Témoignage : les débuts d'une pandémie

25 mars 2020
La Chaux-de-Fonds, 2300, Neuchâtel
Claire Bärtschi-Flohr

25 mars

Voici écoulé le deuxième mercredi pendant lequel nous avons été privés de la visite de nos petits-enfants.

Il y a presque un mois, le 29 février 2020, nous avons organisé un Apéro-contes dans le caveau du bar de L’Entourloop à La Chaux-de-Fonds. On commençait à évoquer l’épidémie de covid19, pour laquelle n’existe aucun vaccin. Ce virus semble dangereux, surtout pour les personnes dès 65 ans

Ce soir-là, nous n’étions pas trop inquiets : nous avons décidé de ne pas nous faire la bise et de ne pas nous serrer la main, mais nous étions tous assis très proches les uns des autres dans ce lieu confiné. Nous étions une bonne trentaine de personnes.

Le dimanche 1er mars, fin de la semaine de vacances scolaires, je suis allée chez Sophie et ses enfants, qui rentraient d’un voyage à Londres pour faire signer une carte pour l’anniversaire de ma sœur. Nous nous sourions de loin...

Le lundi 2 mars eu lieu notre atelier « contes », là encore, pas trop d’inquiétude, nous ne nous embrassons pas, nous ne nous serrons pas la main, mais nous passons l’après-midi assis autour de la table…. A parler et rire…

Le 5 mars, je vais encore à la gym, mais je pense à me laver vigoureusement les mains avant et après la séance…

Le repas tripes du 7 mars, organisé par le groupe des anciens éclaireurs est annulé. Mais les organisateurs se demandent encore s’ils ont bien fait ou pas…

Mais les organes officiels par le truchement de la TV et des journaux commencent à marteler le message : Il faut éviter les rencontres. Plusieurs concerts et spectacles auxquels nous devions assister sont supprimés.

Le samedi 7 mars, J’annule par courriel ma venue dans deux classes de l’Ecole des Gentianes. Je devais y raconter des histoires le mardi 10. Par les réactions de l’instituteur et de mes collègues, je sens une certaine compréhension de ma décision, mais pas plus…

Le 8 mars, journée des femmes, nous allons manger chez ma belle-soeur pour fêter son anniversaire. Nous nous tenons à distance, mais nous sommes neuf dans la salle à manger.

Le 10 mars, nous allons quand même, mon mari et moi, faire les courses à la Migros.

Le lendemain, j’annule la gym du jeudi 12…

Le vendredi 13, branle-bas de combat au niveau de la Confédération helvétique qui craint une surcharge de ses hôpitaux et un manque d’appareils respiratoires pour sauver les malades. Les journalistes nous informent, c’est sûr, mais ils s’en donnent à coeur joie : Enfin, il se passe quelque chose...

Le temps est magnifique et très (trop) doux pour la saison. Le dimanche 15, nous décidons de faire un tour sur le lac avec notre bateau. Nous y retournons le mercredi. Nous faisons une balade à pied le long du rivage et croisons des joggeurs et de nombreux passants. Le jeudi 19, nous partons en bateau pour Portalban. Nous nous y amarrons et partons faire une balade sur le sentier des petits chalets. Nous rencontrons très peu de monde. Tant mieux.

Le vendredi 20, le confinement est de plus en plus conseillé. Nous n’osons plus aller faire nos courses à la Migros. Une de nos filles s’en charge. Nos voisins du dessous nous ont aussi proposé leur aide pour nous ravitailler.

Nous regardons la télé le soir, les informations sur Suisse, sur France. Nous sommes tétanisés. Nous dormons extrêmement mal. Nous sommes angoissés. Nous avons le sentiment de ne plus être à notre place dans le cosmos : nous sommes trop vieux, puisque nous ne pouvons pas résister à cette nouvelle maladie !!! Nous sommes de trop… sentiment très désagréable… Quelle remise en question… Pourtant, nous nous sentons en pleine forme et avons encore des choses à dire et à faire !

L’angoisse devient si forte que nous décidons, mon mari et moi, dès le lundi 23 mars, de regarder les titres de début d’émission pour voir s’il y a du nouveau, puis nous éteignons résolument le poste. De toute façon, nous n’apprenons plus grand chose.

Depuis, ça va mieux.

Mais le problème des courses à refaire bientôt commence à me turlupiner : cela m’ennuie de demander de l’aide à nos filles, qui, après tout, prennent chaque fois le risque de tomber malade.

Depuis les sorties en bateau, j’ai tendance à toussoter. Je n’ai pas de fièvre, je ne tousse pas la nuit. Mais je ne peux m’empêcher d’être inquiète. L’idée de se retrouver aux soins intensifs est une bonne motivation pour rester chez soi.

Nous avons de la famille et des amis au Canada, aux Etats-Unis, en Alsace et ailleurs en France. Nous vivons tous le même événement. C'est impressionnant.

Nous espérons que les mesures prises seront efficaces pour enrayer cette épidémie. Nous pensons très fort aux malades et au personnel des hôpitaux qui font un travail difficile et remarquable.

Photo : Portalban, 19 mars 2020

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Claire Bärtschi-Flohr
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27 mars 2020
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