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Claudio MONTEVERDI, Messa a 4 voci da capella, Ensemble Vocal de Lausanne, Michel CORBOZ, 28-30.10.1964, MHS 700

28 octobre 1964
Disques Erato
René Gagnaux

Cité du texte de Harry HALBREICH publié au verso de la pochette du disque:

"[...] Nous ne possédons de Monteverdi que trois Messes, se réclamant toutes [...] de la «prima prattica» (*). La première, à six voix (sept dans l'Agnus Dei), fait partie du recueil des Vêpres de 1610, et, reprenant le principe renaissant de la «messe parodie» s'édifie entièrement sur le motet de Nicolas Gombert «Im illo Tempore». Les deux autres sont à quatre voix, et se trouvent respectivement incluses dans les recueils de 1640 et 1651. C'est cette dernière que nous vous présentons. Signe des temps: malgré la volonté de s'en tenir au pur style a cappella, Monteverdi a prévu pour chacune des troix messes une basse continue. Dans le cas de celle qui nous occupe il a même spécifié l'orgue. Mais, comme dans les pages à cappella de Schütz, cette basse est parfaitement superflue, et nous n'en avons point fait usage dans le présent enregistrement.

Cette Messe est remarqable par sa clarté, sa concision et la grande vivacité de son écriture, particulièrement du point de vue rythmico-agogique. Le matériau de base en est pourtant d'une déroutante simplicité: toutes les parties s'édifient à partir de deux éléments, un tétrachorde descendant (sol-fa-mi-ré), dont le mi est parfois altéré d'un bémol, et qui se transforme pccasionnellement en tétrachorde ascendant, et une brève séquence chromatique descendante. Dans les strictes limites du cadre modal (sol dorien), le compositeur parvient à un maximum de nuances expressives, et l'usage d'audaces dissonantes, pour peu fréquent qu'il soit comparé aux oeuvres de la «seconde pratique», tire de cette rareté même un effet accru, comme dans le Crucifixus, par exemple. Dans le cadre sévère qu'il s'est imposé, Monteverdi est entièrement lui-même, encore que son génie y soit d'un accès plus austère que dans d'autres oeuvres. L'élan viril, la ferveur grave mais ardente de cette Messe (postérieure à 1613, mais impossible à dater de manière plus précise dans l'état ctuel de nos connaissances) sont soulignés par sa parfaire unité thématique, d'un lien plus fort que n'importe quel Cantus firmus. Nullement rétropsective, elle vivifie le style ancien de tout l'apport d'un incomparable génie novateur. [...]"

(*) Monteverdi lui-même distinguait dans toute son oeuvre deux styles, auquels il recourait tout à tour selon les nécessités pratiques ou expressives. Le style polyphonique traditionnel, pour choeur à cappella, hérité de Palestrina, mais aussi des chansonniers et madrigalistes du siècle précédent, franco-flamands ou italiens, est désigné par par lui sous le nom de «prima prattica», la «première pratique».

Une courte description citée d'un texte de John Whenham, traduit de l'anglais par Isabelle Battioni, publié en 2004 dans la brochure du SACD Hyperion SACDA67438:

"[...] La Messe de 1650 s'illustre plus particulièrement par les divers procédés auxquels Monteverdi fait appel pour engendrer une abondance de matériau thématique à partir de quelques idées de base.

Le matériau thématique de l'oeuvre est en grande partie tiré des motifs initiaux du premier Kyrie - une gamme descendante suivie d'une séquence de deux tierces ascendantes. Dans le second paragraphe du Kyrie, le motif en tierces ascendantes est complété produisant une séquence de gammes ascendantes. Dans le troisième paragraphe, l'idée initiale est inversée devenant donc une gamme ascendante et une séquence de tierces descendantes.

Dans le second paragraphe de «Christe eleison», le motif en tierces descendantes est truffé de notes supplémentaires afin d'engendrer un élan rythmique qui forge un matériau additionnel. Celui-ci deviendra un élément crucial du restant de l'oeuvre: on l'entend dans la section «Laudamus te» du Gloria par exemple, et sur «visibilium omnium» du Credo, sous une forme légèrement différente dans le «Hosanna» des Sanctus et Benedictus, et aux mots «qui tollis» de l'Agnus Dei. Dans chaque cas, cette séquence suit aussi le motif en gamme descendante par lequel la Messe avait débuté.

Quelques-uns des moments les plus touchants de cette Messe - «Qui tollis peccata mundi» du Gloria, «et incarnatus est» du Credo et le début du Benedictus - sont élaborés sur une autre transformation du motif en gammes descendantes à la partie supérieure accompagné dans les premier et deuxième cas par le motif en tierces descendantes aux parties graves. L'intégration thématique très poussée de la Messe montre que Monteverdi pensait à des procédés d'écriture très différents de ceux qu'il exploitait habituellement en illustrant un texte. A cet égard, la Messe de 1650 est l'héritière de celle que Monteverdi fit paraître en 1610, une oeuvre qui, nous savons, lui coûta «beaucoup d'étude et d'efforts». [...]"

Le texte et sa traduction en français:

1. Kyrie

Kyrie eleison. Christe eleison.

Seigneur, ayez pitié. Christ, ayez pitié.

Kyrie eleison.

Seigneur, ayez pitié.

2. Gloria

Gloria in excelsis Deo

Gloire à Dieu au plus haut des deux

et in terra pax hominibus bonae voluntatis.

et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté.

Laudamus te. Benedicimus te.

Nous te louons. Nous te bénissons.

Adoramus te. Glorificamus te.

Nous t'adorons. Nous te glorifions.

Gratias agimus tibi propter magnam gloriam tuam.

Nous te rendons grâce pour ton immense gloire.

Domine Deus, rex caelestis,

Seigneur Dieu, roi des deux,

Deus Pater omnipotens,

Dieu le Père tout-puissant,

Domine Fili unigenite, Iesu Christe,

Seigneur Fils unique, Jésus-Christ,

Domine Deus, Agnus Dei, Filius Patris.

Seigneur Dieu, agneau de Dieu, Fils du Père,

Qui tollis peccata mundi,

toi qui enlèves les péchés du monde,

miserere nobis.

prends pitié de nous;

Qui tollis peccata mundi,

toi qui enlèves les péchés du monde,

suscipe deprecationem nostram.

reçois notre déprécation;

Qui sedes ad dexteram Patris,

toi qui es assis à la droite du Père,

miserere nobis.

prends pitié de nous.

Quoniam tu solus sanctus.

Car toi seul es saint.

Tu solus Dominus.

Toi seul es Seigneur.

Tu solus altissimus, Iesu Christe.

Toi seul et très haut, Jésus-Christ,

Cum Sancto Spiritu, in gloria Dei Patris.

Avec le Saint-Esprit, dans la gloire de Dieu le Père.

Amen.

3. Credo

Credo in unum Deum, Patrem omnipotentem,

Je crois en un seul Dieu, le Père tout-Puissant,

factorem caeli et terrae,

créateur du ciel et de la terre, de tout

visibilium omnium, et invisibilium.

l'univers visible et invisible.

Et in unum Dominum Iesum Christum,

Et en un seul Seigneur, Jésus-Christ,

Filium Dei unigenitum,

Fils unique de Dieu, né du Père avant

et ex Patre natum ante omnia saecula,

tous les siècles.

Deum de Deo, lumen de lumine,

Dieu né de Dieu, lumière née de la

Deum verum de Deo vero,

lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu,

genitum non factum, consubstantialem Patri,

engendré, non créé, consubstantiel au Père,

per quern omnia facta sunt.

par qui tout a été fait;

Qui propter nos homines, et propter nostram salutem

qui pour nous autres hommes et pour notre salut,

descendit de caelis, et incarnatus est

est descendu des deux.

de Spiritu Sancto ex Maria virgine,

Qui s'est incarné par l'opération du Saint-Esprit

et homo factus est. Crucifixus etiam pro nobis

dans le sein de la Vierge Marie et s'est fait homme.

sub Pontio Pilato, passus et sepultus est.

Il a aussi été crucifié, pour nous, sous Ponce Pilate;

Et resurrexit tertia die, secundum

il a souffert et a été mis au tombeau. Et il est ressuscité

scripturas. Et ascendit in caelum:

le troisième jour suivant les Ecritures; il est monté

sedet ad dexteram Patris.

au ciel et il est assis à la droite de Dieu le Père.

Et iterum venturus est cum gloria,

Et il revindra dans sa gloire

iudicare vivos et mortuos:

pour juger les vivants et les morts;

cuius regni non erit finis.

et son règne n'aura pas de fin.

Et in Spiritum Sanctum Dominum

Et au Saint-Esprit, qui est le Seigneur qui donne la vie;

et vivificantem: qui ex Patre Filioque procedit,

qui procède du Père et du Fils.

qui cum Patre et Filio simul adoratur

Qui, conjointement avec le Père et le Fils,

et conglorificatur: qui locutus est per prophetas.

est adoré et glorifié; qui a parlé les Prophètes.

Et unam sanctam catholicam

Et à l' Eglise, une, sainte, catholique

et apostolicam ecclesiam. Confiteor unum

et apostolique. Je reconnais un seul

baptisma in remissionem peccatorum.

baptême pour la rémission des péchés.

Et expecto resurrectionem mortuorum,

Et j'attends la résurrection des morts,

et vitam venturi saeculi. Amen.

et la vie des siècles à venir. Amen.

4. Sanctus

Sanctus, sanctus, sanctus

Saint, saint, saint

Dominus Deus sabaoth.

Seigneur des armées célestes.

Pleni sunt caeli et terra gloria tua.

Le ciel et la terre sont emplis de ta gloire.

Hosanna in excelsis.

Hosanna au plus haut des cieux.

5. Benedictus

Benedictus qui venit

Béni soit celui qui vient

in nomine Domini.

au nom du Seigneur.

Hosanna in excelsis.

Hosanna au plus haut des deux.

6. Agnus Dei

Agnus Dei, qui tollis

Agneau de Dieu, qui enlèves les péchés

peccata mundi, miserere nobis.

du monde, prends pitié de nous.

Agnus Dei, qui tollis

Agneau de Dieu, qui enlèves les péchés

peccata mundi, dona nobis pacem.

du monde, donne-nous la paix.

D'après la discographie réalisée par Michel DAUDIN, ce disque Monteverdi-Ingegneri est le tout premier qu'a enregistré l'ENSEMBLE VOCAL DE LAUSANNE, bien entendu avec son chef fondateur Michel CORBOZ (ce n'est toutefois pas le premier disque de Michel Corboz: il avait enregistré l'année précédente le Requiem de Gabriel Fauré, mais avec la Maîtrise Saint-Pierre aux Liens de Bulle).

Ce disque Monteverdi-Ingegneri fut enregistré du 28 au 30 octobre 1964 dans la Cathédrale Notre-Dame du Valentin de Lausanne (Prise de son: Peter Willemoes, Directeur artistique: Michel Garcin, Montage: Françoise Garcin, Notice: Harry Halbreich).

L' enregistrement fut publié sur les disques Erato LDE 3338 (mono) et STE 50 238 (stereo), puis sur le disque Erato STU 70 238, et réédité sur le disque Musical Heritage Society MHS 700, dont provient cette restauration. Le bruit de surface est par endroits assez prononcé et il y a quelques défauts, mais je n'ai pas mieux: mon exemplaire du disque Erato est trop usé....

L' enregistrement que vous écoutez...

Claudio Monteverdi, Messa a 4 voci da capella, SV 190, ICM 50, Ensemble Vocal de Lausanne, Michel Corboz, 28-30 octobre 1964, Notre-Dame du Valentin de Lausanne

1. Kyrie 04:13 (-> 04:13)

2. Gloria 04:21 (-> 08:34)

3. Credo 05:48 (-> 14:22)

4. Sanctus 02:40 (-> 17:02)

5. Benedictus 01:33 (-> 18:35)

6. Agnus Dei 02:58 (-> 21:33)

Provenance: Musical Heritage Society MHS 700

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