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Béla BARTÒK, Concerto pour violon No 2, Sz 112, Henryk SZERYNG, ONORTF, Paul PARAY

1 septembre 1965
Radio Suisse Romande pour l'audio, René Gagnaux resp. sources indiquées pour texte et photo
Radio Suisse Romande pour l'audio, René Gagnaux resp. sources indiquées pour texte et photo

Septembre Musical de Montreux 1965: pour le concert du mercredi 1er septembre, donné dans la Grande Salle du Pavillon, Paul PARAY avait accepté de remplacer István KERTÉSZ tombé malade - sans modifier le programme. Le concert fut diffusé sur le second programme de la Radio Suisse Romande le 3 octobre suivant.

Le compte-rendu de Numa F. TÉTAZ publié le lendemain du concert dans la Feuille d'Avis de Lausanne en page 44:

"[...] C’est avec impatience que j'attendais le concerto pour violon de Bartòk, inscrit au programme d’hier soir. Écrit en 1938, c’est une oeuvre de la pleine maturité, une de celles où Bartòk a résolu le problème fondamental de toute composition, qui est de réaliser l’accord entre la richesse de l’imagination et l’exigence d’unité. Les idées foisonnent, et toutes ont un caractère fortement individualisé; mais en même temps elles naissent comme spontanément l’une de l’autre, avec ce naturel qui est la marque du vrai créateur. C’est le sentiment tragique de l’existence dont l’oeuvre est née, et elle l’exprime avec un lyrisme essentiellement âpre, mais capable aussi par instant d'une bouleversante délicatesse.

M. Szeryng a mis cette beauté lyrique en évidence. La pureté de son chant, le caractère très lié de son jeu ont dessiné toutes les lignes avec un goût passionné de la perfection sensible. Cette perfection règne du reste partout dans la technique de M. Szeryng, qui vainc les difficultés les plus redoutables au point de les rendre invisibles, tant son archet demeure souple, son attaque veloutée, son intonation irréprochable.

Si pourtant ce concerto n’a pas été une pleine réussite, c’est que la partie orchestrale, très importante, est restée terne. On ne saurait en faire grief à M. Paul Paray, qui a accepté, paraît-il, au tout dernier moment, de remplacer M. Kertesz. Et que M. Paray soit un grand chef, le reste du programme l’a prouvé abondamment. Bien que je ne comprenne pas l’intérêt de la musique de Berlioz, la verve avec laquelle M. Paray a conduit l’ouverture du Corsaire a été conquérante.

Et quelle maîtrise dans la symphonie du Nouveau Monde de Dvorak Il me semble que jamais l'Orchestre national a sonné mieux qu’hier soir, plus doux, plus subtil dans les demi-teintes, plus lumineux dans les grands tutti. C’est la flamme de M. Paray, alliée à un sens des timbres très délié, qui a porté l’ensemble à ce niveau éblouissant. Les brusqueries comme les balancements, les envols comme les abandons (M. Paray sait admirablement quand il peut laisser aller l’orchestre tout seul): tout cela portait la griffe du maître. [...]"

L'enregistrement que vous écoutez:

Béla Bartòk, Concerto pour violon et orchestre No 2 en si mineur, Sz 112, Henryk SZERYNG, Orchestre National de l’ORTF, Paul PARAY, 1er septembre 1965, Grande Salle du Pavillon des Sports, Montreux

  1. Allegro non troppo..................................................17:33 (-> 17:33)
  2. Andante tranquillo..................................................09:47 (-> 27:20)
  3. Allegro molto..........................................................13:39 (-> 40:59)

Provenance: Radiodiffusion.

Une courte description de l'oeuvre:

Béla Bartòk composa ce concerto entre août 1937 et décembre 1938. Traduit des notes de János KOVÁCS publiées en 1971 dans l'album Hungaroton SLPX 11350 :

Dans sa correspondance, on trouve au début 1938 les premières traces de travail sur le concerto pour violon (lettre à Wilhelmine Creel à Tokyo, le 31 janvier 1938); le 9 octobre, dans sa lettre adressée à Mme Müller-Widmann, à Bâle, il fait déjà état de la fin de l'oeuvre. Il est possible que le concerto ait été achevé à cette date sous la forme d'une réduction pour piano; la date du 31 décembre indique probablement l'achèvement de l'orchestration.

Bartòk y travailla cependant encore au début de l'année 1939 et apporta de petites modifications et corrections à son oeuvre. Au milieu d'un travail intense, il envoya des photocopies de la réduction pour piano et de la partition à Amsterdam, où la première audition devait avoir lieu (lettre à Madame Zoltán Székely, le 10 janvier 1939); quelques semaines avant la première audition, début mars 1939 à Paris, il discuta de l'oeuvre avec Zoltán Székely, cette discussion fut suivie de plusieurs petites modifications urgentes (lettre du 9 mars 1939 à Madame Zoltán Székely). On peut supposer que le solo de violon final du finale (dans les partitions imprimées, la 1ère version de la conclusion) n'a été achevé qu'au début de l'année 1939. La photocopie de la partition manuscrite conservée aux Archives Bartòk de Budapest ne contient que la conclusion sans solo de violon (à partir de la 593e mesure du troisième mouvement) - (dans les éditions imprimées, il s'agit de la 2e version de la conclusion). À l'époque de la première, la version de la conclusion avec solo de violon était déjà prête: c'est elle qui fut choisie par Zoltán Székely pour être jouée.

Comme pour la 2e Rhapsodie, la dédicace est adressée à Zoltán Székely - „À mon cher ami, Zoltán Székely“ figure en tête de la première page de la partition. Székely étant le commanditaire de l'oeuvre, il obtint le droit exclusif de l'interpréter pour une durée déterminée - à l'origine, deux ans.

L'oeuvre fut donnée en première audition lors du concert de l'orchestre du Concertgebouw, le 23 mars 1939, sous la direction de Willem Mengelberg, bien enendu avec Zoltán Székely en soliste. Bartòk n'était pas présent lors de la première et n'eut l'occasion d'écouter personnellement son oeuvre que des années plus tard, à l'époque de son séjour en Amérique. "... En octobre, nous avons quitté Saranac Lake pour nous rendre à New York, où je voulais écouter l'interprétation de mon concerto pour violon, que je n'avais encore jamais entendu avec orchestre ..." - écrit-il à Wilhelmine Creel (17 déc. 1943). - "L'interprétation fut vraiment excellente ... l'orchestration s'est révélée sans défaut". Bartòk put ensuite écouter encore une fois son oeuvre lors d'un récital donné par le violoniste américain d'origine russe Tossy Spiwakowsky, le 14 novembre 1943, au Carnegie Hall de New York.

Le concerto pour violon fut également joué en Hongrie pendant la période d'émigration américaine de Bartòk, en 1943 à Klausenburg (Transylvanie, aujourd'hui Cluj, Roumanie), par Péter Szervánszky, sous la direction de Viktor Vaszy.

Dans les propos tenus par Bartòk et dans ses lettres, il est partout question du “Concerto pour violon”, sans numérotation particulière. Jusqu'en 1958, l'oeuvre fut connue comme étant le seul concerto pour violon de Bartòk: la dénomination „2e concerto pour violon“ ne commença à s'imposer qu'après le décès de Stefi Geyer - alors que l'oeuvre de jeunesse datant des années 1907-1908, non publiée et retirée par l'auteur, fut rendue publique.

Comme modèle pour les 1er et 3e mouvements, Bartòk porta son choix sur la forme sonate classique (de Beethoven). Cette forme sonate se retrouve certes dans d'autres parties des grandes oeuvres de Bartòk des années trente et quarante - 2e concerto pour piano, sonate pour deux pianos et percussion, 1er mouvement du concerto pour orchestre, quatuors à cordes, etc. - mais elle ne réapparaît avec la même régularité classique, presque exemplaire, que dans le 1er mouvement du 3e concerto pour piano.

Ces premier et troisième mouvements sont des répliques l'un de l'autre, tant sur le plan formel que thématique. La structure strictement thématique se développant à partir d'un germe commun est l'une des principales caractéristiques de la technique de composition de Bartòk. Dans certaines de ses oeuvres antérieures, il partit de l'idée lisztienne du parallélisme Faust - Méphistophélès, en opposant les caractères opposés du même matériau thématique - l'idéal et le grotesque. Ainsi dans les Deux portraits (Un idéal - un grotesque), et dans le Prince de bois, où la variante grotesque du thème du Prince apparaît dans le matériau thématique du pantin en bois.

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René Gagnaux
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24 décembre 2023
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