Le "VIN HERBÉ" de FRANK MARTIN

Le "VIN HERBÉ" de FRANK MARTIN

1 septembre 1961
Disques Westminster
René Gagnaux

Le "VIN HERBÉ" de FRANK MARTIN peut être proposé en écoute dans ce groupe grâce à l'autorisation exceptionnelle de Madame MARIA MARTIN, une autorisation qu'a pu obtenir MARTINE DESARZENS, les deux familles étant très lièes.
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Frank Martin,** Le Vin Herbé, Oratorio profane **(1938 / 1940-1941), texte d'après trois chapitres du Tristan et Iseut de Joseph Bédier

1. Le Philtre, 2. La Forêt de Morois, 3. La Mort

pour 12 voix mixtes, 2 violons, 2 violes, 2 violoncelles, contrebasse et piano

Cover design:** **Harry Farmlett

Les circonstances de sa composition.

Voici quelques extraits de ce qu'écrivait Frank Martin sur les circonstances de la composition du Vin Herbé, des citations extraites du texte publié en 1962 dans le double album Westminster WST 232, un texte qui a été plus tard repris sur les diverses rééditions de ces disques:

"[...] Au printemps de 1938 je me trouvais en disponibilité, n'ayant aucune nouvelle composition en vue; mais mon esprit se trouvait orienté vers le mythe de Tristan et Iseut par la lecture de Sparkenbroke, le roman de Charles Morgan qui en est tout imprégné. À ce moment-là un collègue de Suisse allemande, Robert Blum, me demanda de lui composer une pièce d'environ une demi-heure pour son Madrigal-Chor composé de 12 chanteurs professionels. [...] Plein de mon idée de Tristan, je repris le roman bien connu que Joseph Bédier a tiré des vieux conteurs du Moyen Âge et je compris de suite que jamais je ne pourrais trouver texte plus approprié à mon dessein. Le quatrième chapitre, le Philtre, pouvait faire un tout complet en lui-même, m'offrait le texte propre à remplir la demi-heure qui m'était accordée et ménageait à souhait la possibilité d'écrire tantôt pour des solistes, tantôt pour des ensembles vocaux.

Robert Blum m'offrait aussi la faculté de joindre aux voix 7 ou 8 instruments; je choisis alors deux violons, deux altos, deux violoncelles, une contrebasse et un piano pour cette partie instrumentale qui devait rester non pas secondaire mais modeste, comme un décor dans une pièce de théâtre.

Ayant à me servir du choeur, je décidai de lui faire dire une bonne partie des récits, soit à l'unisson, soit en accords, et de m'en servir comme accompagnement à certains grands solis, en particulier à celui de Branghien qui exprime la force inéluctable de la fatalité. De lui-même, le texte se divisa en tableaux qui déterminèrent des formes musicales concises et par là facilement saisissables. Et c'est ainsi que «le Vin Herbé» (tout au moins la première partie) trouva ses moyens et sa forme. Le texte de Bédier, comme je crois aucune autre prose, me servit et me porta par son sens extraordinaire du rythme, des proportions et du juste mouvement psychologique. Je pus le prendre intégralement, sans changements, ce qui est une preuve non équivoque de son extrême perfection.

Après la première exécution de cette pièce, je me rendis compte qu'il fallait la compléter en ajoutant à ce chapitre deux autres: celui de la Fôret du Morois, où les amants se décident à se séparer et celui de la Mort, afin que mon oeuvre trouve une forme plus complète et embrasse toute l'aventure tragique, afin aussi qu'elle remplisse une soirée et qu'on la puisse donner seule. J'ai estimé nécessaire à l'atmosphère de ce conte d'amour et de mort une durée plus grande, et nécessaire aussi que l'amour n'y soit pas représenté seul, mais que la mort y apporte sa paix, après toutes les joies et les angoisses de la passion.

En 1941 j'avais terminé la troisième partie et complété l'oeuvre en y joignant le Prologue et l'Epilogue qui encadrent le roman de Joseph Bédier. Robert Blum, avec son Madrigalchor, put alors en donner la première audition intégrale à Zurich, en avril 1942.

En ce qui concerne le langage musical du «Vin Herbé», s'il est centré sur un emploi presque constant du chromatisme, il ne renie jamais ce qui est pour moi la base même de la musique, c'est à dire les fonctions tonales. [...] Puisse l'audition de ce «Vin Herbé» emporter la conviction de quelques uns de ses auditeurs et faire revivre en eux «ce beau conte d'amour et de mort», chanté par «les bons trouvères d'antan» et si magnifiquement transcrit en langage moderne par Joseph Bédier. [...]"

Pour des informations sur les interprètes et le disque, voir la fiche de la photo http://www.notrehistoire.ch/group/victor-desarzens/photo/47941/.

Le début de l'enregistrement, Prologue et tableau 1 de la première partie, Le Philtre: http://www.notrehistoire.ch/group/victor-desarzens/audio/1260/**

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René Gagnaux
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1 janvier 2013
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