par la maison-mère Decca, comme le concerto pour la main gauche!! Il faut attendre novembre 2008 pour le voir apparaître sur un CD de la branche australienne - dans la série Decca Éloquence - qui est hélas assez difficile à trouver importé en Europe.
Étiquette verso LXT 2816
L' enregistrement que vous écoutez...
Maurice Ravel, Concerto en sol majeur, M 83, Jacqueline Blancard, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet, juin 1953, Genève, Victoria-Hall
1. Allegramente 08:33 (-> 08:33)
2. Adagio assai 09:03 (-> 17:36)
3. Presto 04:12 (-> 21:48)
Provenance: Decca LXT 2816
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