Histoire de la Chapelle du Sacré-Coeur de Posieux

1911
Alexandre Muller

Prolégomènes Historiographiques de la Chapelle du Sacré-Coeur de Posieux

Les tourments de l’Histoire n’ont pas épargné Posieux / Hauterive FR.

Pourquoi Nicolas Chenaux (1740-1781) de la Tour-de-Trême, chef d’une révolte populaire contre le gouvernement patricien de Fribourg en 1781 s’est trouvé mêlé aux tribulations de l’Histoire de Posieux.

Nicolas Chenaux est une des personnalités historiques de la Gruyère. Issu d’une famille paysanne aisée, Pierre Nicolas Chenaux est né en 1740 à la Tour-de-Trême.

Entreprenant, il se voue sans succès aux affaires, (immobilier, fromage, grains, mines et élevage). Déçu également dans ses ambitions militaires, il réussit mieux en politique. Son franc-parler et ses virulentes critiques lui assurent une indéniable popularité auprès de la population.

Origine de la révolte

De 1780 à 1784 à la suite de problèmes économiques, politiques et religieux, le canton de fribourg connait une période troublée dont le soulèvement Chenaux (dit aussi « révolution Chenaux », en 1781,

révolution qui constitue l’épisode le plus spectaculaire de l’époque.

Pierre-Nicolas Chenaux et ses partisans reprochent au gouvernement oligarchique de Fribourg d’avoir aboli une trentaine de fêtes religieuses, d’avoir supprimé le couvent de la Valsainte et de projeter la mise en place de nouveaux impôts. Chenaux promet à ses affidés que leurs dettes seront effacées, qu’une loi agraire sera prononcée et que les fermiers pourront avoir la libre propriété des terres qu’ils détiennent par bail.

Ainsi, le 29 avril 1781, Pierre-Nicolas Chenaux dirige un petit groupe d’hommes encadré par des officiers. Réunis à Bulle à l’Auberge de l’Épée couronnée (aujourd’hui l’Hôtel du Cheval Blanc),

Chenaux planifie une révolte et prévoit de prendre Fribourg par surprise. La date prévue est d’abord la St jean (24 juin), puis la foire du 3 mai. Mais le gouvernement fribourgeois, déjà sur ses gardes à cause de cas similaires, veille. Averti du projet de Chenaux, le gouvernement ordonne son arrestation, mais Chenaux, avec la complicité de ses informateurs, parvient à esquiver le coup.

Au coeur du soulèvement

Le 1er mai 1781, Chenaux entend que Fribourg a mis sa tête à prix. Loin de se cacher ou de fuir, il prend l’initiative, harangue la population, et dès le 2 mai, se dirige vers la capitale fribourgeoise. Le 3 mai, les portes de la ville restant closes, des tractations naissent ; les assaillants mettent ce temps à profit pour rallier de deux à trois mille campagnards à leur cause, tandis que les assiégés, paniqués, appellent Berne à l’aide. Craignant que le soulèvement fribourgeois donne des idées à leurs baillages

romands, les autorités bernoises envoient sans perdre de temps leurs troupes au secours de leur voisin fribourgeois. Fribourg est ainsi prêt pour recevoir des paysans mal armés et insuffisamment organisés.

Le 4 mai 1781, le vaudois Benjamin Louis Monod de Froideville VD, ancien officier au service de la Prusse et responsable des troupes gouvernementales, obtient la reddition de quelques centaines d’hommes. Dans la nuit du 4 au 5 mai, Chenaux qui s’est replié dans la région de Posieux passe sa dernière soirée à l’auberge de la Croix Blanche de Posieux. C’est qu’avec quelques amis et subordonnés il prend une collation et se désaltère dans une salle discrète de la petite annexe de l’auberge. Mais sa présence est remarquée et le curé Bielmann de la paroisse d’Ecuvillens, proche des patriciens, avisé dénociateur est mis au courant. De ce pas il envoye son sacristain près de l’auberge du champ de Nod pour soudoyer un certain Pierre Rossier d’Ecuvillens, lieutenant de Chenaux, qui avait déjà bien bu et lui demande d’exécuter l’homme dont la tête avait été mise à prix. Ledit Pierre Rossier et ses complices, Pierre Chappuis de Magnedens, Jean-Jacques Sudan de Treyvaux, Nicolas Barras de Crésuz et François Huguenot d’Autigny retrouvent Nicolas Chenaux qui sortait de l’auberge et qui se dirigeait vers Ecuvillens. C’est là «au Champ du Nod » à deux pas du « Tronc Bourlâ » que l’assassin passe à l’acte et plante sa baïonette dans le corps de Chenaux

(Endroit situé actuellement derrière l’ancienne boucherie Galley entre le N° 46 et le N° 44 de la route de Posieux menant à Ecuvillens, juste avant le passage sous l’autoroute actuelle).

( L’ancienne auberge du champ du Nod

Durant l’Ancien régime (période entre la conquête du Pays de Vaud par Berne en 1536 et l’invasion française de 1798 et l’avènement de la République helvétique), l’auberge du Champ du Nod (ou Not) est une importante institution à Ecuvillens. C’est même le principal débit de boissons des environs se trouvant sur la route très fréquentée reliant Fribourg à Bulle. En effet, l’hôtel du Champ du Nod fait déjà partie en 1626 des établissements privilégiés où l’on offre à la fois boissons, mets et logement. C’est donc une taverne très fréquentée et l’hôtesse Françoise Gendre, notamment, y encave de nombreux tonneaux de vin au début du 18ème siècle.

Pendant près de deux siècles, l’auberge du Nod passe de mains en mains et ce sont les femmes qui jouent un rôle essentiel. Ce sont en effet elle qui hérite de l’établissement et, de ce fait, le nom de famille des exploitants change presque à chaque génération. Il est intéressant de constater que l’auberge du Champ du Nod se maintient presque toujours dans les mains de familles extérieures au village. Certaines de ces personnes ont cependant réussi à devenir « communiers » d’Ecuvillens, c’est-à-dire à obtenir le droit de cité d’Ecuvillens.

Les tenanciers de l’auberge au fil des siècles

Le premier aubergiste du Champ du Nod est Jean Brochex, de Corbières, qui s’y établit au début du 17ème siècle. Il décède en 1622 est laisse trois filles héritières. Marguerite, la soeur ainée, épouse Pierre Magnin, de Marsens, qui exploite l’auberge de 1622 à 1654.

C’est ensuite un certain Jean Pasquier, apparemment forgeron, qui devient tenancier de l’auberge. Rapidement cependant, c’est sa fille Claudia, baptisée à Ecuvillens le 23.09.1635, qui reprend les rênes de l’auberge. Elle est assistée par son marie Pierre Morel, d’Estavayer-le-Gibloux, et ils tiendront ensemble l’auberge jusqu’en 1692. C’était alors un lieu bien fréquenté et le notaire Etienne Python, de Magnedens, y vient régulièrement avec ses clients pour y signer des actes. Françoise, la fille du couple Morel Pasquier, épouse le 11 juin 1680 Benoit Gendre, de Montagny-la-Ville. Malgré le décès prématuré de ce dernier en 1694, elle réussira, non sans l’aide de ses beaux-frères, à gérer l’auberge jusqu’en 1699.

L’auberge est ensuite mise en location avant que Marie, la fille de Françoise Morel et Benoit Gendre en reprenne les rênes. Elle se marie le 25.07.1702 à Ecuvillens avec Jean Joye, de Mannens, qui est issu d’une famille d’aubergistes. Après leur départ d’Ecuvillens en 1725, c’est à nouveau Françoise Morel, aidée par son petit-fils Joseph Joye, qui dirige l’auberge. En 1728, celui-ci épouse à Ecuvillens Marie Antonie Carrel, de Froideville, et il devient officiellement l’aubergiste du Champ du Nod. En 1757, Pierre, le fils du couple Joye-Carrel, est désigné comme aubergiste et les Joye sont entre-temps devenus communiers d’Ecuvillens.

Lors de la révolution Chenaux, en 1781, l’auberge du Champs de Nod était encore fréquentée et des conjurés s’y retrouvaient, mais c’est dans l’annexe de l’auberge de la Croix Blanche à Posieux à quelques dizaines de mètres de là que Nicolas Chenaux passa sa dernière soirée avant d’être assassiné par Rossier, son lieutenant qui sortait de l’auberge du Champ de Nod. Ceci sur dénonciation du curé Bielmann d’Ecuvillens qui envoya son sacristain aviser les conjurés qui buvaient à l’auberge du Champs de Nods.

Alors que dans le cadre du recensement de 1811 le Champ du Nod était encore bien présent et que Joseph Joye, 65 ans, son épouse Anne-Marie née Chenaux et leurs 2 enfants y habitaient encore, ils n’exercçaient plus la profession d’aubergistes et le père de famille érait qualifié de laboureur.

L’auberge du Champ du Nod avait donc cessé son activité à la fin du 18ème siècle alors que le nouvel établissement, la Croix-Blanche à Posieux, avait pris le relais depuis une vingtaine d’années déjà. Un certain Claude Python, de Magnedens, exerçait le métier de cabaretier/aubergiste à Posieux comme le démontre cet extrait de courrier du Baillif d’Illens du 19 juillet 1784.)

Le corps de Chenaux est alors amené en ville de Fribourg. Ainsi il est mort à l’âge de 41 ans, le 5 mai 1781, sous les coups de son lieutenant félon, Pierre Rossier. Pour l’exemple, sa condamnation est ensuite mise en scène par les autorités puis condamné à la « damnatio memoriae ». Les patriciens de Fribourg font démembrer et décapiter son cadavre devant la foule. Le bourreau qui était particulièrement aviné a dut donner plusieurs coups de hache pour détacher la tête. Le petit peuple est ainsi maté. Si bien que le soir même, certains bourgeois et leurs dames s’en vont danser sous la tête sanglante de l’insurgé, qui reste plantée pendant deux ans et demi à la porte de Romont à Fribourg. Nicolas Chenaux est officiellement réhabilité en 1848.

Conséquences

Peu de temps après, le peuple se recueille sur sa tombe et invoque « Saint Nicolas Chenaux martyre de la liberté ». Cette canonisation quelque peu rapide et spontanée provoque l’ire de l’Eglise et est sévèrement condamnée. De plus la répression du gouvernement contre les révoltés devient extrêmement stricte… Les peines de prison, les condamnations aux galères, les bannissements et les amendes sont le lot de la plupart des insurgés.

Sur le plan politique, les autorités fribourgeoises, encouragées par Berne, Lucerne et Soleure, optent pour l’apaisement. Les paroisses et les communautés sont invitées à exprimer par écrit leurs souhaits. De ceux qui émanent de la campagne, aucun ne conteste l’institution même du patriciat, mais plusieurs sollicitent des allégements fiscaux ainsi que le rétablissement des fêtes religieuses et des processions récemment supprimées. En revanche, la bourgeoisie commune de la capitale, par d’habiles et insistantes démarches, fait savoir qu’elle aspire à une meilleure répartition du pouvoir avec la bourgeoisie privilégiée. Le conflit s’exacerbe ; il s’achève en 1783 par l’exil forcé de ses principaux représentants. Ces derniers rejoignent ainsi à l’étranger les rescapés de la prise d’armes de 1781. Les uns et les autres salueront la Révolution Française de 1789 et rentreront au pays en 1798. Victime de

la procédure infamante de « damnatio memoriae » (le bannissement de la mémoire), le souvenir de Chenaux s’estompe peu à peu. Il faut attendre l’année 1848 pour que le régime politique radical le réhabilite officiellement. En 1933 une statue monumentale est érigée à Bulle, sur la Place du Marché, en l’honneur du « Défenseur des libertés du Peuple ».

Au lendemain de la mort de Chenaux et pour appuyer sa répression, le gouvernement fribourgeois ordonne que « l’enseigne de l’Épée couronnée » établissement de l’ancien quartier général de Chenaux, soit démontée et brûlée la place publique, afin de décourager définitivement les plus virulents ennemis de Fribourg. Même si la matière a disparu, l’idéologie et l’esprit de la contestation demeurent. Cela n’empêche pas les bullois de rouvrir l’établissement sous l’enseigne du « Cheval Blanc » ainsi d’accrocher la nouvelle enseigne, en mémoire des événements de 1781, l’épée couronnée de lauriers pointant en direction de Fribourg.

De nombreux alliés de Chenaux exilés en France poursuivent leur contestation de l’Ancien Régime au sein du Club Helvétique de Paris (1790-1791). Un des objectifs de cette société qui est d’importer la révolution dans les cantons suisses, aboutit en 1798 avec l’invasion du pays par l’armée française et la création d’une république Helvétique fondée sur les idéaux nouveaux de liberté individuelle et d’égalité, centralisée sur le modèle français.

Quelques décennies plus tard, a eu lieu à Posieux une importante manifestation populaire contre le gouvernement radical.

Le 24 mai 1852 a eu lieu dans le village de Posieux une assemblée populaire qui réunit environ 18'000 personnes, un nombre impressionnant pour l’époque. Dirigée par un comité de treize membres, cette assemblée a adopté une série de revendications remettant en cause la légitimité démocratique du pouvoir radical installé à Fribourg dans les soubresauts des révolutions européennes de 1848. Défendu par une avalanche de pétitions et de brochures, l’événement a eu des échos au niveau cantonal, fédéral, et international. Par le biais des urnes, les chefs du mouvement se sont progressivement installés à tous les postes politiques clefs jusqu’au triomphe électoral 1856 marque le début d’un siècle de domination conservatrice sur le canton.

C’est en souvenir de cet événement qui provoqua le retour des conservateurs au pouvoir, que fut érigée à l’endroit culminant du site de Posieux, la Chapelle du Sacré-Coeur.

Ceci à l’instigation du Chanoine Joseph Schorderet, bourgeois et habitant de Posieux et fondateur du journal « La Liberté » et de l’institution de l’Ordre religieux des « Soeurs de St-Paul ».

Alexandre Muller, Posieux, 2017

Sources :

Jean-Marie Barras

Georges Andrey

Alain-Jacques Tornare

Musée Gruérien

Pierre Rime

Leonardo Broillet : Une affaire de famille : L’auberge du Champ du Nod à Ecuvillens au XVIIème et XVIIIème siècles

M. Gabriel Chenaux, à Ecuvillens.

CHRONOLOGIE HISTORIQUE DE LA CHAPELLE DU SACRÉ-COEUR DE POSIEUX

Posieux : une chapelle politico-religieuse visible loin à la ronde

Dans notre région, la chapelle de Posieux est visible de partout, ou presque. Les membres du parti conservateur qui ont choisi autrefois la petite colline du Sapex pour implanter l’édifice avaient en effet mûrement réfléchi à l’endroit le plus propice. Il fallait que le plus grand nombre de regards possible se portent des siècles durant ! Erigée à la gloire du Sacré-Coeur, la chapelle continue à régner sur la région, avec son architecture monumentale en forme de croix tréflée à triple absides.

Comme les souvenirs s'évaporent et que l’Histoire a évolué, quelques rappels historiques sont de circonstance.

Fin 1847 – 1856 : le Régime radical

Le 15 novembre 1847, une assemblée populaire installe à Fribourg un gouvernement radical de sept membres. Le régime précédent, ancré dans la religion, a perdu la guerre du Sonderbund. Ce conflit, rappelons-le, avait été mené par la Confédération contre les cantons catholiques de Uri, Schwytz, Unterwald, Lucerne, Zoug, Fribourg et le Valais, qui avaient conclu une alliance séparée de la Confédération, alliance appelée Sonderbund. "Sonderbon" comme disaient les gens de chez nous… Parvenus au pouvoir, les radicaux tiendront les rênes du canton jusqu’en 1856.

Un régime discuté

Que n’a-t-on pas entendu jadis comme jugements négatifs sur ces années de radicalisme. Les mesures prises contre la religion furent impopulaires : suppression de couvents et prise de leurs biens par l’Etat, fermeture du Séminaire diocésain, éloignement des Jésuites du Collège St-Michel, abolition de fêtes chômées, expulsion de l’évêque Mgr Marilley… Mais, on a souvent oublié de placer dans l’autre plateau de la balance les avancées réelles dues au Régime radical : développement de l’instruction publique, ouverture de la première Ecole normale, enseignement primaire rendu obligatoire, promulgation de lois sur les impôts, sur les routes, sur la santé, nouveaux codes civil et pénal, réorganisation de l’état-civil, développement du chemin de fer, etc.

Tous à Posieux !

Les pressions contre le Régime radical vont aller en s’intensifiant. La colère populaire, bien orchestrée par les Conservateurs gronde et monte un peu partout. Le 24 mai 1852, dix-huit mille mécontents accourent à Posieux. Ce qu’ils veulent, lit-on entre autres dans La Liberté du 16 avril 1951, c’est « libérer une fois pour toutes notre canton de la tyrannie radicale. » Le journal ajoute : « En cette journée radieuse, le parti conservateur retrouva sa mystique, sa confiance en lui-même et la volonté de donner au canton un régime

politique chrétien et démocratique. ». La vie, dans le canton, fut tendue durant ces années 1848 à 1856. Méfiance jusqu’à la haine, dénigrement de tout ce qui touchait à l’environnement radical.

Ça ne pouvait durer. La journée du 24 mai 1852, une violente manifestation du mécontentement populaire rassembla plus de 18'000 personnes sur la colline du Sapex à Posieux. Cette journée marqua ainsi le « début de la fin » du régime radical. Celui-ci sombra quatre ans plus tard, en 1856.

1884 : Une chapelle commémorative sera vouée au « Sacré-Coeur »

En 1884, sur l'instigation du chanoine Joseph Schorderet, enfant et bourgeois de Posieux qui habitait pendant sa jeunesse, avec ses parents, la grande ferme actuellement au N°82 de la route de Fribourg et qui fut aussi le fondateur du journal "La LIBERTÉ" et de l'Oeuvre des Soeurs de St-Paul, avec l'appui d'une importante association politico-religieuse dénommée Piusverein, vivace dans le canton, le comité d'action prend la décision de bâtir sur la colline du Sapex à Posieux une chapelle destinée à commémorer l’assemblée décisive de 1852. Le Piusverein veut que l’édifice projeté soit dédié au Sacré-Coeur, dont le culte va s’intensifiant en cette seconde partie du XIXe siècle, pour se poursuivre au début du XXe. Le 30 juin 1889, c’est la Ville et République de Fribourg qui est vouée au Sacré-Coeur de Jésus. Dix ans plus tard, en 1899, Léon XIII lui consacre solennellement tout le genre humain. Le nom de Sacré-Coeur sera attribué dès lors à une multitude d’églises, d’oratoires, d’écoles et d’institutions diverses.

1911 : pose de la première pierre

Le 16 octobre 1911, lors de la pose de la première pierre de la chapelle commémorative de Posieux, en présence de quelque onze mille personnes, le cantique Fribourg au Sacré-Coeur de l’abbé Bovet est chanté pour la première fois. Il retentira longtemps encore dans toutes les églises fribourgeoises, tout spécialement les premiers vendredis du mois. En 1918, Benoît XV demandera à toutes les familles de se consacrer au Sacré-Coeur. Dans tous les pays catholiques, une multitude de tableaux représentant le Sacré-Coeur seront accrochés à la place d’honneur dans les maisons…

La chapelle est consacrée en 1924

Treize années ont passé entre la pose de la première pierre et la consécration ! La commission chargée de la réalisation n’a pas eu la tâche facile. Des problèmes financiers récurrents, une polémique au sujet du choix de l’architecture, la réalisation des vastes fresques de l’artiste Oscar Cattani, professeur au Technicum de Fribourg, l’exécution par l’artiste italien Antonio Garella d’une statue du Sacré-Coeur haute de plus de trois mètres et pesant 4400 kg, destinée à rehausser l’intérieur de la chapelle : autant de faits chargés de contretemps qui ont contribué à la lenteur de la réalisation. Valérie Clerc, de Rossens, est l’auteure d’un remarquable mémoire intitulé L’assemblée de Posieux, co-édité par l’Université de Fribourg et La Liberté en 2002. Elle écrit que cette consécration en 1924 s’est faite en « petit » comité », comparativement à l’assemblée du 24 mai 1852 !

Encore des rassemblements !

Le 25 mai 1952 marquait le centième anniversaire de la venue à Posieux des dix-huit mille citoyens conservateurs mécontents du Régime radical. Cinq à six cents personnes ont accouru à Posieux, répondant à l’invitation de la Société des étudiants suisses. Des conseillers d’Etat - José Python et Maxime Quartenoud - figuraient parmi les personnalités qui se sont exprimées du haut d’une tribune dressée sur le parvis du sanctuaire. Enfin, le 7 octobre 1956, une foule estimée à huit mille personnes a effectué le déplacement à Posieux pour fêter le centième anniversaire de la (re)prise du pouvoir par le parti conservateur, qui s’appellera dès 1970 le parti démocrate-chrétien, puis parti du Centre. Quatorze allocutions enflammées ont été prononcées sur la colline du Sapex, colline que d’aucuns appellent le Grütli fribourgeois. Le corps enseignant, notamment de la Broye, a répondu (obligatoirement) in corpore à la convocation envoyée par l’inspecteur. Autres temps, autres moeurs ! En 1966, ce fut la perte de la majorité conservatrice au Grand Conseil fribourgeois et, en 1981, au Conseil d’Etat.

Dès lors,

La chapelle de Posieux a perdu progressivement son image politique pour rester un lieu de culte et un monument du patrimoine fribourgeois qui se dresse toujours majestueusement sur la colline du Sapex.

Actuellement,

Elle est administrée par l’ancienne Fondation composée d'un Conseil de 3 membres qui administre selon les moyens disponibles les charges courantes et son entretien annuel.

Depuis 2018 L’entretien et la restauration de la chapelle devient une charge trop importante pour le Conseil de Fondation qui après plusieurs démarches auprès du Service des Biens Culturels, du Conseil d’Etat et de l’Évêché du diocèse obtient enfin une réponse. La finalité est la suivante : Elle était censée être la propriété pour moitié par l'Etat de Fribourg et pour l'autre moitié par l'évêché du diocèse de Lausanne Genève et Fribourg. Ceci jusqu’en 2020 où un avis de droit demandé à Me Michel Mooser, Dr en droit, de Bulle nous révèle que cette chapelle n’appartient à personne car la fondation datant de 1899 n’est pas reconnue comme fondation publique ni comme fondation privée. De ce fait elle devient de facto, propriété de l’Etat de Fribourg. Ce qui a été approuvé et confirmé par le décret du Conseil d’Etat dans sa séance du 20 avril 2021 pour son inscription au registre Foncier du district de la Sarine. Ceci selon une communication de Madame Anne Jochem, Architecte Cantonale, Cheffe de Service des Bâtiments de l’Etat de Fribourg.

En conséquence, c’est le Service des bâtiments de l’Etat de Fribourg qui en a la responsabilité et la charge dès cette date.

Alexandre Muller, 2021

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LA CHAPELLE DU SACRÉ - COEUR DE POSIEUX

( Classée monument historique, est placée sous la protection de la Confédération Suisse )

En souvenir de la journée historique de POSIEUX du 24 mai 1852, qui fut le prélude au changement du régime politique dans le canton de Fribourg, l'assemblée cantonale du "Piusverein" choisit ce même haut-lieu pour y tenir ses assises le 10 septembre 1884.

A cette occasion le révérend chanoine Joseph Schorderet ( Fondateur de" l'Oeuvre de Saint-Paul " et du Journal " La LIBERTÉ " , enfant et bourgeois de Posieux ) proposa dans une réthorique enflammée l'érection d'une chapelle dédiée au Sacré-Coeur de Jésus, en signe d'action de grâce pour commémorer les événements de 1852 et pour perpétuer " la Restauration " de 1856. L'assemblée vota par acclamation cette initiative, qui reçut ultérieurement la bénédiction de Sa Sainteté le Pape Léon XIII.

La chapelle a été érigée par souscription publique des catholiques fribourgeois.

Le terrain fut cédé gratuitement par Monsieur Nicolas Wicht de Posieux.

La première pierre fut posée le 16 octobre 1911, et la chapelle a été bénite et inaugurée le 30 juin 1924 par Mgr Besson Evêque du diocèse. Les plans de la chapelle sont dus à Monsieur Alphonse Andrey architecte à Fribourg. (1875-1971)

Construite en tuf et en molasse, avec un toit de tuiles rouges, le gros oeuvre fut confié à l'entreprise de Monsieur Joseph Pittet à Corpataux Elle est située au Sud de Posieux (commune de Hauterive ) sur la colline du Sapex, ( point culminant à 687 m. d'altitude. ) Comme elle est imposante, ( 25 m. de hauteur ) on la voit de fort loin à la ronde.

Son plan est en forme de croix grecque tréflée, et l'édifice comprend une nef et trois absides.

A l'intérieur, derrière une porte monumentale en fer forgé, se trouve le sanctuaire. La décoration intérieure ( inachevée) a été réalisée par l'artiste Oscar Cattani. ( 1923-1929-1931 )

Abside centrale : Les fresques derrière le maître-autel représentent au centre, la Vierge en majesté, entourée de personnalités politiques, religieuses, et historiques très connues de cette époque. (1920-1930) L'artiste lui-même figure sur une des fresques. On y voit aussi représentées les confréries et les corporations artisanales ainsi que des scènes de la vie rurale. Dans la coupole, en médaillon, l'Agneau Pascal couronnant les Saintes-Écritures.

Abside de gauche : L'autel et les fresques sont consacrés à Saint Nicolas de Flue, entouré de scènes représentant la Diète de Stans. Dans la coupole, en médaillon les Évangélistes St-Marc et St-Matthieu.

Abside de droite : Elle était destinée à commémorer le souvenir de Saint Pierre Canisius. Les fresques n'ont pas été réalisées. Dans la coupole, manque le médaillon avec les Évangélistes St-Luc et St-Jean, devant faire pendant avec celui de l'abside de gauche.

On peut aussi admirer un magnifique plafond en caissons, décoré d'enluminures, avec en son centre, un médaillon représentant Dieu le Père, ainsi que l'Esprit-Saint sous la forme d'une colombe, réalisant avec le Fils, la statue du Sacré-Coeur, ( qui était à l'origine juste au dessous ) la Sainte-Trinité.

La statue monumentale du Sacré-Coeur en marbre blanc de Carrare pèse 4400 kg. et mesure 3, 25 m. de hauteur. Elle repose sur un socle de granit poli de 1,40 m. ( qui a été offert par le Cercle catholique.) ( La statue qui se situait primitivement au centre de la chapelle et a été déplacée dans l'abside de droite en 1985 sur l'initiative du chanoine Jean-Pierre PITTET, curé d'Ecuvillens , ceci pour des raisons pratiques inhérentes aux offices et cérémonies. )

Elle est la réalisation d'un artiste italien, Maître Antonio Garella sculpteur à Florence, et a été livrée brute au mois d'août 1915. Le polissage du marbre devait se faire sur place, à Posieux, mais n'a jamais été effectué. Elle représente le Christ ressuscité, messager de la paix, portant un rameau d'olivier dans la main gauche et levant le bras droit pour bénir. Le Coeur flamboyant est imprimé sur le côté gauche de son manteau.

Antonio Garella, le sculpteur italien du 19ème siècle est né en 1863 et décédé en 1919. Il a vécu et travaillé principalement à Bologne et Florence, et était très populaire et bien connu. Il a travaillé sur de nombreuses sculptures publiques en Italie et à l’étranger et a exposé ses oeuvres, dont il signait parfois "Prof" (Professeur). Il y a une rue qui porte son nom à Prato, la "Via Antonio Garella."

Alexandre MULLER Posieux

DÉTAILS DES FRESQUES D' OSCAR CATTANI

Oscar Cattani a fait figurer sur ses fresques des personnalités du canton de Fribourg connues dans les années

1920-1930. Il a respecté fidèlement les traits des personnes représentées.

Fresques de l'abside centrale

Sur le premier tableau depuis la gauche : ( Tableau de l'agriculture )

Nous trouvons des visages difficiles à replacer dans la mémoire, ils sont ceux d'agriculteurs, d'artisans et d'ouvriers de la région.

On reconnaît : tout à gauche sur ce tableau,

- Denis Pittet de Magnedens connu pour ses écrits en patois et fils de l'entrepreneur Joseph Pittet, constructeur de la Chapelle.

Sur le deuxième tableau depuis la gauche : ( Tableau du clergé )

on reconnaît : debout de gauche à droite,

- Le chanoine Victor Schwaller, ( 1875-1958 ), curé d'Alterswil, préfet et professeur au Collège

St Michel, directeur des Oeuvres du Père Canisius et du Marienheim, vice-postulateur de la cause de canonisation de Nicolas de Flüe.

- Un garde suisse

- Le chanoine Aloys Schouwey, ( 1881-1971 ), curé de Heitenried, inspecteur des écoles, chanoine de Notre-Dame de Fribourg.

- Le chanoine Joseph Bovet, ( 1879-1951 ), musicien et compositeur, professeur à l'Ecole Normale, maître de chapelle à la Cathédrale de Saint-Nicolas.

- Le Chanoine Joseph Schorderet, (1840-1893 ), recteur de la paroisse de St-Maurice de Fribourg,

fondateur de la congrégation des Soeurs de l'oeuvre de Saint-Paul et du journal " La Liberté " de

Fribourg, enfant et bourgeois de Posieux.

- Le R.P. Joachim Berthier, OP. ( 1848-1924 ), dominicain, professeur de la faculté de théologie

de Fribourg, consulteur de la Congrégation des Etudes, archéologue et ami des arts.

- Mgr Léon Esseiva, ( 1854-1925 ), recteur de la paroisse de Saint-Maurice, Rme Prévôt du Chapitre de la Cathédrale de Saint-Nicolas, président cantonal de l' APCS.

- Mgr Marius Besson, ( 1876-1945 ), professeur d'histoire à l'Université de Fribourg, curé de Lausanne, Evêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg.

- Mgr Hubert Savoy, ( 1869-1951 ), directeur du Grand Séminaire, recteur du Collège

Saint-Michel, directeur de " La Liberté ", Rme Prévôt du Chapitre de la Cathédrale de

Saint-Nicolas.

à genoux au premier rang,

- Le R.P. Bernard Fleury, ( 1865-1930 ), Cordelier, maître en théologie, bibliothécaire-archiviste et gardien du couvent des Cordeliers de Fribourg.

- Mgr Hilarin Felder, ( 1867-1951 ), capucin, professeur de théologie à Fribourg, visiteur apostolique, Evêque titulaire de Géra.

Sur le troisième tableau depuis la gauche: ( Tableau central de la Vierge )

La Vierge en Majesté. ( incarnée par le visage de l'épouse de l'artiste )

Sur le quatrième tableau depuis la gauche : ( Tableau des hommes d'Etat)

On reconnaît : de gauche à droite,

- Marcel von der Weid, ( 1866-1948 ), inspecteur forestier, conseiller d'Etat

- - Roger de Diesbach, ( 1876-1938 ), officier de carrière, commandant du Rgt 7, colonel-brigadier, colonel-divisionnaire, commandant de la 2ème div.

- Georges Python, ( 1856-1927 ), conseiller National, conseiller aux Etats, conseiller d'Etat, directeur du Département de l'Instruction Publique, fondateur de l'Université de Fribourg,

de la Banque de l'Etat de Fribourg, et des Entreprises Electriques Fribourgeoises.

- Louis Wuilleret, ( 1815-1898 ), avocat, juge cantonal, député et président du Grand Conseil, président des assemblées de Posieux de 1852 et 1884.

- Georges de Montenach, ( 1862-1925), député au Grand Conseil, conseiller aux Etats, président de la Fédération Catholique Romande, vice-président de l'APCS.

- Alfred de Reynold, ( 1832-1929 ), officier au service de Naples, colonel, commandant de place à Fribourg, député au Grand Conseil.

- Ernest Perrier, ( 1881-1958 ), procureur général, conseiller d'Etat, vice-président du Grand Conseil, qui quitta la vie publique en 1932 pour entrer dans la vie monastique à l'Abbaye Bénédictine de La Pierre-qui-Vire, dont il fut le prieur.

- Bernard de Weck, ( 1890 - 1950 ), procureur général, préfet, conseiller d'Etat, conseiller aux Etats.

- Pierre Aeby, ( 1884 - 1957 ), avocat, professeur de droit à l'Université de Fribourg, directeur de l'Ecole de Commerce de Jeunes Filles, syndic de Fribourg, conseiller National (président en 1945 )

- Léon Daguet ( 1873 - 1950 ), banquier, Président du conseil d'administration de la Banque de l'Etat de Fribourg

Sur le cinquième tableau depuis la gauche ( Tableau des Arts et Métiers )

On reconnaît : de droite à gauche,

- Oscar Cattani, ( 1887-1960 ), artiste peintre, professeur au Technicum de Fribourg, auteur des présentes fresques.

- Alphonse Andrey, ( 1875-1971 ), l'architecte de la chapelle du Sacré-Coeur de Posieux.

- Alphonse Aeby, ( 1885-1941 ), professeur à l'Ecole Normale, auteur populaire de romans , nouvelles, et pièces de théâtre.

- Jean Berchier, ( 1886-1956 ), artiste peintre et maître de dessin au technicum cantonal et à l'Ecole Normale

- Au premier plan, l'épouse d'Oscar Cattani, assise portant son enfant cadet, l'aînée est debout à son côté. Les autres personnages n'ont pas été identifiés.

Fresques de l'abside gauche

Les fresques de cette abside représentent Saint Nicolas de Flüe (au centre) en arrière plan, le curé de Stans, Heimo Amgrund , entouré de scènes évoquant " la Diète de Stans ".

Au premier plan à gauche, Johann Passer, (1861-1930), Préfet de la Singine à Tavel, administrateur du cadastre cantonal.

Parmis les suisses des cantons primitifs pris comme modèles, l'artiste a campé deux conseillers d'Etat fribourgeois de l'époque, Messieurs Romain Chatton ( 1876-1941 ) et Emile Savoy (1877-1935 ).

( au second plan du premier tableau depuis la gauche, personnage portant l'écusson cantonal de Fribourg sur le devant de l'habit, et son voisin de droite).

Portrait de l'artiste OSCAR CATTANI ( 1887-1960 )

Oscar Cattani originaire de Stans ( NW ), est né le 30 juin 1887 à Engelberg ( OW ) où il a vécu sa jeunesse. Après une formation à l'Ecole des arts et métiers de Winterthur, il poursuivit ses stages à Lucerne, Lausanne, Montreux, Florence,Venise et Paris. Il couronna ses études par un stage de neuf semestres à l'Académie Royale de Munich. Oscar Cattani fut nommé Professeur au Technicum de Fribourg où il commença son enseignement le 1er octobre 1915 et y poursuivit sa tâche pédagogique jusqu'en fin 1953. Son activité a eu deux aspects: l'oeuvre personnelle, très riche, et l'enseignement. Il finit ses jours à Lucerne où il décéda le 5 novembre 1960.

Alexandre MULLER Posieux 1993

PORTRAIT DE L'ARTISTE OSCAR CATTANI ( 1887-1960 )

Oscar Cattani originaire de Stans ( NW ), est né le 30 juin 1887 à Engelberg ( OW ) où il a vécu sa jeunesse. Fils d'Eduard Cattani 13.4.1841 - 20.9.1908 à Engelberg. Marié à Elise Odermatt, fille de l'aubergiste de l'Ange à Stans. Eduard Cattani, père d'Oscar, a repris l'auberge familiale de son père Maurus Cattani conseiller communal. et de sa mère Karoline née Kuster, aubergistes de l'Ange à Engelberg .

Eduard Cattani, notable de la vallée d'Engelberg, fut aussi conseiller communal (exécutif, 1867-1882 et dès 1894; président en 1878-1880, vice-président en 1880-1882). Député de tendance radicale au Grand Conseil obwaldien (1868-1908). Juge cantonal (1877-1887). Eduard Cattani fit construire à Engelberg l'hôtel Titlis (1865), l'établissement de cure (1898) et le Grand Hôtel (1902). Cofondateur (1883), membre du comité et président (1895-1908) de la société d'embellissement et de développement touristique d'Engelberg, il contribua à l'essor de la commune comme station de cure et de tourisme (extension du réseau routier, électricité dès 1887, téléphone en 1897, construction du chemin de fer Stansstad-Engelberg en 1898).

Après une formation à l'Ecole des arts et métiers de Winterthur. Oscar Cattani poursuivit ses stages à Lucerne, Lausanne, Montreux, Florence, Venise et Paris. Il couronna ses études par un stage de neuf semestres à l'Académie Royale de Munich. Oscar Cattani fut nommé Professeur au Technicum de Fribourg où il commença son enseignement le 1er octobre 1915 et y poursuivit sa tâche pédagogique jusqu'en fin 1953. Son activité a eu deux aspects : l'oeuvre personnelle, très riche, et l'enseignement. Il finit ses jours à Lucerne où il décéda le 5 novembre 1960.

Alexandre Muller, Posieux, 2012

LA STATUE DU SACRÉ-COEUR DE POSIEUX à été sculptée par Antonio GarellaFerrara 1863 - Florence, 1919 Sculpteur italien de grande renommée

Il est né à Borgo San Luca ( Ferrara ) le 2 Mars 1863, fils de Jean Garella et de Thérèse née Cairola. De ce mariage sont nés quatre enfants: Margaret, Antonio, Giuseppe, Ernesta. A Bologne, Antonio s’est consacré aux premières études techniques, il s'inscrit à l'académie locale et a étudié avec le professeur Tencolini. Entre 1882 et 1886, il fréquente l'Académie des Beaux-Arts de Florence et fut l'élève de Augustus Rivalta. Il a remporté le concours du gourvernement italien pour l’exécution d’un monument dédicacé à Garibaldi avec un magnifique bas-relief représentant “ Garibaldi blessé à la bataille d’Aspromonte ”. En 1889, il gagna le concours pour l’érection d’un “ monument à Ugo Foscolo ” qui sera construit dans l'église florentine de Santa Croce. Le 21 Juillet 1895, le sculpteur inaugure le premier monument à “ Giuseppe Garibaldi à Peretola ” (Florence) et l'année suivante il a réalisé “ la statue de Francesco di Marco Datini à Prato ”. En 1901, en collaboration avec son professeur Augusto Rivalta il sculpte le monument de “ Domenico Rossetti à Trieste ”. Quelques années plus tard sera inaugurée une autre oeuvre importante du sculpteur, le monument équestre de “ Giuseppe Garibaldi de Pistoia ” en 1904. Enfin, ca sera la magistrale conception et la construction de la statue équestre de “ Garibaldi à la Spezia ”, achevée en Octobre 1911 après diverses vicissitudes. Il fondera le 1er Juin 1913 en présence des principales autorités et des associations patriotiques d'anciens combattants de Garibaldi, “ l'Aide Mutuelle ”. En plus des sculptures dédiées au “ Héros des Deux Mondes ”, (Giuseppe Garibaldi), Garella s'est distingué par de nombreuses créations, parmi lesquelles différentes pierres tombales dans le cimetière de la “ Porte Sainte de Florence ” et encore beaucoup de bustes d'intellectuels, de sénateurs, et d’avocats, comme “ John et Rosadi Isidoro del Lungo ” , ainsi que le “ buste en bronze du général Maza ”. Ses oeuvres et réalisations sculpturales sont aussi très importantes à l'étranger, il les signait parfois " Prof " (Professeur). Il y a une rue qui porte son nom à Prato, la " Via Antonio Garella ". En 1914, il collabore avec l'architecte Guillermo Heredia pour l’exécution d’un “ Monument de l'Indépendance du Mexique ”. Enfin, il a fait une série de travaux dans différents pays, dont ” une statue monumentale du Christ bénissant ” (placé en face de la cathédrale de Nuremberg ), une statue “ d'une Vierge à l'Enfant ”, et d'autres de “ St-Dominique “, “ St-Antoine ” et “ St-Vincent-de-Paul ”. Parmi ses autres oeuvres on peut siter aussi le “ Monument au général Dogliatti d'Asti ”. De plus il sculpta une statue colossale du “ Christ, dédiée au Sacré-Coeur ” (1914/15) placée dans la chapelle du village de Posieux à Fribourg en Suisse, statue qu’il aurait dû finir de polir sur place après son installation. Malheureusement, à l'apogée de sa carrière artistiques, mais c’est bien trop tôt, à l’âge de 56 ans que le sculpteur Antonio Garella est décédé à Florence dans un tragique accident de voiture le 18 décembre 1919.

Alexandre Muller, Posieux. 2012

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Alexandre Muller
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22 décembre 2023
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