Les Divinités [4/7] : Janus et ses deux visages

5 décembre 2018
Guillaume Favrod

En 1977, le librettiste de la Fête, Henri Debluë, décide d’adjoindre aux trois divinités tutélaires que sont Bacchus, Cérès et Palès, une quatrième divinité liée à l’Hiver : Janus.

8siem7iedem.s3.amazonaws.com/u... Janus sur son char, Fête des Vignerons de 1977 © Carine Deladoey

Pour les romains, Janus était la divinité de la « double science », qui regarde à la fois vers le passé et le futur. Il était représenté avec deux visages dont l’un est tourné vers la gauche, les temps anciens, et l’autre vers la droite, les temps futurs. Mais c'est également le dieu du commencement de toutes choses, dieu de l’Année (son nom januarius signifie « janvier » en latin) mais aussi des Quatre Saisons.

8siem7iedem.s3.amazonaws.com/u... Janus, Fête des Vignerons de 1977 © Roger Monnard

Difficile de ne pas intégrer une telle divinité à la Fête des Vignerons de 1977 alors que celle-ci est justement placée par son auteur sous le signe d’une cinquième saison : le Renouveau. Symbolisée par l’enfance comme une irruption de la vie nouvelle, cette nouvelle saison vient juste après l’Hiver, clore le spectacle. Janus quant à lui, représente ce temps d’attente de l’Hiver, avant l’an nouveau, où le regard se pose à la fois sur l’année écoulée et l’année à venir :

[…] l’Hiver est la saison de l’attente ; mais il contient les premières promesses : le solstice de décembre est la porte de l’année nouvelle. Henri Debluë, Conception générale, Service de presse de la Fête des Vignerons 1977.

8siem7iedem.s3.amazonaws.com/u... Janus et le bonhomme hiver, Fête des Vignerons 1977. Campiche-Gygax © Confrérie des Vignerons

Mais représenter l’hiver participe aussi à une autre volonté des créateurs. Comme l’explique Charles Apothéloz, le metteur en scène de 1977 :

[…] l’idée d’une saison doit être manifestée, montrée, personnifiée. Une nécessité théâtrale a introduit les divinités dans la Fête. Sinon les saisons ne sont que des discours » (Charles Apothéloz, 24 heures, 30-31.07.77)

En ce sens, la Fête des Vignerons renoue avec les traditions folkloriques et carnavalesques alémaniques liées aux masques, à l’hiver et au renouveau de l’année et du printemps. Le masque de Janus et de figurants qui composent sa suite ne sont pas sans rappeler ceux du Carnaval de Bâle, des Butzi, des Tschäggättä du Lötschental.

8siem7iedem.s3.amazonaws.com/u... Un jeune figurant du tableau de l'Hiver, Fête des Vignerons 1977. Marcel Imsand © Confrérie des Vignerons

Ces masques, au-delà de leurs symboliques et origines respectives, permettent d'exprimer et de représenter des traditions, un folklore qui se perd parfois dans la parole ou l'expression. En 1977, l'hiver ne se raconte pas, elle se regarde, comme les autres saisons.

Je pense fondamentalement qu’une Fête des Vignerons est un livre d’images comme l’était une cathédrale. Si tout ne peut pas être vu, visualisé, c’est fichu […] La Fête n’est pas une pièce de théâtre, elle doit parler par la musique et l’image » (Henri Debluë, Supplément illustré de L’Est Vaudois, 30.07.77).

8siem7iedem.s3.amazonaws.com/u... Un flocon, Fête des Vignerons 1977. Marcel Imsand © Confrérie des Vignerons

Sources :

  • Sabine Carruzzo-Frey, Patricia Ferrari-Dupont, Du Labeur aux Honneurs : quatre siècle d'histoire de la Confrérie des Vignerons et de ses Fêtes, 1998, pp. 225-227 et 268.
  • Henri Debluë, Fête des Vignerons de 1977 : Texte, 1977.

Crédits couverture : Un flocon, Fête des Vignerons 1977. Marcel Imsand © Confrérie des Vignerons

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Guillaume Favrod
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27 septembre 2019
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