Aubonne, la Tour Tavernier

Aubonne, la Tour Tavernier

2017
Rémy Glardon

La tour du château

Semblable à une gigantesque chandelle coiffée de son éteignoir, elle évoque irrésistiblement l'Orient et, en la voyant pour la première fois, on se demande qui a bien pu transporter cette sorte de minaret arabe, au milieu de la campagne vaudoise. Cet aspect oriental fut voulu par le propriétaire de la seigneurie d'Aubonne pendant quinze ans, de 1670 à 1685, qui désirait avoir sous les yeux une construction lui rappelant l'Orient, où il avait longtemps vécu.

Cet homme était le Français Tavernier (1605-1689), grand voyageur qui parcourut, pendant près d'un demi-siècle, la Turquie, la Perse et les Indes, pour faire le commerce de pierres précieuses. Pendant plus de quarante ans, Tavernier alla acheter des diamants aux Indes, à la mine même, ce qu'aucun Européen n'avait osé faire avant lui, puis il les revendait à la noblesse européenne à prix fort, ce qui lui permit d'amasser une immense fortune.

Louis XIV, qui était son meilleur client et son ami, l'anoblit. Calviniste convaincu, Tavemier néanmoins, décida de s'expatrier pour toujours à cause du projet du roi de France de rétablir l'«unité de religion» en France, autrement dit de révoquer l'Edit de Nantes promulgué par son aïeul Henri IV.

Voilà donc Tavernier en Suisse à la recherche d'une propriété à acheter. Il avise le château le plus proche qui est justement à vendre, celui d'Aubonne, et l'achète. Tavernier paya sa seigneurie soixante mille livres. Le château était si délabré qu'il dut, pour le restaurer, y mettre autant d'argent encore.

Le donjon était alors une tour carrée du XIIe siècle. Il était moins haut que la tour actuelle et couvert d'un toit en forme de trapèze. Tavernier fit rabaisser ce donjon carré jusqu'à cinq ou six mètres du sol et sur cette base, il éleva la tour cylindrique imitée d'un minaret de mosquée, et la couvrit d'un toit en forme de bulbe, à la mode russe. Le raccord entre la base carrée et la tour cylindrique est assez réussi. Chose curieuse, on trouve encastrée à l'angle sud de cette base romane, à hauteur d'homme, une ancienne corniche romaine posée à l'envers. On pense que cette corniche provient de Trévelin, à un kilomètre d'Aubonne dans la direction de Genève, où se trouvait une station romaine sur la route d'Etraz.

La seule représentation de Jean-Baptiste Tavernier.

Renseignements extraits du site officiel d' Aubonne.

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Rémy Glardon
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28 février 2018
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