Alphonse Rudaz

Alphonse Rudaz

1 janvier 1968
Grégoire Favre

Né le 6 octobre 1919, Alphonse Rudaz a été récemment honoré par la commune de Chalais pour son 90e anniversaire.

Fils d'ouvrier, son père, Edouard Rudaz travaille au four d'électrolyse à l'usine de Chippis, Alphonse Rudaz se souvient d'une époque où il fallait donner « un coup de main » aux parents : « Mon père était bon travailleur. Ma mère s'occupait du jardin… on avait des choux-fleurs, des carottes, des pommes de terre et… une vache ! Avec mon frère et ma sœur, enfants, on allait à la vigne.». Bien que le travail ne manque pas : « Mon père n'a presque pas chômé, il a toujours eu du boulot à l'usine ! », les conditions de vie, elles, sont précaires : « Un jour, ma mère m'a dit : « Je n'ai plus que cent sous pour finir le mois ! ». J'en avais les larmes aux yeux ! ».

Pour échapper à un quotidien difficile, le jeune Alphonse, sportif émérite, rêve d'une carrière de footballeur : « Je n'avais que le football en tête ! Junior, j'ai même reçu une proposition du FC Bâle ! Mes parents, qui étaient sévères, s'y sont opposés. Ils me répétaient : « tu vas casser une jambe, Alphonse ! ». Pour aller jouer les matchs avec la sélection valaisanne, je cachais mes affaires dans la remise avant de quitter discrètement la maison à vélo ! ».

Comme la plupart des jeunes Chalaisards, l'école terminée, Alphonse Rudaz doit se débrouiller pour trouver de l'embauche : « J'ai travaillé plusieurs années aux vignes chez Mayor ! »

En 1939, après son école de recrue, Alphonse Rudaz se fait engagé à l'usine d'aluminium de Chippis : « C'est grâce à mon père que j'ai pu rentrer au magasin métal ! Il a dû supplier Edouard Devantéry qui était chef du magasin… c'est que je n'étais pas radical, mais démocrate. En ce temps-là, on faisait beaucoup trop de politique à l'usine ! »

Sa carrière au sein de la future Alusuisse, il la débute au « magasin métal » de l'usine de Chippis : « Mon premier travail a été de charger le métal dans les wagons pour l'expédition. Le premier jour, j'ai chargé énormément de tablettes de 10 kg, si bien que je me demandais où pouvait bien partir une telle quantité de métal ! »

Après la guerre, à l'âge de 26 ans, Alphonse Rudaz épouse Lucie Albasini avec qui il aura deux enfant. À l'usine, il occupe diverses fonctions : « Après avoir chargé le métal, j'ai passé à « l'exécution de mélange » où il s'agissait de manier les tablettes, puis à la « calculation », il fallait dire quel alliage le métal nécessitait ! »

S'il considère la grève de 1942 comme « une grève imaginaire », il se remémore celle de 1954 : « Ils ont réussi avec un Pierre-Antoine Bagnoud, originaire de Chermignon, à déclencher la grève. Durant trois jours, on a arrêté le boulot. Les revendications étaient justes ! »

Vétérans FC ChippisDans les années 70, l'entreprise lui propose un poste de contremaître : « Comme j'ai passé partout, je connaissais bien le métier. Lorsque la fonderie et le magasin de métal ont été rassemblés, on m'a offert un poste de contremaître. J'ai fait trois mois de cours à Wintertour où j'ai notamment donné une conférence sur les alliages. »

C'est en tant que contremaître en chef que, une dizaine d'années plus tard, Alphonse Rudaz mettra un terme à sa carrière à l'usine d'aluminium de Chippis.

Bien qu'il eût aimé exercer la profession de maître de sport, Alphonse Rudaz porte un regard positif sur ces années passées à l'Alusuisse : « J'ai eu une vie magnifique ! Sans faire d'études, ayant simplement fait l'école primaire, je suis monté jusqu'au poste de contremaître en chef ! Mais surtout, ayant moi-même été à leur place, je n'ai jamais eu de problèmes avec les ouvriers, c'est ça la vraie valeur… lorsque je me promenais à Sierre et que je rencontrais un ouvrier, je n'avais pas besoin de changer de trottoir ! »

G.F.

Vous devez être connecté/-e pour ajouter un commentaire
  • Martine Desarzens

    Témoignage d'une chronique familiale très émouvant. Merci

  • Jean-Pierre Genoud

    au premier rang accroupis : Bernard Imhof, Medardo Ronchi, Gino Bongi, Joseph Tschopp, Armand Marin. Au deuxième rang : ??? Lucien Rey, Lucien Perruchoud, Alphonse Rudaz, Marcel Zufferey, Isaïe Zufferey, ???

  • Grégoire Favre

    Un grand merci à Jean-Pierre Genoud pour ce précieux complément d'informations!

  • Jean-Pierre Genoud

    Selon Armand Marin joueur du FC Chippis voici les renseignements exacts sur cette photo. au premier plan accroupis : Rudy Juillard, Medardo Ronchi, Gino Bongi, Anile Zanoni, Armand Marin. Au deuxième rang : Josy Elsig, Lucien Rey, Lucien Perruchoud, Alphonse Rudaz, Marcel Zufferey, Isaïe Zufferey, Felix Cavallo. Match retour entre le FC Aoste et le FC Chippis. 1948 - 1949

Grégoire Favre
1,757 contributions
27 septembre 2012
1,351 vues
2 likes
1 favori
4 commentaires
5 galeries