Chavirements d'enfance

1 janvier 1985
Raphaël Briner
Raphael Briner

Mes parents étaient des exilés. Ils avaient quitté le pays de Genève pour s'installer d'abord à Lausanne, puis à Neuchâtel. Ma famille, qui était très nombreuse, n'avait pas vraiment suivi le mouvement. On me renvoyait régulièrement à Genève pour y passer des week-ends entiers avec mon cousin.

Nous allions sur un petit voilier sur les rives adjacentes à l'embouchure de la Versoix. Les hauts-fonds étaient nombreux. Il était très facile de planter le mât lors d'un chavirage souvent volontaire.

Notre sport consistait à faire tanguer le voilier le plus verticalement possible, jusqu'au point de rupture, de retournement. Nos rires étaient proportionnels à la durée de la complication, c'est-à-dire à la profondeur de l'enfoncement du mât dans le sable.

À un moment donné, nous avons dû appeler un secours motorisé, car le mât ne voulait pas sortir du sable.

Quelques années plus tard, après des dizaines de bêtises similaires, mes parents décidèrent qu'il était plus sage de ne plus m'envoyer à Genève.

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