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J.S. BACH, Concerto BWV 1055, Isabelle NEF, Orch. Chambre de Radio-Genève, Pierre COLOMBO, 1961

1961
Concert Hall / Musical Masterpiece Society pour l'audio, René Gagnaux resp. sources indiquées pour texte et photos
Concert Hall / Musical Masterpiece Society pour l'audio, René Gagnaux resp. sources indiquées pour texte et photos

Le concerto BWV 1055 repose peut-être sur un concerto perdu, pour hautbois d’amour (à cause du grand écart entre les notes les plus élevées et les notes les plus basses) - et, de fait, il est souvent joué sur cet instrument. Certains pensent toutefois qu'il pourrait aussi s'agir d'un concerto pour viola d'amore. Contrairement aux autres concertos, Bach ne semble pas en avoir repris de thèmes dans ses cantates.

Une courte description citée du texte de Luc-André MARCEL publié au verso de la pochette du disque SMS 2257:

"[...] Le Concerto en la majeur, outre sa verve si fine et si fière, émerveille par l'équilibre obtenu dans la diversité même des substances. On y voit jouer à vif ce naturel qui laisse l'idée attirer à elle ses déductions les plus subtiles. Rien ne s'y roidit ni rien ne s'y contraint, rien d'arbitraire n'en abîme la logique seconde. Il n'y a pas d'a-priorismes rigoureux dans cette musique: on dirait un abandon merveilleusement réglé ou une divagation juste. Qui ne voit pas cette qualité profonde en Bach, ni le triomphe tiré d'un admirable et insaisissable paradoxe, ne comprend pas son génie. Il est l'inverse d'un prince de la férule, et le plus grand des maîtres dans l'art de la belle liberté.

Après l'“Allegro” initial et ses «spicatti» d'archets ponctués de silences si caractéristiques, le “Larghetto” en fa dièse mineur prend allure de tendre et noble berceuse, selon le rythme balancé de douze-huit qui si souvent dans la musique d'église de Bach symbolise la douceur limpide de l'Esprit-Saint. Ce rythme est ici d'une finesse incomparable, soulevant une des plus pures cantilènes que Bach ait écrites. Le Final („Allegro ma non tanto“) est un rondo opposant aux lignes „cantabile“ des soli un refrain viril et impérieux qui appelle la danse [...]"

Selon la discographie de Michael GRAY l'enregistrement date de 1961. Il est paru en mono sur MMS 2257 et en „Synchro Stéréo“ sur SMS 2257. Dans le début des années 1960, „Synchro Stéréo“ était la dénomination souvent utilisée par „Concert Hall / Musical Masterpiece Society“ pour une mono transformée électroniquement en stéréo: pour ce disque, l'enregistrement d'origine a peut-être été vraiment fait en stéréo, difficile à déterminer. Mais qu'importe, l'interprétation reste superbe: en soliste Isabelle NEF, accompagnée par l'Orchestre de Chambre de Radio-Genève, le tout sous la direction de Pierre COLOMBO.

Sur le recto de la pochette reproduite ci-dessous, l'orchestre porte le nom d'„Orchestre de Chambre de Radio-Genève“, mais son nom exact est „Orchestre de Chambre de Genève“, fondé en 1950 par Pierre Colombo - ainsi que d'ailleurs mentionné tout au bas du verso de la pochette de l'édition française de la Guilde Internationale du Disque.

À noter qu'une formation portant le même nom exista entre 1939 et 1941 - un éphèmère orchestre de chambre fondé par Arthur Böhler, 1er cor de l'Orchestre de la Suisse Romande -, ainsi qu'à partir de 1992, toutes deux sans relation directe avec l'Orchestre de Chambre de Genève de ce disque.

Lors de la fondation de cet orchestre, Aloys MOOSER écrivait: "[...] Alors qu’en Suisse et en certains pays étrangers, il est tant de villes de médiocre importance, qui bénéficient dès longtemps de l’activité régulière d’un orchestre de chambre dont l’effort vient compléter celui de l’orchestre traditionnel, Genève, où plusieurs associations de cet ordre se sont constituées successivement, au cours de ce dernier quart de siècle, n’a jamais vu l’une d’entre elles prendre un caractère permanent. [...] Aussi se félicite-t-on de voir M. Pierre Colombo, l’un des meilleurs d’entre nos jeunes chefs romands [...], tenter, dans ce domaine, une expérience nouvelle à laquelle on souhaite d’autant plus de succès que, de par le prix des places, elle revêt un caractère résolument populaire... [...]" „À la Réformation. Un début: L’Orchestre de chambre de Genève“, La Suisse, 3 mai 1950.

L’Orchestre de Chambre de Genève (OCG) fut fondé en 1950 par Pierre Colombo avec le concours de musiciens de l’Orchestre de la Suisse Romande (OSR), et avec le soutien d'Ernest ANSERMET, qui l’encouragea dans son entreprise et lui facilita la tâche de recruter des musiciens, et par Emile Unger, administrateur de l'OSR, avec lequel il collabora pour l’établissement du calendrier des concerts, bénéficiant du soutien moral et financier de la Société Coopérative Suisse de Consommation (COOP) grâce à l’entremise de son directeur d’alors William Grandjean.

Pierre Colombo déclara plus tard "[...] Mon but était d’atteindre un large auditoire en lui fournissant une base solide de connaissances musicales classiques[...]" (Tribune de Genève, 18 octobre 1964).

"[...] il s’agissait, pour lui, de conquérir un nouveau public qui était attiré par le prix des places très réduit (de 9 à 19 francs pour les six concerts par abonnement de la saison 1950-1951 et de 2 à 3 fr. 50 pour chaque concert...) et par l’atmosphère particulière d’une salle, celle de la Réformation, beaucoup moins guindée que le Victoria-Hall.

Le concert inaugural de l’O.C.G. (Groupe de musiciens de l’O.S.R.) eut lieu le 2 mai 1950 à la Réformation. Pierre Colombo avait inscrit à son programme quatre oeuvres classiques qui n’avaient rien pour effaroucher le public: le Concerto brandebourgeois n° 3, de Bach, la Symphonie n° 5, de Schubert, le Motet « Exsultate, jubilate », pour soprano et orchestre, K.V. 165, et la Sérénade nocturne (« Eine kleine Nachtmusik »), K.V. 552, de Mozart [...]" Claude TAPPOLET, La vie musicale à Genève au vingtième siècle, Vol.I, 1918-1968, page 172. (voir cet ouvrage pages 171-175 pour plus de détails)

L'OCG a maintenu son activité jusqu'au printemps 1968. Il a du la suspendre à la suite de difficultés matérielles et financières (la COOP avait retiré son appui financier en 1966, les concerts étaient donc devenus trop onéreux). En outre la Salle de la Réformation, vouée à la démolition, devait être définiment fermée en 1968.

À noter que ce disque a été gravé et pressé en Suisse, chez Turicaphon, Riedikon ZH, formellement reconnaissable au sigle 'TU' au bas de l'étiquette et gravé sur le disque avec la désignation de la matrice.

Pour cette présentation, j'ai préféré utiliser le transfert effectué par l'internaute-mélomane «vakatov» - son disque est un exemplaire de l'édition parue en France chez la Guilde Internationale du Disque, en nettement meilleur état que le mien - et publié sur le forum intoclassics.net: je le remercie pour sa générosité. Aussi bien son disque que son repiquage étant d'excellente qualité, je n'ai eu que très peu à faire pour le restaurer.

L'enregistrement que vous écoutez...

Johann Sebastian Bach, Concerto pour clavecin, cordes et basse continue No 4 en la majeur BWV 1055, Isabelle Nef, Orchestre de Chambre de Radio-Genève, Pierre Colombo

  1. Allegro 04:45 (-> 04:45)
  2. Larghetto 04:35 (-> 09:20)
  3. Allegro ma non tanto 04:41 (-> 14:01)

Provenance: SMS 2257

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René Gagnaux
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23 septembre 2020
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