Les lavoirs de Croy
Les lavoirs de Croy
Croy, charmant village du Vallon du Nozon, possède deux anciens lavoirs qui se situent le long du petit canal qui les alimentent.
Au début du XVIIIe siècle, ou un peu avant, les lavandières venaient y rincer durant deux à trois jours les deux grandes lessives bisannuelles - au printemps et en automne - effectuées en partie au coulage, local contenant une chaudière à lessive, la couleuse et une une grande cuve de bois, le cuvier.
Il fallait commencer par préparer le cuvier, percé à sa base par un trou fermé par une tige de bois, pour permettre, le moment venu, l'écoulement de l'eau de lessive*,* le lissu. Tout d'abord recouvert de sacs de toile remplis de cendres de bois soigneusement tamisées, utilisées pour leur teneur en potasse qui a le pouvoir de dissoudre les graisses, le fond du récipient était prêt pour recevoir le linge que l'on disposait sur les sacs, en commençant par le plus sale. Ensuite, à l'aide d'une puisette le puisoir fixée à un long manche, on versait l'eau portée à ébullition dans la couleuse sur l'ensemble du linge jusqu'à ce qu'il soit recouvert puis on laissait tremper pendant environ un jour.
Modèle d'un cuvier
Tiré de : lemorvandiaupat.free.fr
Ensuite, on passait au coulage*.* Le lissu, évacué par le bas du cuvier était récupéré, réchauffé dans la couleuse et répartit à nouveau sur le linge à l'aide du puisoir. Opération répétée plusieurs fois tout au long du deuxième jour. A la fin du coulage, le linge était extrait du cuvier, essoré sommairement, en tordant certaines pièces, dont les draps. Ensuite, le linge était chargé dans une brouette ou un petit char tiré la plupart du temps, à bras, pour être acheminé au lieu de rinçage, le lavoir.
Les pièces à rincer étaient immergées dans le ruisseau pendant un certain temps puis ressorties, et vigoureusement frappées sur les planches à laver pour en extraire le lissu, prisonnier des fibres. Une inspection minutieuse permettait de découvrir d'éventuelles taches rebelles que l'on élimait à l'aide d'une brosse à poils durs, la brosse à rizette, et de savon de Marseille.
Ici, rinçage du linge à la fontaine
Document Josiane Blaser-Noverraz
Après un second, voir un troisième rinçage, le linge était à nouveau essoré puis transporté pour le séchage par étendages sur des cordelettes, les cordeaux à lessive, préalablement tendues entres les arbres du verger, selon le cliché ci-dessous:
Madame Eva Corthésy à sa lessive en 1932
Document Chantal Codourey Piguet
L'apparition progressive des machines à laver au cours des années 1940, et surtout à la fin de la Seconde Guerre mondiale, a grandement facilité le travail des femmes. L'activité des lavandières au lavoir est devenu un précieux témoin du passé. Source : documentation publique - Croy
Merci pour toutes ces explications. Je suis né dans la maison en haut à droite sur la photo et je suis très touché par cette belle photo.
Très bien présenté. Merci du commentaire.