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Jean-Baptiste LULLY, Armide, Ouverture et Suite de danses, Orchestre de l'Opéra de Vienne, Edmond APPIA, enregistré entre 1958 et 1960

1960
«Discophile Club de France»
René Gagnaux

La courte présentation d'«Armide» publiée au verso de la pochette du disque

L'«Ouverture et Suite de danses» de ce 33 tours stéréo du «Discophile Club de France»... Le disque n'indique malheureusement pas où se situent ces danses dans «Armide». Si je les ai identifiées correctement, elles proviennent

- de l'acte 1, scène 3, après le choeur «Armide est encore plus aimable» (Sarabande I), et après le Choeur «Suivons Armide et chantons sa victoire» (Sarabande II)

- de l'Entr'acte à la fin du 2e acte (Louré)

- de l'acte 2, scène 4, après le choeur «Quelle erreur! Quelle folie!» (Air I et Air II)

- de l'acte 5, fin de la première scène (Passacaille)

C'est peut-être vers 1942 qu'Edmond APPIA avait fait la connaissance d'«Armide», alors qu'il dirigeait la première partie d'un concert, Albert PAYCHÈRE dirigeant le cinquième acte d'«Armide» en seconde partie:

"[...] À RADIO-GENÈVE

Un musicien du grand siècle: J.B. Lully

Radio-Genève a eu une fort heureuse idée en consacrant hier une émission à Lully. Si le petit florentin qui créa en musique le «style Louis XIV» exerça une véritable dictature sur le théâtre lyrique et la musique de son temps, les siècles qui suivirent furent par trop injustes à son égard. Certes, dans sa production - qui est considérable - tout n'est pas d'égale valeur. Terriblement occupé par ses diverses fonctions, travaillant en outre sur commande, J.-B. Lully était souvent obligé d'écrire ses partitions trop rapidement - ce dont elles se ressentent parfois - et même de confier la réalisation de certains passages à des aides.

Cependant, une oeuvre comme Armide est marquée de qualités si évidentes qu'il faut féliciter M. Albert Paychère de s'être attaché à la faire revivre. On n'a pas oublié la représentation qu'il nous en donna il y a deux ans à la salle de la Réformation. Hier soir il en dirigea le cinquième acte à la Radio. Comme précédemment, il imprima à l'Orchestre de la Suisse Romande et aux choeurs de la Société de musique symphonique le mouvement dramatique intense qui se cache sous la déclamation un peu extérieure propre à Lully et à son temps.

En première partie du concert, M. Edmond Appia avait dirigé la musique de scène pour «Le Bourgeois Gentilhomme», qui convient si admirablement à la comédie de Molière.

Les solistes de la soirée étaient Mme Ellen Benoît - qu'on entend toujours avec plaisir -, MM. Pascal Sestranetz et René Chambaz, ainsi qu'un jeune ténor dont le nom est à retenir, M. Robert Gardon. P. W. [...]"

Edmond APPIA a ensuite assez souvent dirigé lui-même l'Armide de Lully (resp. des extraits). La trace la plus ancienne que j'ai pu trouver date de 1953:

"[...]La B.B.C. de Londres vient de donner, sous la direction d'Edmond Appia, deux auditions intégrales de l'«Armide», de J.-B. Lully. dans la version de Frank MARTIN. Fait curieux: cet ouvrage, le chef-d'oeuvre de l'art lyrique français du XVIIe siècle, qui a été représenté au «Maggio Florentine» il y a deux ans, ne se joue jamais en France![...]" paru dans la Gazette de Lausanne du 20 février 1953 en page 9.

Lully retravaillé par Frank MARTIN!

Le Genome de la BBC (Radio Times 1923 - 2009) donne des détails très intéressants sur cette page de leur site (voir aussi cette autre page), entre autres

"[...] ARMIDE

Third Programme, 6 February 1953 19.20

A tragedy in five acts

Libretto by Philippe Quinault

Music by Lully

(sung In French)

BBC Chorus

(Chorus-Master. Leslie Woodgate )

The Boyd Neel Orchestra (Leader, Granville Jones )

Thurston Dart (harpsichord)

CONDUCTED BY EDMOND APPIA

Repetiteur, George Coop

[...]"

Edmond Appia dirigeant le Boyd Neel Orchestra, avec Thurston Dart au clavecin... Parmi les interprètes on peut relever les noms de - entre autres - Suzanne Danco (Armide), André Vessieres (Hidraot), Camille Maurane (Ubalde, Artemidore), Jennifer Vyvyan (Sidonie, Lucinde)... (voir cette page du Genome, 19h20, pour plus de détails)

Me laisse tout rêveur en pensant que cet enregistrement existe peut-être encore dans les archives de la BBC, ou autre part!!

L'année suivante, Edmond Appia est à nouveau à Londres:

"[...] Oeuvres et artistes suisses à Londres - Notre correspondant de Londres nous téléphone:

Jeudi et dimanche soir, la BBC offrit à ses auditeurs du troisième programme un concert qui fut un régal extraordinairement apprécié grâce à l'apport de Suisses qui furent spécialement à l'honneur. Sous la conduite d'Edmond Appia, le chef d'orchestre permanent de Radio-Genève, qui est devenu un collaborateur régulier de la BBC, où il dirige au troisième programme de grandes œuvres classiques ainsi que des tragédies lyriques («Dardanus» de Rameau, «Armide» de Lully, «Armide» de Gluck, «Médée» de Marc-Antoine Charpentier) et des œuvres religieuses («Messe en ré majeur» de Pergolese, «Dixit Dominus» de Lalande, «Martyre de Sainte Ursule» d'Alessandro Scarlatti), le London Symphony Orchestra exécuta deux suites de choix: la suite de «Médée» de Marc-Antoine Charpentier permit aux spectateurs et aux auditeurs de se rendre compte de la maîtrise d'interprétation d'Edmond Appia. Mais ses qualités se manifestèrent devantage encore dans les spirituelles et délicates «Festes de Thalie» de Jean-Joseph Mouret, au cours desquelles on eut un plaisir particulier à entendre les voix chaudes et parfaitement nuancées d'Arda Mandikian. soprano, et de M. Pierre Mollet, baryton. [...]" Journal de Genève du 24 novembre 1954, page 6.

En 1957 on retrouve Edmond Appia dirigeant Armide à Bruxelles:

"[...] Succès de M. Appia à Bruxelles

Edmond Appia a récemment dirigé à Bruxelles une version de concert du chef-d'oeuvre de JeanBaptiste Lully, la tragédie lyrique «Armide». L'ouvrage a été donné avec le concours du Chœur et de l'Orchestre de la Radiodiffusion nationale belge et de solistes du Théâtre de la Monnaie et de l'Opéra-Comique de Paris.

Nous sommes heureux d'annoncer qu'Edmond Appia dirigera cette même oeuvre à Radio-Genève, le 27 février, avec la collaboration d'éminents solistes. [...]" Journal de Genève, 4 février 1957 , page 7

Cette représentation du 27 février 1957 fut diffusée en direct à la radio, de 20h30 à 22h30:

"[...] Les belles auditions

[...]

20.30 (Sottens) Une grande oeuvre française: Armide, tragédie lyrique en cinq actes. Livret de Philippe Quinault, musique pour soli, choeur et orchestre de Jean-Baptiste Lully (1686). Réalisation de Frank MARTIN, adaptation au concert d'Edmond Appia. Avec solistes, choeur de la Maîtrise protestante, dir. Roger Vuataz. [...] Orchestre de la Suisse romande, dir. Edmond Appia. [...]"

Le 14 août suivant fut diffusé sur Sottens, à 21h:

"[...] Les belles auditions

21.00 (Sottens) Concert symphonique par l'Orch. de la Suisse romande, dir. Ed. Appia: Suite pour orchestre, extraite de la tragédie lyrique Armide, Jean-Baptiste Lully; Concerto en ré maj., pour violoncelle et orch. d'archets, Antonio Vivaldi; Masques et Bergamasques, suite d'orch., Gabriel Fauré ; Cinq mouvements brefs Jean Rivier. [...]" Gazette de Lausanne du 14 août 1957, page 3

On peut retrouver cette suite le 12 août 1965, en page 2 de la Gazette de Lausanne, avec un petit détail très intéressant sur sa réalisation:

"[...]21.55 (Sottens) Aria della Battaglia, Gabrieli; (dir. Ed. Appia); Suite pour orch. extr. de la tragédie lyrique Armide. J. B. Lully (réalisation Frank MARTIN, dir. Ed. Appia) [...]"

Ces extraits de la Gazette de Lausanne et de la Tribune de Genève sont rendus accessibles grâce à l'admirable banque de données «LE TEMPS Archives Historiques», qui est en accès libre sur la toile, une générosité à souligner!

Il est donc fort possible que pour la suite d'Armide publiée sur ce disque du «Discophile Club de France» il s'agisse de cette réalisation de Frank MARTIN!

La société «Discophile Club de France» - 13, rue Monsieur le Prince Paris 6e - produisait et vendait des équipements haute-fidélité: ce disque fut probablement destiné à être offert à leurs clients et/ou à leurs membres. Cette société n'est pas à confondre avec les «Discophiles Français», qui est une toute autre maison de disques, avec un important catalogue!

Ce disque étant paru hors commerce, la seule donnée fiable qu'on peut trouver sur la toile est qu'il fait partie des enregistrements effectués par André Charlin - un grand merci à Benoit du Quartier des archives pour m'avoir signalé cette excellente page! Et comme André Charlin a commencé d'enregistrer en stéréophonie en 1958, ceci permet de situer cet enregistrement entre 1958 et 1960.

Pour l'orchestre - nommé simplement «Orchestre de l'Opéra de Vienne» sur ce disque - il est fort possible qu'il s'agisse du «Wiener Staatsopernorchester», mais il pourrait aussi s'agir de l'orchestre de l'Opéra populaire de Vienne - le «Volksoper» - second plus important opéra viennois. L'Opéra d'État ayant été détruit pendant la Seconde Guerre Mondiale, sa troupe et son orchestre avaient été "relogés" dans les bâtiments de l'Opéra Populaire, qui servait donc de salle de concert aux deux orchestres, d'où une certaine confusion dans le nom de l'orchestre, peut-être aussi voulue pour des raisons contractuelles... Ce n'est qu'en 1955 que fut terminée la reconstruction du bâtiment de l'Opéra d'État, son orchestre eut ainsi à nouveau sa propre salle de concert. Et ce n'est qu'à partir de la fin des années 1950 qu'une nette distinction fut faite entre les noms des deux orchestres.

Ce disque hors commerce est paru en édition limitée, de 3'000 exemplaires, mon exemplaire porte le numéro 1225. Sur l'autre face se trouvent le Divertimento KV 188 de Wolgang Amadeus Mozart et le Divertimento «Feld-Parthie St.Antonius» Hob II:46 de Joseph Haydn.

L'enregistrement que vous écoutez...

Jean-Baptiste Lully, Armide, Ouverture et Suite de danses, Orchestre de l'Opéra de Vienne, Edmond Appia, enregistré entre 1958 et 1960

1. Ouverture.....................................02:46 (-> 02:46)

2. Sarabande I - Sarabande II.....05:40 (-> 08:26)

3. Louré............................................02:17 (-> 10:43)

4. Air I - Air II..................................03:52 (-> 14:35)

5. Passacaille.................................06:30 (-> 21:05)

Provenance: «Discophile Club de France» D.C.F. 1 LPL 1193 1Y 380

Extrait du verso de la pochette du disque D.C.F. 1

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René Gagnaux
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16 septembre 2017
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