Les Accords d'Evian en Suisse, 60 ans après

4 mars 2022

En mars 1962, la signature des Accords d’Evian ouvre la voie à l’indépendance de l’Algérie. Fruits d’intenses négociations et discussions secrètes que l’on doit notamment à la diplomatie suisse. Le week-end du 19 et 20 mars, un colloque sur les 60 ans des Accords d'Evian permettra d'entendre des témoins vivants de cette guerre tels qu'André Gazut (auteur de la photo de cet article) et Jean Mayerat, un Français et un Suisse qui ont connu la prison pour avoir dénoncé cette guerre, l'un en refusant de servir l'armée française, l'autre en passant en France le journal "El Moudjahid" pour le compte du FLN. La couverture médiatique de cet anniversaire a commencé avec une série documentaire d'Arte intitulée "En guerre(s) pour l'Algérie"(url) qui donne la parole à toutes les parties.Notre confrères de la RTS Laurent Huguenin-Elie propose une série d'entretiens sur l'angle suisse des accords d'Evian. Voici la liste des invité-e-s et des thèmes abordés. Vous pouvez aussi consulter notre dossier spécial et collaboratif en cliquant sur ce lien.

Histoire Vivante sur RTS-La 1ère, de 13h30 à 14h

Lundi 7 mars : Les Suisses d’Algérie

En mars 1962, la signature des Accords d’Evian ouvre la voie à l’indépendance de l’Algérie. Fruits d’intenses négociations et discussions secrètes que l’on doit notamment à la diplomatie suisse, nous allons nous concentrer cette semaine sur le rôle clé qu’a joué la Suisse dans ce dossier, l’implication de la Confédération mais aussi son ambiguïté face à ses compatriotes installés en Algérie française depuis la deuxième moitié du XIXème siècle et qui formaient une para colonie.

Marisa Fois, historienne et maître-assistante à l’Université de Genève est au micro de Laurent Huguenin-Élie. Ses recherches portent sur les minorités en Afrique du Nord, le postcolonialisme et la décolonisation. Ella a signé « Héritages coloniaux – les Suisses d’Algérie » (Éditions Seismo).

Mardi 8 mars : La Guerre d’Algérie et la Suisse

Il y a soixante ans, Français et Algériens signaient des accords historiques qui mettaient fin à 132 ans de colonisation. Les accords d’Evian permettront la mise en place d’un référendum pour l’auto-détermination des Algériens et conduiront à l’indépendance du pays. Cette conférence d’Evian est l’aboutissement d’un long processus diplomatico-politique dans lequel la Suisse jouera un rôle clé. Pour comprendre l’implication des diplomates suisses, il faut replacer les entretiens secrets et les négociations dans un contexte absolument passionnant, d’autant que les liens entre la Suisse et l’Algérie sont un peu plus anciens.

Marc Perrenoud est historien et a entre autres contribué à la rédaction de différents volumes des Documents Diplomatiques Suisses. La Suisse face à la Guerre d’Algérie est l’un de ses champs d’étude. L’ouvrage « Migrations, relations internationales et Seconde Guerre mondiale » (Éditions Alphil) témoigne de son impressionnante contribution à l’historiographie suisse. Il est au micro de Laurent Huguenin-Élie.

Mercredi 9 mars : La diplomatie suisse à l’œuvre

En offrant ses bons offices lors des négociations des Accords d’Evian, la Suisse a agi comme intermédiaire, a permis la tenue sur son sol de pourparlers secrets et a accueilli à plusieurs reprises la délégation algérienne lors des négociations. Comment la Suisse s’est-elle retrouvée à jouer ce rôle et quels ont été les contours mais aussi les limites de cette implication ?

Laurent Huguenin-Elie poursuit son entretien avec l’historien Marc Perrenoud qui a notamment contribué à la rédaction de différents volumes des Documents Diplomatiques Suisses. Il s’est intéressé de près aux coulisses diplomatiques à l’occasion des pourparlers secrets puis des négociations qui ont conduit aux accords d’Evian.

Jeudi 10 mars : L’éditeur militant

Les accords d'Evian, signés le 18 mars 1962, ont mis officiellement fin à sept ans et demi de guerre mais aussi aux 132 ans de colonisation française en Algérie. C’est aussi en Suisse qu’œuvraient de nombreux militants indépendantistes et anticolonialistes.

Parmi eux, l'éditeur Nils Andersson, né à Lausanne de père suédois, est un homme de gauche qui a soutenu de nombreuses causes dont celle du FLN, le Front de Libération Nationale Algérien crée en 1954. Il a publié « Mémoire éclatée. De la décolonisation au déclin de l'Occident » et est au micro de Frédéric Pfyffer.

Nils Andersson sera l’un des nombreux invités du colloque qui aura lieu les 19 et 20 mars prochain à Lausanne et à Genève sur le thème « la Suisse et les accords d’Evian : d’une rive à l’autre, 60 ans après ». A noter encore qu’un ouvrage collectif vient de paraître pour l’occasion…. Intitulé « 60 ans après les accords d’Évian, regards croisés sur une mémoire plurielle » sous la direction de Sarah Dekkiche et Hasni Abidi aux éditions Erick Bonnier.

Vendredi 11 mars : Le silence des appelés d’Algérie

De 1954 à 1962, plus d’un million et demi de jeunes Français ont été envoyés en Algérie faire leur service militaire. Plongés en réalité dans une guerre qui ne disait pas son nom, les conscrits sont rentrés traumatisés, ont tenté d’oublier et pour beaucoup se sont enfermés dans le silence. Un silence qui continue de hanter dans bien des cas ces anciens d’Algérie comme leurs proches.

L'historienne Raphaëlle Branche, a voulu explorer ce ressenti intime. Elle est professeure d’histoire contemporaine à l’université de Paris-Nanterre et a publié « Papa, qu'as-tu fait en Algérie ? » (Éditions La Découverte). Elle répond aux questions de Frédéric Pfyffer.

  • Le colloque « La Suisse et les accords d’Evian : d’une rive à l’autre, 60 ans après » se tiendra les 19 et 20 mars prochain à Lausanne et à Genève.

  • Un ouvrage collectif vient de paraître « 60 ans après les accords d’Évian, regards croisés sur une mémoire plurielle » sous la direction de Sarah Dekkiche et Hasni Abidi (Éditions Erick Bonnier).

  • Sur RTS Deux, dimanche 13 mars, « Histoire Vivante » vous propose deux documentaires : « Les Coulisses suisses de la Guerre d’Algérie » suivi de « Les Appelés de la Guerre d’Algérie, un si long silence ».

Photo de Taïeb Boulahrouf, représentant du GPRA à Rome, par André Gazut sur le tarmac de l'Aéroport de Cointrin.

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