LS Story: Marcel Parietti, du Jura au LS (2e partie)
LS Story: Marcel Parietti, du Jura au LS (2e partie)
Suite de mon entretien avec Marcel Parietti, le célèbre numéro 6 du Lausanne Sport entre 1972 et 1984. Marcel Parietti est de cette génération de joueurs qui ont vu les clubs professionnels se structurer lentement mais sûrement. A l’époque de se débuts au LS, il constatait que le club vaudois avait déjà mis une place un système permettant aux joueurs d'être logé et de tirer un salaire pour des activités légères (administratives...) leur permettant de s'entraîner pour le Lausanne Sport. Dans cette deuxième et dernière partie, le Jurassien raconte ses matchs, ses coéquipiers et un peu des à-côtés savoureux du club.
Comment pensez-vous que le club a évolué depuis votre départ au milieu des années 80 ?
Il y a eu des épisodes, qui à mon avis ont été intéressants au moment où Jean-François Kurz était président. Il a quand même élaboré une structure technique et administrative de haut niveau. Il a aussi investi énormément dans des joueurs. Kurz venait du milieu bancaire. Il avait les moyens et il avait mis en place une organisation technique qui a permis de faire l’acquisition des joueurs hyper compétitifs.
Vous pensez à qui en particulier?
Bon il y avait déjà dans les étrangers Stefan Rehn, un meneur de jeu exceptionnel, avec le LS et en équipe nationale suédoise, l'Argentin Javier Mazzoni, le Polonais Marcin Kuźba. Il y avait aussi des grands joueurs avec qui j’avais eu la chance de "jouer". On reprenait des étrangers.
Lausanne, au temps de Barberis (1987-1993), il n’y avait pas d’argent. C'était avant Kurz, mais il faut reconnaître que "Bertine" Barberis, c’est le premier qui connaissait bien les bons joueurs. J’étais entraîneur des sélections juniors à ce moment-là. J’étais en charge l’équipe suisse des moins de 18, et ça été un des premiers coachs à dire, « on n’a pas de sous, alors qu’est-ce qu’on fait? » Les autres clubs avaient des sous.
Alors, il a dit par exemple, « je cherche des Ohrel… ». Et il a pris dans l’ensemble des grands clubs des joueurs qui étaient en équipe nationale de moins de 18 ou de moins de 21 ans pour les faire jouer à Lausanne et il a fait une équipe devenue compétitive tout en étant très jeune. Sans moyens. Au début, il n’a pas eu de résultats et s’est retrouvé en danger. Il aurait pu être viré après un an, un an et demi. Mais comme Lausanne Sport n’avait pas les moyens, alors ils l’ont gardé.
Et ça a marché l’année d’après ?
Oui et les joueurs sont devenus compétitifs. Le club aussi est devenu compétitif. Mais on était au milieu du classement. A côté de ça, Bertine a eu l’offre de Sion. Il est parti à Sion. Les joueurs qui étaient là au Lausanne Sport, Christophe Ohrel, Marc Hottiger, Stéphane Chapuisat, tous ces jeunes ont apporté quelque chose et ils sont devenus très compétitifs. Et après l’arrivée d’une nouvelle direction technique, où il y a eu Pierre-André Schürmann qui est venu comme entraîneur, derrière est venu Monsieur Kurz qui a amené le financement.
Kurz a relancé le club ?
Oui, le LS a gagné deux coupes. Surtout la coupe 98-99, qui s’accompagne malheureusement de la perte du titre de champion sur le dernier match, le fameux 4-2 contre Servette à la Pontaise dans des conditions difficiles. J’étais avec les sélections suisses au même moment, je suivais le match à la radio. L’équipe était devenue très compétitive.
Et un autre investisseur est arrivé de France…
Oui fin des années 90, l’affaire Waldemar Kita. Ça a plombé le club parce qu’il avait créé une société anonyme (SA). Les joueurs appartenaient à cette société.
Waldemar Kita avec Radu Nunweiller pour son 2e passage sur le banc (Swissinfo)
Mais les contrats étaient signés par l’association. Alors quand il y avait un transfert, c’est la SA qui touchait les bénéfices de la vente. On capitalisait sur les recettes et puis on socialisait les charges. Quand il fallait payer, on disait à l’association de payer. Il y avait, pour moi, un président fantôme à l’association. Parce qu’en fait ce n’est pas lui qui signait pour l’association. Mais l’affaire Waldemar Kita a commencé quand ce dernier est parti en réalité. Philippe Guignard n’a rien pu faire. En effet, cela voulait dire que son départ pouvait entraîner une faillite. D’ailleurs, tous les joueurs étaient sa propriété. Kurz était président de l’association et propriétaire des joueurs. Il n’y avait pas de société anonyme. Quand il a fallu créer la SA, les conventions entre l’association n’étaient pas claires. Et ça a poussé malheureusement le club vers la faillite. Ce n’était pas le seul, il y a eu d’autres clubs après. Il y avait déjà eu Wetingen juste avant, puis après ça a enchaîné avec Servette et Lugano. Ils sont tous tombés à un moment donné.
Qu’a apporté Kita ?
Il a pu vivre pendant un an ou deux ans avec une équipe hyper compétitive. C’est celle des investissements de Kurz. La structure technique composée de Français qui était compétente malgré tout. Ils ont amené des joueurs très intéressants. C’est là qu’ils ont amené Marcin Kuźba à l’époque et un Argentin nommé Javier Mazzoni.
L’histoire du Lausanne, c’était ça ! Après, l’affaire de la relégation et de la relance avec Alfred Bezzola en deuxième ligue inter. Le club a pu survivre en 2e ligue inter parce qu’il y avait une structure sportive junior. Normalement, il aurait dû repartir en cinquième ligue. Dans la période de faillite, il y avait eu des discussions avec Malley ou le Stade Lausanne pour trouver un nouveau nom et s’affilier à Malley ou au Stade Lausanne pour être en première ligue.
Malley était d’accord ?
Dès qu’on a discuté avec Malley, ils étaient d’accord sauf sur le nom Lausanne Sport. Alors on a parlé de Léman Sport, on a parlé de l’Olympique Lausanne… Et puis, si c’était un accord avec Malley, il fallait jouer en jaune. Avec le Stade Lausanne, là aussi on ne pouvait pas changer de nom et il fallait maintenir le nom quelque part et jouer en rouge. Cela n’a pas fonctionné. Quand la ligue a donné l’option de la deuxième ligue au club, on a sauté dessus. On a enlevé le « s » au Lausanne Sports et c’était reparti avec de nouvelles structures.
Et vous, vous étiez toujours dans l’entourage du club fin des années 1990, début des années 2000?
Quand j’ai arrêté ma carrière, j’ai entraîné deux ans l’Etoile Carouge, puis un an à Renens. Après, pendant treize ans, j’ai eu des équipes nationales de catégorie junior. En parallèle, j’étais Chef technique de l’association cantonale vaudoise de football. Donc après, on est parti sur une structure junior cantonale, c’est la fameuse création de cette structure Team Vaud.
Vous en êtes à la base alors?
Oui j’en suis à la base. On s’est dit alors « dorénavant on fait une filière regroupant à partir des moins de 16 - moins de 18. Elle fait l’objet maintenant de discussions. Il faut voir maintenant ce que INEOS va faire dans la structure. Il y en a une structure pour les moins de 14 jusqu’au moins de 16, une autre pour les 16-18 et une dernière pour les 18-21. Pour cette dernière, on se demande si elle ne serait pas mieux sous l’égide unique du Lausanne Sport. Mais tout est à revoir, et on compte vraiment maintenant sur Stéphane Nellen qui est le président du Team Vaud. On est en discussion depuis un an sur la question: est-ce qu’on maintient la structure Team Vaud telle qu’elle est actuellement ? Ou est-ce qu’on étudie l’idée de la revoir. En discutant avec le Lausanne Sport et les autres clubs, parce que cette organisation rassemble une bonne partie des clubs vaudois.
Je voudrais vous demander qui sont les joueurs qui vous ont le plus marqués en tant que coéquipier, si vous avez suivi un peu les "Seigneurs de la nuit"?
Jeune, je suivais les joueurs du Lausanne Sport et notamment les Seigneurs de la Nuit. C'est vrai qu’ils avaient quand même une colonne vertébrale avec trois joueurs. Quand on parlait de Pierre Kerkhoffs et Robi Hosp au niveau offensif ou qu’on parlait plutôt de Richard Dürr, le moteur au milieu du terrain.
Vous vous reconnaissiez un peu dans Dürr?
Non, lui c’était plus un dix qu’un six ou huit comme moi. J’étais plus dans l’esprit d’un Kurt Armbruster parce que les Seigneurs de la nuit, c’était quand même un collectif. Il y avait Charly Hertig (de 79 à 82, il fut coach du LS) en tant qu’ailier droit. Quand il y a un meneur de jeu il faut aussi un six, quand il y avait un Richard Dürr, il fallait aussi un Kurt Armbruster. Après, défensivement il y avait une star de l’équipe nationale c’était Ely Tachella, il y avait René Schneider au goal.
Je les ai connus car j’ai joué contre eux après. Ils n’étaient plus au Lausanne. Robi Hosp était parti au Chênois en 1972. On a joué en coupe contre eux. Richard Dürr, j’ai aussi joué contre lui. Il était à Neuchâtel Xamax. Charly Hertig, je l’ai eu comme entraîneur. Kurt Hunziker, je n’ai jamais eu la chance de jouer contre lui. Il fallait aussi des arrières. L’équipe en générale était connue sous le nom de « Seigneurs de la nuit », alors qu’il y avait des seigneurs qui étaient « un peu plus seigneurs » que d’autres, plus connus, comme toujours dans les équipes.
A suivre.
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